Lors de son allocution d'ouverture, hier, des travaux de la session du conseil national du Rassemblement pour la culture et de la démocratie (RCD), Saïd Sadi a qualifié de «politiquement déterminante» et «historiquement passionnante» la période actuelle. Ceci au vu des mutations en cours que connaît la scène arabe avec «la chute des régimes despotiques», précise-t-il en indiquant qu'« il n'y a que le régime algérien pour croire qu'un mouvement historique comme celui que nous observons actuellement va s'arrêter aux frontières algériennes». Ce qui l'amène à souligner que la teneur des travaux du conseil national est «capital pour le parti et essentiel pour l'avenir de la nation» selon Saïd Sadi. Pour lui, il faut «un changement de système et non de pouvoir». Le responsable du RCD, après avoir fait état de son analyse de la situation du pays, sur les plans régional et international, a invité le conseil national et les militants du RCD à porter «la réflexion sur les nouvelles formes de lutte». D'autant plus que, pour Sadi, les expériences récentes sur la scène arabe ont montré les limites de l'action politique «classique» et de souligner que les changements survenus ont été possibles «grâce à l'action de la jeunesse». Autre fait évoqué par le responsable du RCD, le discours du président Obama tenu au Caire, en juin 2009. Le responsable du RCD souligne : «Si auparavant, les puissants de ce monde entretenaient leurs relations avec les régimes depuis les révoltes arabes, l'Occident a changé sa stratégie en entretenant des relations avec les peuples.» Réitérant la position de son parti à ne pas prendre part aux consultations politiques sur les réformes politiques annoncées le 15 avril dernier par le chef de l'Etat, le docteur Sadi déclare : «Comment des responsables, qui sont parties prenantes du système, peuvent-ils conduire et encadrer des débats portant sur la rupture ?» Considérant que le pays fait face à «plus qu'une crise politique, notre pays est dans une impasse historique». Il a averti que « si les choses traînent encore, la nation peut éclater» et a indiqué que le pays est «dans une situation pré-insurrectionnelle». Indiquant qu'il s'agit «de faillite de tous les systèmes despotiques hérités au lendemain des indépendances», M. Sadi relève le rôle positif joué par les armées tunisienne et égyptienne dans la «transition pacifique». Ce qui «ne risque pas d'être le cas», selon le docteur Sadi, pour «l'armée algérienne», car pour le responsable du RCD, la Tunisie, rappelle-t-il, « est passée par le protectorat» et que l'armée algérienne «ne peut être que violente dans son rôle». Allant même jusqu'à indiquer que «le scénario algérien est plus proche de celui de la Libye ou de la Syrie». Une prospective qui n'a pas amené le docteur Sadi à évoquer l'intervention de l'Otan dans la crise libyenne qui intervient, que nul n'ignore, pour des dessins autres qu'un soutien aux civils ou à la promotion de la démocratie dans ce pays où ailleurs… S'agissant des évènements qui ont marqué certaines régions du pays au début de janvier dernier, le responsable du RCD a indiqué que près de « 8 ou 9 représentants diplomatiques ont pris attache avec lui et lui ont fait part de « leur frayeur». Même si le RCD se place dans le camp de l'opposition, dont celle-ci de part son rôle ici ou ailleurs de force de proposition et d'alternative, le RCD semble inscrire depuis quelque temps son action et son discours politique via des passerelles dépassant l'espace algérien. Ce qui devrait, par ailleurs, être porté dans la déclaration politique sanctionnant les travaux de la session en cours du conseil national de la formation politique du docteur Saïd Sadi, lors de son allocution hier, au siège du cercle des Moudjahidine, à Alger.