Le ministre de l'Energie et des Mines, M. Youcef Yousfi, a effectué, lundi, une visite d'inspection à Bir El Ater, l'une des trois carrières de Djebel Onk, wilaya de Tébessa, pour s'enquérir de l'évolution de la production de phosphate. Il a insisté auprès des responsables locaux du secteur minier sur le renforcement de la production de phosphate brut afin qu'elle puisse accéder les dix millions de tonnes par an dans la décennie à venir. «La production de phosphate brut devra atteindre les 10 millions de tonnes dans 10 à 15 ans», a-t-il préconisé. En ajoutant qu'une quantité de 6 millions de tonnes, sur les 10 millions prévus à cette échéance, sera destinée à la production d'acide phosphorique. Le ministre a expliqué que cet accroissement de la production est d'autant plus nécessaire qu'il faut 3 millions de tonnes de phosphate brut pour produire un million de tonnes d'acide phosphorique. Les responsables locaux du secteur minier ont rappelé, lors de l'inspection de la carrière de Bir El Ater, qui exploite des gisements de phosphate, que la production annuelle est actuellement de l'ordre de 1,5 million de tonnes. Ceci dit, en attendant l'entrée en production d'une quatrième carrière à Oued Hadhba. Un chiffre qui reste très insuffisant par rapport aux objectifs tracés en matière d'optimisation de l'exploitation des ressources en phosphate, surtout que les réserves de phosphate brut côtoient, dans cette zone, les 2,2 milliards de tonnes, selon leur estimation. Pour atteindre les objectifs tracés, M. Yousfi a recommandé de «renouveler les chaînes de production et de doter les différentes unités de personnels qualifiés et expérimentés». Il a assuré, qu'à cet effet, une partie des 400 ingénieurs devront entrer en formation dès septembre prochain et qu'ils «seront affectés à la Somiphos de Tébessa». Cette entreprise est en charge de la gestion des mines de phosphate afin d'en renforcer l'encadrement technique. Elle emploie actuellement 2 600 travailleurs dont 1 650 cadres entre ingénieurs, techniciens et personnel administratif. Le phosphate brut extrait des carrières situées dans la wilaya de Tébessa sera transformé au niveau d'une usine de production d'acide phosphorique en projet près de la localité de Oued El Kebrit, dans la wilaya voisine de Souk Ahras. Par ailleurs, et au cours d'une réunion de travail avec les cadres locaux du secteur de l'énergie et des mines, programmée en fin d'après-midi au siège de la wilaya de Tébessa, le ministre a annoncé que «toutes les wilayas disposeront dès 2020 de réserves de carburant pour 30 jours». Il a souligné que l'effort devant être déployé dans ce sens répondra aux besoins des clients, notamment les usagers de la route. Concernant l'électrification rurale dans la wilaya de Tébessa, qui nécessite, selon les responsables locaux du secteur de l'énergie, une nouvelle extension de 600 km pour satisfaire la totalité des foyers non encore raccordés au réseau d'électricité, soit quelque 11 000 habitations dispersées à travers les 28 communes et dont le taux ne dépasse pas, les 78 %, en dessous de la moyenne nationale qui est de l'ordre de 90 %, M. Yousfi a fait savoir que «le programme national d'électrification (PNE) remédiera à ce déficit d'ici 2016, aussi bien en milieu urbain qu'en zones rurales». Après avoir souligné l'importance accordée par l'Etat à l'accroissement de la production de phosphate brut dans la région de Bir El Ater, favorisant la création de nombreux emplois pour les jeunes de la région, le ministre a indiqué que des prospections seront bientôt effectuées dans la wilaya où des gisements pétroliers et gaziers sont signalés, notamment dans les régions d'El Houidjebet et d'El Kouif. S'agissant des 82 mines et carrières implantées dans cette wilaya, il a été noté, au cours de cette