De nombreux ouvriers du complexe sidérurgique El Hadjar révèlent à la Nouvelle République que le partenariat avec Arcelor Mittal était une mauvaise fusion sinon un énorme déficit pour l'Etat algérien. 70 % du capital revient au partenaire euro-indien alors que 30% seulement sont une propriété publique. Les travailleurs ont connu une série de grèves incessantes, poussés par le syndicat de l'entreprise, mais celles-ci n'ont pas abouti à de grands intérêts pour eux. Ces dernières années, nous indiquent certains cadres de la société, on a connu une chute de la production d'acier en Algérie alors qu'avant l'instauration du système de partenariat avec les étrangers, le pays était classé comme leader africain. Aujourd'hui, l'Algérie est dépassée remarquablement par le Maroc qui produit près de 3 millions de tonnes d'acier. A ce sujet, il faut relevé que le complexe avait à un moment donné enregistré une seule fois une production estimée à 1,2 million de tonnes. A cause des multiples grèves socio-professionnelles qu'a vécues dernièrement le complexe, le rendement ces deux dernières années tournait autour de 700.000 tonnes seulement, un vrai échec pour ce partenariat. Les travailleurs, qui étaient il y a quelques années près de 18.000 sont passés actuellement à 5.600 à cause de plusieurs départs d'ouvriers en retraite anticipée et qui ne furent pas remplacés. Selon des observateurs, les engagements tracés en matière de production n'ont jamais atteint les seuils projetés dans le plan de la reprise du complexe. Durant les années 1980, le complexe sidérurgique d'El Hadjar, fleuron de l'industrie algérienne, n'avait, malgré ses installations neuves et les 22.500 travailleurs qui le faisaient tourner, jamais pu atteindre son seuil de production. Seulement 750.000 tonnes d'acier sortaient annuellement de ses ateliers et cette situation réellement aléatoire imposait chaque fois à l'Etat d'éponger un manque à gagner énorme en renflouant les caisses de Sider à l'époque à coup de milliards de dinars. Telle fut la raison pour laquelle Sider, au courant de 1997, avait conçu un plan de redressement interne (PRI) pour le sauvetage de la sidérurgie. Dix mille travailleurs furent sacrifiés sur l'autel de la compression d'effectifs où le holding Sidmet avait mis en œuvre un plan de division de Sider en 24 filiales sous prétexte que le complexe était un géant ingérable. révèle-t-on. Or, ce plan démesuré avait conduit Sider en quelques années vers la perte en lui occasionnant des dettes à hauteur de 60 milliards de dinars. En 1998 l'Etat avec le gouvernement Ouyahia décida d'injecter une enveloppe de 250 milliards de dinars dans le but de servir à la réfection de la plus grande filiale du groupe Sider, notamment Alfasid. Cet argent avait permis la survie de milliers de travailleurs pendant un certain temps, mais le complexe, encore convalescent, n'arrivait pas à dépasser le seuil médiocre de production de 750.000 tonnes d'acier par an. Cette situation catastrophique s'était accentuée, enfonçant Sider dans ses redevances auprès de Sonelgaz, Sonatrach, Ferphos et le Trésor public. Sur le plan commercial, la situation n'était pas aussi plus reluisante. Plus de 80 % des produits sidérurgiques destinés à la vente étaient délibérément déclassés ou rebutés pour seulement approvisionner le marché local qui était détenu par les barons du rond à béton. Finalement, il ne restait que l'option d'un partenariat qui fut décidé par l'Etat au courant de l'année 2000 en lançant un appel d'offres international pour lequel deux partenaires avaient soumissionné : Duterco (Italie) et Ispat, un groupe LNM. Une structure avait été donc chapeautée par le gouvernement avec Temmar, ministre de la Participation de l'époque, la Banque d'Algérie, le holding Sidmet et Sider afin d'effectuer un pilotage des business plans des deux candidats. Le plan du premier partenaire prévoyait une compression d'effectifs, une participation au capital de Sider à 20 millions de dollars et une prise en charge par l'Etat des salaires de la moitié du personnel de l'entreprise. Le second plan d'Ispat préconisait la préservation des emplois existants, un investissement de 173 millions de dollars et la création de nouveaux postes d'emploi. L'accord de partenariat entre le gouvernement et le groupe LNM a été signé le 18 octobre 2001 et avec 10.000 travailleurs et des installations vétustes, au terme de sa première année d'existence, Ispat Annaba avait réussi à faire grimper la production de 750.000 à 1.200.000 tonnes d'acier. En 2006-2007, le groupe avait commis une faute pour un choix stratégique en termes de production. L'usine avait alors abandonné la filière de l'acier électrique en diminuant les capacités de sa fabrication qui était, souligne-t-on, plus coûteux, mais, en 2009, cette tendance s'était renversée, fait qui avait occasionné des pertes à l'entreprise. Dans cette optique, il est impératif de savoir qu'en 1997 la production mondiale de l'acier avoisinait les 800 millions de tonnes. La Chine reste le premier producteur mondial d'acier avec plus de 475 millions de tonnes par an et la hausse des cours du minerai de fer en 2008 avait causé l'augmentation des prix d'acier sur le marché mondial, entraînant une baisse des profits des grands groupes sidérurgistes comme Arcelor Mittal, qui s'était approvisionné en minerai des mines de fer d'El Ouenza, dans la wilaya de Tébessa, depuis plusieurs années pour le fonctionnement du complexe et malgré toutes les facilités accordées à ce groupe, la production n'avait point décollé alors que les capacités théoriques de l'usine sont de 2 millions de tonnes. L'Algérie continue d'importer annuellement près de 1,7 million de tonnes de produits sidérurgiques pour une facture avoisinant 1 milliard de dollars par an. En 2008, l'Algérie avait importé pour 1,7 milliard de dollars de produits en fer et en acier, une hausse de près de 38 % par rapport aux années d'avant, nous a-t-on fait savoir.