Abdelmalek Sayeh, directeur général de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie a animé, hier matin, une conférence de presse au cercle national de l'Armée de Beni Messous, Alger, dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre la drogue. Dans son discours, M. Sayeh s'est dit préoccupé par l'ampleur qu'a prise la consommation de la drogue en Algérie où la culture des drogues concerne de petites plantations de cannabis et de pavot. Il a appelé à la conjugaison des efforts pour faire face à ce phénomène qui augmente notamment dans le milieu des jeunes. M. Sayeh a exposé les résultats de l'enquête nationale épidémiologique de la drogue en Algérie qui s'est déroulée en 2009, révélant un taux de 1,5% de consommateurs de kif, d'opium, d'héroïne, de cocaïne, d'anabolisants et d'extasy. L'enquête a dévoilé que les plus grands consommateurs de drogue sont ceux qui sont en mesure de travailler et qui ont les moyens d'acheter ce poison. Elle a noté aussi que la plus grande consommation par région revient au sud, suivi de l'ouest, l'est et le centre. Le nombre de consommateurs est de 302 000 personnes réparties comme suit : 180 679 personnes âgées de vingt à trente-neuf ans, 94 438 âgés de quarante ans et plus, 24 675 âgés de seize à dix-neuf ans et 3 175 âgés de douze à quinze ans. Le directeur général de l'Office a souligné entre autres que les lieux de consommation de drogue les plus fréquents sont les cités avec un taux de 15,04%, l'université (2,40%) et les lieux de travail (1,05%). «La lutte contre la drogue est l'affaire de tous. Il faut que le citoyen s'implique davantage avec l'Etat pour éradiquer ce fléau», a-t-il préconisé. Il a précisé que l'Algérie représente un espace rêvé pour les narcotrafiquants. Par sa position géographique, l'Algérie est un portail de l'Afrique sur l'Europe. Selon l'orateur, les deux objectifs stratégiques de l'Office national de lutte contre la drogue pour 2011 à 2015 sont de réduire l'offre et neutraliser la demande de la drogue. Cette stratégie qui est en phase de projet, et qui sera examinée par le gouvernement en septembre prochain, a pour but de définir un programme national autour d'actions qui porteront essentiellement sur des mesures de renforcement, de prévention et de coordination intersectorielles, de communication, d'information, et de sensibilisation, de formation aussi ainsi que de mesures d'intervention en milieux scolaire, universitaire et professionnel. «Il nous faut créer une synergie entre la société civile et les institutions étatiques et prendre des mesures de proximité au niveau des quartiers, cafés, mosquées et stades», a-t-il recommandé. Il s'agit aussi d'assurer une meilleure politique d'insertion sociale et fournir des conditions de prise en charge moderne, de soutien, de suivi et d'aide, particulièrement aux groupes vulnérables. Rappelons qu'au mois d'avril, vingt-deux kilogrammes de kif traité ont été saisies au niveau de la zone frontalière d'El-Abed relevant de la commune de Sidi Djillali, dans la wilaya de Tlemcen.