Samedi, 19h. Le comptoir d'Air Algérie est vide et le personnel s'apprête à rentrer chez lui ; nous cherchons à rencontrer le chef d'escale, M. Mekroud. Il est occupé par le vol AH 1007. Un monsieur se présente à nous pour répondre à nos questions tout en nous demandant de ne pas citer son nom, il s'agit en fait du responsable commercial de la compagnie. «Depuis hier (vendredi), 22h, aucun passager n'est resté bloqué à Orly Sud ils sont tous partis avec la disponibilité en plus.» Auparavant, nous avons rencontré un père de famille qui avait signé la pétition avec une centaine d'usagers pour porter plainte contre la compagnie Air Algérie. «Mes enfants, ma femme et ma belle-sœur ont dû faire plusieurs fois la navette Villiers-le-Bel-Orly (1h30 de trajet) depuis lundi pour trouver un avion, en vain… le hic, c'est qu'on ne nous donnait aucune information sur la suite du mouvement.» Une femme d'un certain âge ajoute : «Ils ont même osé nous dire qu'on ne sera peut-être pas remboursés, on a dû faire entendre notre voix pour qu'ils nous donnent de l'eau ! » A quelques mètres de là, Farid se dit outré de l'attitude du personnel : «Des enfants, des personnes invalides, des femmes … ont dormi sur les bancs de l'aéroport, c'est un scandale !» Quant au personnel diplomatique, on nous signale que personne n'a daigné faire une petite virée à l'aéroport pour voir de visu le cauchemar vécu par nos compatriotes. Le ministre français des Transports et le préfet du Val-de-Marne se sont déplacés sur les lieux pour faire le point de la situation, mais pas seulement, car en plus de la grève du personnel navigant d'Air Algérie il y avait aussi la grève d'une compagnie low-cost qui a perturbé le ciel français, mardi et mercredi. S'agissant de la prise en charge des passagers durant ces journées de galère, le responsable commercial d'Air Algérie nous dira : «Il y avait des lits installés au 4e étage de l'aéroport et tous les voyageurs ont eu des sandwichs et bouteilles d'eau dès le déclenchement de la grève.» Le vol AH1007 à destination d'Alger était comme d'habitude en retard. Un petit détour par l'aéroport de Roissy-Charles–de-Gaule nous a permis de constater un retour au calme, puisque tous les vols vers l'Algérie ont été assurés par des compagnies affrétées à cet effet, à savoir Aigle Azur, Air France, Turkish Airlines et même des compagnies filiales low-cost de Tunis Air Pour rappel, le personnel navigant d'Air Algérie est entré en grève lundi dernier, sans préavis, et ce, jusqu'à jeudi dernier, provoquant une onde de choc auprès de nos compatriotes qui voulaient juste passer le mois de Ramadhan dans leur pays !