Sarkozy est personnellement trop engagé sur le dossier libyen. Tellement engagé qu'il est perçu comme étant celui qui voulait cette guerre. Tellement engagé qu'il est apparu comme voulant donner la preuve que le Maghreb constitue son pré-carré, sa chasse gardée. Tellement engagé qu'il est pratiquement accrédité de la thèse selon laquelle c'est lui qui a créé le CNT, par le biais de BHL (Bernard-Henri Levy). Trop de soupçons pèsent sur la contribution décisive de BHL à la fois pour la création du CNT libyen, la reconnaissance française et européenne et ensuite internationale, et la liste des tribus qui retirent leur confiance à Kadhafi. Sarkozy a même recouru à un parachutage illégal d'armes pour les insurgés. Cela ne pouvait que créer et généraliser la guerre civile en Libye. Des chances que les frappes aériennes puissent suffire à faire tomber le régime ? A ce jour, ces frappes détruisent des infrastructures, tuent des populations mais ne produisent pas les effets attendus. Kadhafi est encore là. Comme l'œil de Caïn. Les frappes aériennes ne permettent pas à l'Otan, à la France plutôt, de parvenir aux objectifs fixés. L'emploi des forces terrestres de l'Otan n'est pas légalisé par la résolution du Conseil de sécurité. Un problème ! Les insurgés sont incapables de l'emporter sur les forces gouvernementales. Alors ? La France, ou plutôt Sarkozy, se cherche une voie de sortie dans l'honneur. 2012 n'est pas à oublier. Surtout pas. C'est l'année de l'élection présidentielle. Il y a une chance à ne pas négliger, c'est ce hara-kiri de DSK. Quelle sortie honorable ? Que Kadhafi quitte le pouvoir. Il sera autorisé à demeurer sur le sol libyen. Sarkozy le lui permettra. Il le lui garantira. N'est-ce pas que peuvent avoir raison ceux qui disent - concernant Sarkozy - que c'est sa propre guerre ?