Les violences se sont amplifiées mardi au Yémen avec la reprise des combats entre forces gouvernementales et des partisans de la tribu Hached à Sanaa, alors qu'à Taëz (sud-ouest) des dizaines de personnes ont été tuées depuis dimanche dans des heurts entre manifestants et forces de l'ordre, selon l'ONU. Après quatre jours de calme relatif, les combats entre les forces gouvernementales yéménites et les hommes du chef tribal Cheikh Sadek El-Ahmar, ont repris mardi avant l'aube dans le nord de Sanaa, ont rapporté les médias, citant des témoins. «Des bruits de tirs de mortier ont d'abord été entendus, suivis par ceux d'échanges de tirs», ont-ils indiqué, précisant que les affrontements se concentraient autour du quartier général de la police militaire, dans l'Avenue de la Ligue arabe et autour de la résidence de cheikh El-Ahmar. Trois partisans d'El-Ahmar ont été tués dans ces combats, a-t-on indiqué de sources médicales yéménites. D'autres combats se déroulaient près du siège de l'agence de presse officielle Saba, ont rapporté des agences. Le gouvernement yéménite a accusé Cheikh El-Ahmar d'avoir violé la trêve. Le ministère de la Défense a affirmé que les hommes du chef de la tribu Hached ont pris le contrôle du siège du Congrès populaire général (CPG - parti du président Ali Abdallah Saleh) et de celui de la compagnie des eaux. De son côté, le camp tribal de cheikh El-Ahmar a accusé les autorités d'avoir repris les tirs sur la résidence du chef tribal. La tribu Hached a rallié le puissant mouvement de contestation populaire que connaît le Yémen depuis février dernier réclamant le départ du président Saleh, au pouvoir depuis plus de 30 ans. Depuis, les manifestations continuent de s'élargir pour toucher d'autres villes du pays autres que Sanaa et de violents affrontements entre manifestants et forces de l'ordre sont devenus quotidiens. Hier, sept manifestants ont été tués dans la dispersion violente d'une manifestation anti-gouvernementale dans la province de Taëz, selon des sources médicales. Dans un communiqué, la Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, a fait état de «plus de 50 personnes tuées depuis dimanche dernier à Taëz, où un sit-in a été violemment réprimé par les forces gouvernementales». «Le Bureau de l'ONU aux droits de l'homme a reçu des informations, qui restent à être pleinement vérifiées, indiquant que plus de 50 personnes ont été tuées depuis dimanche à Taëz», a indiqué Mme Pillay. La responsable onusienne a précisé que le sit-in de la «Place de la liberté» avait été réprimé «à l'aide de canons à eau, de bulldozers et de balles réelles», faisant également état de «centaines de blessés». Auparavant, des agences de presse avaient fait état de 63 morts dans les affrontements entre forces de sécurité et manifestants anti-gouvernementaux depuis lundi à Taëz, deuxième plus grande ville du Yémen, située à quelque 200 km au sud de la capitale Sanaa. L'instabilité au Yémen a pris de l'ampleur notamment après l'échec de la médiation du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui a vu son plan de sortie de crise rejeté par le président Saleh ayant refusé de signer le document portant sur son départ dans un mois. Le président Saleh a, non seulement, refuser la transition, mais a mis en garde l'opposition contre une «guerre civile» dans le pays. Par ailleurs, quatre soldats ont été tués et dix blessés dans une attaque lancée mardi par des éléments présumés du réseau terroriste Al-Qaïda contre un barrage militaire à l'entrée de la ville de Zinjibar, dans le sud du Yémen, selon les services de sécurité. Les autorités yéménites ont précisé que cette attaque avait visé le barrage militaire de Dofas, à un kilomètre de Zinjibar, tombée dimanche aux mains d'éléments d'Al-Qaïda. Cités par les médias, des témoins ont indiqué que les assaillants avaient mis le feu après l'attaque à dix véhicules militaires qui étaient garés sur les lieux. Un peu plus tôt, le ministère de la Défense avait indiqué que 21 militaires, dont plusieurs officiers, avaient été tués à Zinjibar. Les évènements qui se déroulent au Yémen continuent de soulever d'autre part les préoccupations de plusieurs pays et organisations. Se disant «choquée» par l'usage de la force à Taëz au Yémen, l'Union européenne (UE), par la voix de sa chef de la diplomatie Catherine Ashton, a condamné les violences dans ce pays, et demandé à nouveau au président Saleh de signer «sans délai» l'offre des médiateurs du CCG prévoyant son départ.