réunion, que 52 seulement sont opérationnelles, les autres étant à l'arrêt depuis plusieurs mois en raison du non renouvellement des contrats d'exploitation. La majorité de ces unités sont versées dans l'exploitation du sable, du calcaire et de l'argile, tandis que quatre stations exploitent le minerai de fer, dont celles se trouvant dans les localités de Ouenza et Boukhadra. Le ministre a, entre autre, inspecté à Oglat-Ahmed, la station de contrôle et de transport de gaz à destination de l'Italie. Cette station, au cœur du système algérien de transport du gaz par canalisation fort de deux gazoducs (GO1 en 1982, puis GO2 en 1987), s'était enrichie en 2009 par un troisième gazoduc (GO3), destiné à augmenter le volume acheminé vers l'Italie pour desservir une dizaine de clients, notamment européens. Près de 34 milliards de m3 ont été ainsi transportés depuis, dont plus de 12 milliards de m3 durant les 5 premiers mois de l'année en cours. La deuxième destination de M. Yousfi s'est faite hier dans la wilaya de Souk Ahras où il a présidé une cérémonie de raccordement de 550 foyers au réseau de gaz naturel dans la commune de Oued El Kebrit, (70 km au sud de Souk Ahras) et s'est enquis, notamment, du projet d'usine de production d'acide phosphorique au dit lieu. Le projet de raccordement en gaz naturel était inscrit au programme spécial de développement des Hauts-Plateaux, pour un délai d'exécution de six mois et un coût évalué à 210 millions de dinars. Il a nécessité la pose de réseaux de 6 km pour le transport et de 10,9 km pour la distribution. Le directeur de l'énergie et des mines de la wilaya de Souk Ahras a estimé le coût de raccordement par foyer à 380 000 DA, ajoutant que le taux de raccordement a atteint, dans la wilaya de Souk Ahras, les 57%, en attendant le raccordement des huit communes restantes sur les vingt-six que compte la wilaya à la faveur du plan quinquennal 2010-2014, pour un montant de 4 milliards de dinars, ce qui portera à 80%, le taux de raccordement en 2014. Le ministre a également inspecté, dans la même commune, le site du projet de construction d'un complexe de transformation de phosphate. Devant être implantée sur une superficie de 600 ha, la future usine permettra de créer un millier de postes de travail permanents et 5 000 emplois indirects. Ce projet, piloté par l'entreprise Ferphos de Annaba, regroupera trois unités, dont la production est de 4 500 tonnes/jour d'acide sulfurique pour la première, 1 500 tonnes/jour d'acide phosphorique pour la deuxième et 3 000 tonnes/jour d'ammoniac pour la troisième. Le ministre a mis l'accent sur la nécessité de fournir toute l'eau nécessaire au fonctionnement de ce complexe, soit 40 millions m3 par an, d'autant que l'usine, qui entrera en fonction en 2018, se situe à 70 km de deux barrages de la wilaya de Souk Ahras. Selon les responsables locaux, l'impact socio-économique sera important pour toute la région, étant donné que la nature des terres de Oued El Kebrit est peu propice à l'agriculture. Outre la proximité de la ligne ferroviaire, tout cela a constitué les facteurs justifiant le choix du site. Le haut responsable du secteur a visité, en l'occurence, la gare de chemin de fer dont la ligne fait la jonction entre les mines de Ouenza et de Djebel Onk. Elle constitue également une étape de la ligne reliant le complexe d'El Hadjar, au nord, le port et l'usine Asmidal de Annaba. Il a souligné que l'entreprise Ferphos et la SNTF «devront synchroniser leurs actions pour renouveler les wagons de transport de phosphate» et a également effectué une halte sur le périmètre de Aïn Reggada où s'effectuent des travaux de prospection d'hydrocarbures. Une région où l'on signale des gisements de pétrole et de gaz naturel, en particulier près de la localité de Khemissa, à 7 km de Sedrata.