Des experts égyptiens ont suscité des suspicions autour des financements étrangers accordés aux organisations de la société civile après la révolution de janvier, et qui sont souvent accompagnés, selon eux, d'agendas spéciaux des parties donatrices. Le quotidien gouvernemental Akhbar al Youm a souligné que les déclarations de la nouvelle ambassadrice américaine au Caire, Anne Paterson, ont produit un «choc» pour l'opinion publique égyptienne, après qu'elle a annoncé devant le Congrès américain que son pays a dépensé 40 millions de dollars de soutien financier à la société civile égyptienne depuis la révolution de janvier. Il s'agit selon le rapport des experts égyptiens de près de 600 organisations qui ont sollicité le financement américain en vue de mener le calendrier de leurs activités. Si ces experts ont exprimé leurs craintes face à ce type de financement américain en direction des associations car pour ces experts, tout soutien financier est accompagné de conditions. A ce propos, même si ces conditions ne sont pas connues au grand jour, nul n'ignore que la dépendance financière traduit incontestablement une dépendance sur le choix et la portée des activités en question. Ce qui a suscité des interrogations sur les bénéficiaires de ces fonds et la facture à payer en contrepartie, selon le quotidien précitée. Selon des sources responsables, quelque 30 000 associations et organisations activent en Egypte. Ces dernières, ajoutent ces mêmes sources, sont soumises à la loi sur les associations civiles. La loi égyptienne permet aux organisations d'obtenir un financement étranger à condition qu'il soit déclaré. Le président de l'Union générale des associations civiles en Egypte, Abdelaziz Hidjazi, a appelé à la réglementation du financement étranger, suivant les priorités du pays, qu'elles soient économiques ou sociales, soulignant la nécessité de mettre le financement étranger sous la supervision de l'Etat. Pour sa part, le président de l'association populaire pour la protection du citoyen contre la fiscalité et la corruption et coordinateur du mouvement Kifaya, Mohamed Achkar, a souligné que le financement étranger des organisations de la société civile est «inadmissible», car il est accompagné d'agendas spéciaux des parties donatrices précisant que la plupart des objectifs de ces agendas sont «préjudiciables» à la sécurité nationale. De son côté, la présidente du centre égyptien des droits de la femme, Mme Nihad Abou Komssane a estimé que le plus dangereux des financements était «le financement politique», devenu monnaie courante en Egypte dans le but de corrompre la vie politique. Des experts ont évoqué à ce sujet le financement des Etats-unis de plusieurs chaînes satellitaires égyptiennes et arabes dans le but de préserver leurs intérêts, notamment dans le contexte des évènements en cours dans plusieurs pays de la région. La région compte actuellement 900 chaînes satellitaires, financées pour certaines par des sociétés intéressées par le gain alors que d'autres sont subventionnées par des gouvernements qui cherchent ainsi à réaliser leurs propres desseins, a précisé l'ex-président de l'Union égyptienne de la radio et de la télévision, Samy Cherif. Certaines chaînes sont financées par des partis politiques de l'opposition et d'autres par des institutions religieuses pour diffuser leurs idées. Le pire ce sont les chaînes financées à des fins politiques qui seraient en contradiction avec les intérêts du pays ou de la région arabe. Pour les jeunes de la révolution, le financement étranger, notamment américain, vise à «imposer une tutelle» en exploitant la révolution. Selon Issam Nidhami, membre de comité de coordination de la révolution, il existe un document qui montre que l'Agence américaine de développement international a tenu, entre mars et juin 2011, plusieurs rencontres et ateliers de travail auxquels elle a convié des organisations et des associations égyptiennes à la recherche de soutiens financiers. Une enveloppe de 65 millions de dollars y a été allouée à ce propos.