La sidérurgie algérienne fait, une nouvelle fois, parler d'elle. Non pas par l'intermédiaire de la société mixte de sidérurgie algéro-franco-indienne d'Annaba dont l'Algérie détient 30% du capital social, mais par l'éventuelle réalisation d'un 2e complexe sidérurgique à Bellara proche du port de Djendjen dans la wilaya de Jijel. Pour ce faire, il est question de créer une société mixte algéro-qatarie au capital social à hauteur de 51% algérien impliquant le groupe des entreprises algériennes Sider et 49% détenus par le groupe industriel Qatari Mining que préside l'homme d'affaires qatari Mohamed Sahouani. La mission de cette société est de lancer la concrétisation du nouveau complexe sidérurgique à réduction directe d'une capacité de production de 2,4 millions de tonnes d'éponge de fer. Il sera équipé d'aciéries électriques et de laminoirs. Pour arriver à mieux cerner l'ensemble des aspects, une délégation qatarie conduite par Med Sahouani s'est déplacée sur le terrain à Bellara. Accompagnée de plusieurs responsables algériens de la Société de Gestion des Participations Transolb, du groupe d'entreprises sidérurgiques Sider et de cadres dirigeants de l'entreprise publique économique Transformation des Produits Longs (TPL), cette délégation a visité Bellara, le lieu prévu pour l'implantation du nouveau complexe sidérurgique. Avant de se rendre au port de Djendjen, les responsables qataris se sont inquiétés de la disponibilité des sources d'énergie et de l'eau, ainsi que des voies de communication existantes. Ce projet de Bellara avait fait couler beaucoup d'encre. Initié par le groupe Sider, il avait attiré l'attention de l'opérateur économique algérien Cevital et le groupe franco-indien ArcelorMittal. Des exigences financières assez importantes auraient entraîné le désistement de ces derniers. Ce qui ne semble pas avoir découragé les dirigeants de la SGP Transolb, qui ont multiplié les contacts avec d'autres partenaires étrangers. Le groupe Qatari Mining s'est montré plus sensible aux propositions algériennes. S'en suivront des négociations à Alger sur l'opportunité de la réalisation de pareils maîtres d'œuvre de cette opération. Des négociations sur lesquelles les représentants de la Société de gestion des participations Transolb et le groupe Sider ont appliqué une grande confidentialité. Ainsi, au moment où l'opinion a les yeux braqués sur ArcelorMittal Annaba, avec sa baisse de production en conséquence de conflits socioprofessionnels intermittents, Transolb bouclait dans la plus grande discrétion un prestigieux tour de table. Prestigieux de par ce qu'il représente comme investissement financier, perspectives de développement de la sidérurgie algérienne et possibilité pour les Qataris de se faire une place dans la sidérurgie mondiale. A quelques mois du 10e anniversaire de l'accord de partenariat unissant pour le meilleur et pour le pire le groupe Sider/groupe ArcelorMittal dans l'exploitation du complexe sidérurgique El Hadjar, le groupe Sider vient d'accrocher à son tableau de chasse, un autre important groupe industriel étranger, à savoir Qatari Minning. En témoigne l'intérêt que porte, selon des indiscrétions proches de ce dossier, les membres de la délégation du Golf arabe quant à la matérialisation du projet de Bellara. Ce faisant, les Qataris prendraient, encore une fois, tout le monde de vitesse. Il leur suffirait de quelques mois et de quelques centaines de millions de dollars pour accéder à la sidérurgie algérienne. Ce qui n'est pas le cas de certains de nos cadres dirigeants d'entreprises publiques de pointure. Très fébrile quant il s'agit d'investir, ces cadres pourraient, dans les prochains mois, voir passer sous le nez, une occasion en or de fructifier leurs avoirs. Sonatrach et Sonelgaz notamment, avant les Qataris, ayant été sollicitées par le gouvernement pour participer aux côtés du groupe Sider et ArcelorMittal au capital social de la nouvelle entité économique Complexe sidérurgique de Bellara. Pour l'heure, on n'en sait pas plus. Hormis le niveau de participation au capital social de 51% de la partie algérienne dans laquelle serait incluse à hauteur de 20% l'entreprise publique économique de Transformation des Produits Longs (TPL), rien d'autre n'a filtré. Même si l'on ne sait rien sur le coût de réalisation, le projet sidérurgique à réduction directe de Bellara générerait plus de 2 000 postes de travail directs et trois fois plus en indirect. En tous les cas, la visite de travail et d'information effectuée par la délégation qatarie à Bellara, Djendjen et Jijel aurait été fructueuse, selon nos sources. Elle pourrait déboucher dès le 1er trimestre 2012 à la signature d'un contrat de partenariat algéro-qatari portant réalisation du complexe sidérurgique de Bellara.