La question de la reconnaissance du Conseil national de transition libyen (CNT) est encore «prématurée», a souligné le porte-parole de la Maison-Blanche, M. Jay Carney, au moment où le responsable du CNT, Mustapha Abdeljalil, était en visite officielle à Londres. «Le CNT sert d'interlocuteur crédible et légitime pour le peuple libyen et pour l'opposition, et nous apprécions les déclarations faites par ce Conseil en ce qui concerne la renonciation à la violence et à El Qaïda, et l'adoption de réformes démocratiques, mais la question de reconnaître le CNT est prématurée». C'est en ces termes que M. Carney annonce la non-reconnaissance encore par Washington du CNT et que la Maison-Blanche est au stade d'appréciation des positions déclarées par des responsables de l'opposition libyenne sur l'abandon de la violence et d'El-Qaïda. Les propos de Carney coïncident avec l'invitation officielle formulée par la chargée de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, conviant le président du CNT, Mustapha Addeljalil, à se rendre à Washington au moment où celui-ci effectuait une visite au Royaume-Uni. Qualifiant de «réunion importante» la rencontre à la Maison-Blanche entre le responsable des affaires internationales du CNT, Mahmoud Djibril, avec le conseiller d'Obama à la sécurité nationale, Carney a indiqué que M. Djibril s'entretiendra également avec de hauts responsables de l'administration. Il s'agira d'une série de réunions entre la délégation du CNT conduite par M. Djibril avec des responsables du département d'Etat et du Trésor, ainsi que des membres du Congrès. Le séjour du chargé des affaires internationales du CNT à Washington au vu du calendrier précité semble intervenir pour peaufiner la feuille de route politique en prévision de la fin des opérations militaires dont celles opérées par l'Otan en Libye. Ceci d'autant plus que depuis près de trois semaines, l'Otan a accentué ses frappes aériennes sur Tripoli et sur les lignes de front en soutien aux opérations des insurgés libyens dans le but de resserrer davantage l'étau sur le régime d'El Kadhafi voire entraîner sa chute. Ce qui a été d'ailleurs au centre des propos tenus par des responsables de la Coalition soulignant la nécessité «d'en finir avec El Kadhafi» et dont les frappes aériennes de l'Otan ont causé la mort de membres de la famille de Maamar El Kadhafi dont son plus jeune fils. Par ailleurs, si Washington explique que «des obstacles juridiques» pour sa non-reconnaissance encore du CNT, et nécessitant encore du temps, ceci est loin d'être l'argumentaire de sa position affichée. Pour bon nombre d'observateurs, la Maison-Blanche mise sur les divergences pouvant mener à d'éventuelles situations de conflit au lendemain de l'arrêt des opérations militaires entre les différents courants représentés au sein du CNT. Ceci au vu des rapports établis par les experts américains présents à Benghazi dès les premières heures de l'usage des armes par l'opposition et de surcroît au regard des donnes faisant état de la présence de terroristes et d'éléments d'El Qaïda en Libye. Ce qui renseigne on ne peut mieux sur la teneur des propos tenus par Carney voire de la prudence déclarant que les Etats-Unis «apprécient les déclarations faites par le CNT en ce qui concerne la renonciation à la violence et à El Qaïda». L'entrée en force dans la crise inter-libyenne de l'acteur étranger et de surcroît via l'Otan et l'envoi d'experts militaires occidentaux au fief de l'opposition, à Benghazi pour soutenir, former et porter assistance aux insurgés sont pour enraciner le rôle des membres de la coalition à façonner la voie de la Libye de l'après-Kadhafi. Un rôle qui s'articulera sur divers niveaux, économique, politique et de surcroît pour les Etats-Unis, l'éventuelle installation de sa base militaire Africom en Libye. Ce qui garantira et consolidera à long terme les intérêts des Etats-Unis en Afrique face à la présence fulgurante de la Chine. Et c'est au cœur de ces luttes que les puissances économiques, représentées par la Coalition, que la Libye a été et demeure le théâtre d'une guerre déclarée sous le chapitre humanitaire via la résolution onusienne 1973. Ce qui a, par contre, alourdi la liste des victimes par le prolongement de l'effusion de sang libyen devant la non-prise effective par la communauté internationale de la voie de la cessation des hostilités militaires, décision prise en otage par les membres de la coalition jusqu'à nouvel ordre. Karima Bennour