Ils portent le m�me nom. Tous deux sont juifs, l'un est Fran�ais, l�autre est Isra�lien. Gideon-Levy est journaliste � Haaretz en Isra�l. Bernard-Henri Levy, philosophe, essayiste, est chroniqueur au Point et auteur de nombreux reportages journalistiques. Sur le conflit isra�lo-palestinien, les deux hommes ne portent pas le m�me regard. A la diff�rence de Bernard-Henri Levy, Gid�on Levy ne fait pas la �Une� des m�dias fran�ais. Hormis l'Humanit� et � un degr� moindre Lib�ration et le Monde, c'est pratiquement un inconnu en France. �J'ai donn� une fois une interview � TF1 et apr�s cela, le journaliste m'a t�l�phon� pour s'excuser de ne pas pouvoir diffuser mes propos car s'il le faisait, il serait accus� d'antis�mitisme et il aurait des ennuis�, disait-il dans un entretien dans l'Humanit�du 2 f�vrier dernier. Ecoutons-le davantage. Le peuple de Ghaza ? �C'est un peuple que je trouve tr�s beau. Parce qu'il a tant souffert, depuis si longtemps, et qu'il a su, dans cette mis�re et ces humiliations qu'on lui a impos�es, garder sa dignit� et son humanit� (�) Les Ghazaouis ne sont pas des grands combattants � de toute fa�on que peuvent-ils faire contre la puissance de l'arm�e isra�lienne ? Mais ils r�sistent en essayant, malgr� tout ce qu'ils endurent, de mener une vie normale �, explique-t-il. L'avenir ? A l'instar des Palestiniens, Gid�on Levy le voit �en noir�, parce que, pr�cise-t-il, �Isra�l n'a pay� aucun prix pour l'occupation et la colonisation des territoires palestiniens�. Parce qu'�Obama a �chou� � faire plier Netanyahu�. Quant au rapport du juge Goldstone accusant Isra�l de �crimes de guerre et contre l'humanit�, il est pessimiste : �Les Etats-Unis vont le bloquer� avant de se demander, �o� est aujourd'hui ce monde qui a applaudi le juge Goldstone quand il s'occupait des Balkans et du Rwanda ? Pourquoi a-t-il une attitude si diff�rente quand il s'agit d'Isra�l ? Pourtant, c'est le m�me juge, avec la m�me comp�tence et le m�me s�rieux. Mais les Am�ricains ne le laisseront pas aller jusqu'au bout parce qu'ils soutiennent Isra�l��. Le Fran�ais Bernard-Henri Levy (BHL) n'est �videmment pas du m�me avis. �N'�tant pas un expert militaire, je m'abstiendrai de juger si les bombardements isra�liens sur Ghaza auraient pu �tre mieux cibl�s, moins intenses�, �crivait-il, dans le Point dat� du 11 janvier 2009. �Aucun gouvernement au monde, aucun autre pays que cet Isra�l vilipend�, tra�n� dans la boue, diabolis�, ne tol�rerait de voir des milliers d'obus tomber, pendant des ann�es, sur ses villes : le plus remarquable dans l'affaire, le vrai sujet d'�tonnement, ce n'est pas la �brutalit� d'Isra�l, c'est, � la lettre, sa longue retenue�, ajoutait-il. Et � propos des tirs de roquettes du Hamas auxquels r�pliquaient les Isra�liens, il pr�cisait : �Entre l'attitude des uns et celle des autres, il y a, quoi qu'il en soit, une diff�rence capitale et que n'ont pas le droit d'ignorer ceux qui veulent se faire une id�e juste, et de la trag�die et des moyens d'y mettre fin : les Palestiniens tirent sur des villes, autrement dit sur des civils (ce qui, en droit international, s'appelle un �crime de guerre�) ; les Isra�liens ciblent des objectifs militaires et font, sans les viser, de terribles d�g�ts civils (ce qui, dans la langue de la guerre, porte un nom � �dommage collat�ral� � qui, m�me s'il est hideux, renvoie � une vraie dissym�trie strat�gique et morale.� Mieux, � Ghaza, embarqu� dans un char isra�lien, BHL n'a pas vu de tirs d�lib�r�s contre les civils palestiniens. Mais un Hamas se servant de la population comme �bouclier� contre l�arm�e isra�lienne ! Quant au rapport du juge Goldstone, alors que selon Sin� Hebdo, il avoue ne pas l'avoir lu, cela ne l'a pas emp�ch� de le stigmatiser. Moralit� : l'engagement de BHL pour les libert�s et les droits de l'homme, en faveur des Iraniens, de la cause du Tibet, des Bosniaques, s'arr�te aux fronti�res de la Palestine. Pourtant, na�fs que nous sommes, nous pensions que la d�fense des droits de l�homme est indivisible.