Après plusieurs péripéties, de propositions et de contre-propositions, le projet de réalisation d'un complexe sidérurgique dans la zone franche de Bellara dans la wilaya de Jijel connaîtra un début de matérialisation dans les prochains mois. C'est ce que révèlent des sources proches du dossier qui ont précisé que la proposition du groupe algérien Cevital a été officiellement retenue. Cette information met fin aux questionnements des uns et des autres sur le nom de l'investisseur retenu après plusieurs tentatives. La première avait été engagée par le groupe leader mondial de l'acier ArcelorMittal du Luxembourg. Il se posait en véritable leader mondial de l'acier pour faire admettre sa proposition de réaliser la nouvelle entité industrielle de sidérurgie que le gouvernement algérien envisage de créer à Bellara (Jijel). Cette tentative échoua. C'était au début des années 2000 où le franco-indien avait tenté d'exploiter le climat de pessimisme affectant l'industrie algérienne, les statistiques de chômage en hausse et de production en baisse du début des années 2000 pour imposer à la place du complexe, la réalisation d'une unité d'enrichissement de minerai (pré-réduit). Dans le dossier, le franco-indien précisait qu'il destinait toute la production annuelle du futur complexe de Bellara, soit 7 millions de tonnes d'acier pré-réduit, à l'exportation. Sa proposition sera rejetée. Stimulé par l'acquisition des 70% du capital social du complexe sidérurgique El-Hadjar et deux années après des mines d'Ouenza et de Boukhadra, le big-boss du groupe ArcelorMittal a émis une autre proposition. Tout en persistant dans sa volonté de produire 7 millions de tonnes/an d'acier pré-réduit sur le même site, il a demandé à ce que lui soit accordée l'autorisation d'exploitation les mines de Ghar Djebilet à la limite de la frontière algérienne avec la Mauritanie. Selon des conclusions d'analyses effectuées en laboratoire à la fin des années 1980 par l'entreprise Sider, ces mines contiennent un minerai très riche en fer classé parmi les meilleurs au monde. En contre-partie, ArcelorMittal s'engageait à réaliser une centrale thermique à Jijel pour l'alimentation de toute la zone de Bellara. La présidence algérienne en charge du dossier avait aussitôt réagi en exprimant une fin de non recevoir. Il faut dire que la tentative de ravaudage tout en finesse d'une sidérurgie nationale en désuétude avait réveillé le pouvoir politique. D'autant que celui-ci avait été échaudé par le dossier très mal finalisé de la cession du complexe sidérurgique El-Hadjar. Interrogé lors d'une interview qu'il avait accordée simultanément à 3 titres de presses dont La Nouvelle République, Vincent le Gouïc, le directeur général ArcelorMittal Annaba, a reconnu que le groupe ArcelorMittal n'est plus concerné par les discussions sur ce projet. Notamment lorsqu'il affirme : «Tout ce que je sais est qu'actuellement des discussions sont en cours mais je suis dans l'incapacité de dire avec qui. En tous les cas pas avec ArcelorMittal. Je dois dire qu'il est légitime que des sidérurgistes s'installent en Algérie. Cela ne doit pas affaiblir notre société pour autant. Au-delà de cet aspect, il est tout à fait normal que l'on invite des gens à venir investir.» Devant l'inventaire des maux qui étouffaient l'économie nationale au début des années 2000, il fallait chercher d'autres investisseurs étrangers potentiels. L'égyptien El-Azz s'est inscrit sur la liste de ceux en mesure d'apporter un plus à la sidérurgie algérienne en réalisant le complexe sidérurgique dans la zone franche de Bellara. Il avait ses entrées en Algérie notamment au niveau des services de la Présidence et du gouvernement. Il avait exprimé sa volonté d'investir à Bellara dans la réalisation d'une aciérie et d'un laminoir pour une production d'une capacité de 1,5 million de tonnes/an. Il avait préalablement visité le site et, comme tout Egyptien qui se respecte dans le milieu des affaires, trouvé beaucoup à redire pour limiter les exigences algériennes et imposer le bénéfice d'avantages beaucoup plus importants que ceux prévus. Sa proposition sera rejetée d'autant plus que les relations d'affaires entre les deux pays s'étaient envenimées, conséquence des incidents générés lors du match Egypte-Algérie du Caire et d'Oum Dorman au Soudan. L'étroite relation de travail qu'entretenaient El-Azz et le groupe Orascom, ce dernier, empêtré dans une situation conflictuelle avec le gouvernement algérien, n'arrangeait pas les affaires. Puis il y a eu la troisième voie. Il s'agit de celle de l'algérien Cevital qui, officiellement, a décroché le projet. C'est en tous les cas ce qu'ont révélé nos sources sous le couvert de l'anonymat. Sa proposition de réaliser un complexe sidérurgique composé d'une aciérie et d'un laminoir pour une capacité de production de 1,5 million de tonnes/an a été jugée recevable. Dans le même dossier, il est question de création de plus de 1 000 emplois directs. Cette recevabilité a été suivie courant 2010 par un accord officiel adressé à l'intéressé par les services de la Présidence. Ce que confirme du reste la multiplication des démarches entreprises par le groupe Cevital pour le recrutement de plusieurs anciens cadres supérieurs de l'entreprise Sider. Les noms de Chettih Messaoud, Benabderahmane, Masmoudi, Aïchabou figureraient au nombre de la liste de ceux sollicités pour peaufiner le dossier technique de réalisation. Un de ces cadres aurait été chargé de se rendre en Corée du Sud le mois d'octobre de l'année écoulée pour s'imprégner du modèle d'installations et équipements pour le complexe de sidérurgique Cevital de Bellara.