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La classe politique française sidérée et prudente
Publié dans La Nouvelle République le 15 - 05 - 2011

L'inculpation de Dominique Strauss-Kahn pour agression sexuelle aux Etats-Unis a sidéré la classe politique française, qui souligne dimanche la présomption d'innocence due au patron du FMI tout en s'inquiétant des probables dégâts politiques et personnels de cette affaire.
L'inculpation de Dominique Strauss-Kahn pour agression sexuelle aux Etats-Unis a sidéré la classe politique française, qui souligne dimanche la présomption d'innocence due au patron du FMI tout en s'inquiétant des probables dégâts politiques et personnels de cette affaire. Marine Le Pen, présidente du Front national, a été la plus virulente en estimant que la mise en cause de l'ancien ministre socialiste, favori des sondages pour l'élection présidentielle de 2012, portait «un coup d'arrêt définitif» à sa candidature. DSK, 62 ans, figurait au nombre des prétendants probables à la primaire socialiste qui se déroulera en octobre. Au vu des sondages d'opinion, il était considéré comme la meilleure chance des socialistes face au président sortant Nicolas Sarkozy. Au sein même de son camp, certains estiment que ce scénario est compromis même si les proches du directeur général du Fonds monétaire international soulignent que cette affaire ne lui ressemble pas. «Les choses vont changer», a déclaré sur Europe 1 Jacques Attali, ancien conseiller de François Mitterrand. «La situation politique internationale va changer. Le Fonds monétaire international va devoir au moins avoir un directeur général intérimaire et je ne pense pas, sauf manipulation dans cette affaire, que DSK soit candidat à la présidentielle», a ajouté le président de Planet Finance. En termes beaucoup plus crus, Marine Le Pen a déclaré sur BFM TV que l'information ne l'avait pas «fait tomber de sa chaise». «Un homme peu recommandable» «Je crois que sa candidature vient d'enregistrer aujourd'hui un coup d'arrêt d'autant que la parole va se libérer et démontrer que M. Strauss-Kahn a, semble-t-il, un comportement depuis de nombreuses années connu de tous, caché par tous parce que c'est un petit peu le système en France», a-t-elle dit. «Mais cette relation pathologique qu'entretient M. Strauss-Kahn va probablement faire l'objet d'un certain nombre de révélations», a ajouté la dirigeante d'extrême droite. Dominique Strauss-Kahn avait été mis en cause en 2008 pour une relation extraconjugale avec une cadre du FMI d'origine hongroise. Il avait présenté ses excuses publiques pour une «erreur de jugement» mais avait été disculpé d'abus de pouvoir par une enquête interne. «S'il est avéré qu'il est coupable des faits très graves dont il est inculpé aujourd'hui, c'est une bonne nouvelle pour la France et les Français», a déclaré Marine Le Pen. Le député UMP de Paris Bernard Debré a lui aussi porté de violentes accusations. Il a décrit sur Europe 1 «un homme peu recommandable». «C'est humilier la France que d'avoir un homme qui soit comme lui, qui se vautre dans le sexe, et ça se sait depuis fort longtemps», a-t-il dit. «Je trouve cela misérable et humiliant pour notre pays». «Ça va coûter cher à la classe politique française, il aura causé un tort énorme à la classe politique», a-t-il jugé. La présidente du Parti chrétien-démocrate, Christine Boutin, s'est émue d'une «affaire très grave» qui entache selon elle l'image de la France. Royal appelle au respect «Vous rendez-vous compte de l'image de la France dans tout ça ? Ce n'est plus possible pour DSK», a-t-elle dit sur BFM TV. Ségolène Royal, candidate à la primaire du PS et rivale malheureuse de Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2007, a appelé à la prudence et au respect de la présomption d'innocence face à «une nouvelle bouleversante à propos de laquelle tout reste à vérifier». «Cet homme doit être respecté, sa famille doit être respectée», a-t-elle souligné sur Europe 1. «Je ne veux pas instrumentaliser ce qui vient de se passer». «Je pense qu'il serait indécent d'en faire un feuilleton toute la journée, toute la semaine», a-t-elle ajouté, jugeant «indignes» les attaques de certains élus. Dominique Paillé, ancien porte-parole adjoint de l'UMP et vice-président du Parti radical, a qualifié la nouvelle «d'hallucinante». «Si cela était avéré, ça serait un moment historique mais dans le sens négatif du terme pour la vie politique française parce que ça voudrait dire que des candidats potentiels à la magistrature suprême ne pourraient en aucune circonstance tenir leurs pulsions», a-t-il dit sur BFM TV. «Vous imaginez bien les dégâts que cela pourrait provoquer». «Je ne vois pas comment le Parti socialiste pourrait ne pas auprès de Dominique Strauss-Kahn déployer les arguments nécessaires - et là ils sont faciles à déployer - pour veiller à ce qu'il ne se porte pas candidat à la candidature», a-t-il dit. Pour le député européen Stéphane Le Foll, proche de François Hollande, «c'est à Dominique Strauss-Kahn et à lui seul de décider de ce que sera la suite de ce qu'il faudra faire entre le FMI ou les primaires socialistes». «Cela ne changera pas la ligne qui est la nôtre. Ça changera peut-être le contexte», a-t-il ajouté sur BFM TV. Seul membre du gouvernement à réagir pour l'instant, le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Pierre Lellouche, a dit sur i-télé qu'il fallait «accorder à Dominique Strauss-Kahn la présomption d'innocence, laisser se dérouler la procédure». «Si tout cela était avéré, ce serait accablant», a-t-il ajouté. La présidence française, interrogée à ce sujet, s'est refusée à tout commentaire. S. L.

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