Les deux principales factions palestiniennes, le Fatah et le Hamas, doivent se retrouver, aujourd'hui au Caire, pour poursuivre les discussions sur la mise en place d'un gouvernement d'union, chargé de gérer la transition et préparer les prochaines élections, conformément à l'accord de réconciliation interpalestinien signé en mai dernier. Selon un membre du comité central du Fatah, Azzam Al-Ahmad, une rencontre entre le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Mechâal, est prévue pour trancher sur la personnalité qui présidera le prochain gouvernement. Les dirigeants des deux parties vont discuter des modalités de la formation du prochain cabinet indépendant et technocrate, comme annoncé précédemment par Mahmoud Abbas. Le comité central du Fatah a souhaité que cette réunion avec le Hamas serait la dernière. Le comité «a décidé de poursuivre les contacts avec les factions palestiniennes en vue de la formation du prochain gouvernement dans les plus brefs délais», a affirmé M. Al-Ahmad. «Les deux mouvements ont plusieurs noms que nous allons étudier», a-t-il dit, sans donner plus de précisions. Seul candidat évoqué, l'actuel chef du gouvernement palestinien, Salam Fayad, a été choisi par le comité central du Fatah comme candidat au poste de Premier ministre. Un conseiller du président Abbas a assuré que M. Fayad n'est pas l'unique candidat. La candidature de Fayad pour diriger l'exécutif avait été proposée avec celle de Mohammad Moustapha, le président du Fonds d'investissement de Palestine (FIP) et conseiller économique de M. Abbas, lors des discussions au Caire les 16 et 17 mai entre le Fatah et le Hamas. Cependant, la nomination de Fayad a été récusée par le Hamas, qui n'a pas encore proposé de candidat. «Désigner Fayad pour le nouveau gouvernement est inacceptable et cela ne peut théoriquement ou concrètement conduire à la réconciliation», a indiqué un responsable du mouvement, Moussa Abou Marzouk. Selon ce dernier, le gouvernement d'union devrait remplacer le gouvernement limogé du Hamas à Ghaza et celui de Fayad en Cisjordanie. Le Hamas insiste sur le fait que la candidature de Fayad à la tête de la nouvelle équipe gouvernementale doit émaner d'un consensus et non d'une décision unilatérale. Un autre dirigeant du Hamas, Mahmoud al-Zaher, a souligné que le chef du prochain gouvernement doit être «capable de créer un consensus» et doit «posséder des qualités et des attributs lui permettant d'exercer sa fonction avec le concours des tous les responsables palestiniens». Le Fatah et le Hamas, ainsi que d'autres factions palestiniennes, avaient signé le 4 mai dernier au Caire un accord de réconciliation mettant ainsi fin aux divisions internes, et renforçant l'unité et la cohésion des rangs palestiniens. Cet accord prévoit la formation d'un gouvernement technocrate en vue d'élections présidentielle et législatives d'ici à un an, ainsi que la création d'un Haut conseil de sécurité, en vue de la future intégration des unités de sécurité des différents mouvements dans une force de sécurité «professionnelle» unique. Le document porte aussi sur une réforme de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Une commission électorale et la libération de détenus du Fatah et du Hamas sont également envisagés. Cette réconciliation intervient alors que le processus de paix est dans l'impasse depuis l'échec d'une reprise des négociations israélo-palestiniennes, organisées à l'automne dernier par les Etats-Unis. D'anciens dirigeants internationaux avaient souligné récemment l'importance de la réconciliation palestinienne pour réaliser une paix durable dans la région et parvenir à une solution à deux Etats. Dans une lettre ouverte publiée vendredi dernier et adressée à la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton et à la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, 24 anciens hauts responsables internationaux ont affirmé qu'«une paix durable» entre Palestiniens et Israéliens «n'est possible que si le mouvement Hamas est impliqué dans les efforts en ce sens». Cette lettre a été signée notamment par d'anciens ministres des Affaires étrangères, dont le Français Hubert Védrine, l'Australien Gareth Evans et le Néerlandais Hans van den Broek, et la Palestinienne Hanane Achraoui, dirigeante et ancienne négociatrice de l'OLP. L'unité palestinienne est «un pré-requis pour parvenir à la solution des deux Etats et non un obstacle», ont souligné les signataires, soulignant que «si la réconciliation palestinienne est mise en péril, cela précipitera le conflit israélo-palestinien dans une impasse encore plus profonde, avec des conséquences dramatiques pour toutes les parties et pour la communauté internationale au sens large».