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Vers un leadership régional à base d'un islam moderniste (II)
Publié dans La Nouvelle République le 27 - 09 - 2011

Le Premier ministre turc Rejeb Tayyeb Erdogan a été reconduit le 12 juin 2011 pour un troisième mandat à la tête de son pays dans un contexte marqué par le bouleversement de la carte géopolitique régionale impulsé par la dynamique révolutionnaire arabe, sur fond d'ambition d'Ankara de propulser une politique néo-ottomane visant à ancrer la Turquie comme le nouveau point de référence diplomatique du Moyen-Orient.
La géographie des minorités de Turquie sous-tend sa géopolitique Lors de cette mandature de quatre ans, l'AKP, le parti pour la justice et le développement, devra débattre de deux dossiers déterminants pour l'avenir du pays : une nouvelle Constitution et la question kurde dans la perspective de la relance du débat sur l'admission de la Turquie au sein de l'Union européenne. La politique de turquisation menée par Kamal Atatürk et ses successeurs dans la foulée du démembrement de l'empire avait tendu à une homogénéisation de la société. Elle s'est traduite par le refus de la reconnaissance des minorités dans le droit fil de la politique de l'exaltation de l'esprit nationaliste et de la mise en avant d'une politique de modernité visant à compenser les effets psychologiques de la défaite de la Première Guerre mondiale (1914-1918) et du démembrement de l'empire qui s'est ensuivi. Près d'un siècle plus tard, le nouvel infléchissement initié par M. Erdogan se traduit par une politique d'ouverture envers les minorités, qui constitue désormais le véritable centre de gravité de la politique turque. Le projet de Constitution préconise d'ailleurs la reconnaissance des droits des minorités culturelles et religieuses. La géographie des minorités de Turquie sous-tend sa géopolitique. Héritage de l'empire ottoman, la Turquie est un pays multi-ethnique et multi-religieux. Consubstantiels à son histoire, la problématique des minorités arméniennes et kurdes a longtemps conditionné les choix diplomatiques de la Turquie post-Atatürk, quand bien même ils étaient masqués du halo de la modernité et de l'occidentalisation. Au-delà des constructions théoriques, le choix atlantiste de la Turquie reposait sur un pacte tacite conclu avec le camp occidental, fondé sur l'occultation de la responsabilité de la Turquie dans le génocide arménien en contrepartie de l'implication de ce pays de culture musulmane non seulement dans la défense du «monde libre» face à l‘Union soviétique, mais aussi dans une alliance stratégique avec Israël contre le monde arabe. L'effet second de son adhésion à l'Otan répondait au souci des Etats-Unis de placer le contentieux gréco-turc, le binôme Athènes-Constantinople, au-delà du contentieux islam-chrétienté sous contrôle de l'Occident, en ce qu'Athènes constituait le berceau de la civilisation occidentale et Constantinople-Ankara l'ultime empire musulman. Véritable «porte-avions» américain en Méditerranée orientale, la Turquie a loyalement servi l'Occident, y compris la France, allant même jusqu'à se prononcer contre l'indépendance de l'Algérie, déniant, contre toute évidence, au combat des nationalistes algériens, le caractère de guerre de libération, allant même jusqu'à mettre à disposition de l'aviation israélienne ses bases militaires et son espace aérien pour l'entraînement de ses chasseurs-bombardiers en opération contre le monde arabe. Jamais aucune puissance militaire musulmane n'avait été aussi loin dans sa collaboration avec l'Occident. Au point que Washington et ses relais médiatiques dans les pays occidentaux avaient célébré le partenariat entre la Turquie et l'Etat hébreu, conclu en 1993, comme «un partenariat des grandes démocraties du Moyen-Orient», sans s'offusquer nullement d'une alliance contre nature conclue entre celui qui est présenté dans l'opinion occidentale comme le premier Etat «génocidaire» du XXe siècle (génocide arménien toujours nié par la Turquie) et les rescapés du génocide hitlérien. L'objectif primait alors toute autre considération morale : le verrouillage du monde arabe, par effet de tenaille, mené par l'ancien colonisateur ottoman des Arabes et l'Etat d'Israël, perçu dans l'ensemble arabe comme «l'usurpateur de la Palestine». Son rôle pivot au sein de l'Alliance atlantique justifiait, pour Ankara, tous les abus et, pour la presse occidentale, toutes les indulgences. La prise de distance turque tant vis-à-vis d'Israël que de l'Occident a relancé les démarches visant à la reconnaissance du génocide arménien tant aux Etats-Unis qu'en France, une des conditions mises d'ailleurs par l'Union européenne à l'admission de la Turquie en son sein. Parallèlement, la réactivation de l'irrédentisme kurde en Irak, désormais constitutionnellement présidé par un Kurde, de même que l'aménagement d'une zone d'influence israélienne dans ce secteur frontalier de la Turquie, de l'Iran et de la Syrie, a donné lieu à des expéditions punitives de l'armée turque sur le territoire irakien. L'Union pour la Méditerranée, un leurre de dérivation à la candidature de la Turquie à l'Union européenne Par sa candidature à l'Union européenne, la Turquie a cristallisé les contradictions internes de l'opinion occidentale, tiraillée, d'une part, entre sa crainte d'un débordement musulman sur l'Europe et, d'autre part, son souci de préserver son partenariat stratégique avec un Etat qui fut, pendant un demi-siècle, le bouclier de l'Occident sur son flanc méridional, au paroxysme de la guerre froide soviéto-américaine (1945-2000). Le refus catégorique de Nicolas Sarkozy d'envisager, même à long terme, l'admission de la Turquie au sein de l'Union européenne a remis à l'ordre du jour le problème des ambiguïtés du monde occidental à l'égard de cet Etat musulman se réclamant de la laïcité institutionnelle. Le président français a justifié son opposition à l'admission turque notamment par des considérations géographiques arguant que la Turquie se trouvait en «Asie mineure». L'argument est partiellement vrai dans la mesure où une portion du territoire turc est située en Europe. Un tel argument aurait gagné en crédibilité s'il était frappé du sceau de la cohérence en ce que ce qui est considéré aujourd'hui comme un obstacle géographique n'avait pourtant pas entravé l'inclusion de la Turquie dans l'Otan, le pacte militaire des pays occidentaux riverains de l'Atlantique Nord, un océan avec lequel la Turquie n'a pas le moindre rapport. Singulière est la position de la France dans cette affaire. Le pays qui passe pour être aujourd'hui le plus en pointe contre l'admission de la Turquie au sein de l'Union européenne, le protecteur des chrétiens d'Orient n'avait pas hésité, en ce son temps, à gratifier la Turquie de son forfait, le génocide arménien, en détachant le district d'Alexandrette de la Syrie pour l'offrir à celui qui était son ennemi de la Première Guerre mondiale, de surcroît auteur du premier génocide du XXe siècle. L'accueil des Arméniens en France tant à Marseille qu'à Alfortville, à Clamart ou à Issy-les-Moulineaux ne saurait gommer de la mémoire la monstruosité de cette opération, une aberration de l'esprit vraisemblablement unique dans l'histoire du monde, pathétique illustration d'une confusion mentale au nom de la préservation de prétendus intérêts supérieurs de la nation au détriment de la victime. Maintenue à distance de la famille européenne, la Turquie a été néanmoins sollicitée, après les revers militaires israéliens au Liban, l'été 2006, pour apporter sa contribution à la stabilisation de la situation dans la région frontalière libano-israélienne dans la cadre de la FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban) dans le souci de donner une caution musulmane à une force à dominante européenne. Au terme de vingt ans de tergiversations européennes, la question se posait donc de savoir si la Turquie demeurera ad vitam une force supplétive de l'Occident ou un membre de plein droit de la famille européenne. Les rebuffades qu'elle a essuyées de la part des Européens, cumulées à la relance de l'irrédentisme kurde dans le nord de l'Irak du fait de l'invasion américaine de l'Irak en 2003, ont conduit la Turquie à se rapprocher de l'Iran et de la Syrie, les deux pays frontaliers qui abritent, de surcroît, une forte minorité kurde, en vue d'établir un cordon sanitaire à l'égard du problème kurde par une coopération régionale. (A suivre)

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