Avec l'approche du mois du jeûne, nos mères de famille se pressent et se hâtent vers les étals des produits de large consommation, chacune selon les possibilités que lui accorde sa bourse afin d'accueillir ce mois béni comme il se doit. Malheureusement, elles sont toutes unanimes à dire que les prix sont relativement élevés pour une bourse modeste. Elle ne s'arrêtent pas là et affirment que les prix tripleront et quadrupleront, même durant la première semaine du Ramadhan. «La flambée des prix n'est pas uniquement pendant le mois du Ramadhan, mais à toutes les fêtes religieuses et les rentrées sociales», nous assure Fayza, une jeune maman rencontrée au marché de Bab El-Rahba», pas loin du chef-lieu de la wilaya de Blida. Fayza a voulu commencer tôt ses préparatifs pour la venue du mois sacré à cause des prix, qui n'arrêtent pas d'augmenter de jour en jour. «Les gens à petites bourses ne pourront jamais subvenir à leur besoins. La tomate est à 70 DA, la pomme de terre est à 40 DA, la carotte et la betterave sont à 40 DA également», lance-t-elle, et renchérit : «Au premier jour du Ramadhan, les prix vont doubler… L'année passée, la coriandre a atteint 50 DA», dit-elle. Khalti Baya, la soixantaine, appuie les dires de Fayza, et ajoute : «Le sucre qui était à 75 DA est à 85 DA. A savoir, quel prix il atteindra au Ramadhan ?», se demande-t-elle, dépité. Elle assure que le kilogramme du café premier choix est à 700 DA, alors que le 2e est à 450 DA. Pour s'enquérir de la véracité de ses dires, nous nous sommes dirigés vers le mieux informé, l'épicier lui-même. Merouan, la trentaine, vendeur dans une épicerie située au chef-lieu de la commune de Boufarik affirme que le sucre atteindra les 90 DA durant le Ramadhan et l'huile qui est à 590 DA sera vendue à 600 DA. Il nous avouera, par ailleurs, que le pouvoir d'achat des citoyens a considérablement chuté. «Avant l'année 2011, la recette quotidienne de mon magasin variait entre 18 000 et 19 000 DA, alors que maintenant, elle est à 3 000DA». Avant d'ajouter : «C'est une catastrophe pour les commerçants et pour le consommateur aussi». Les prix varient d'un marchand à un autre, l'ail par exemple, varie de 200 DA à 350 DA. Les grains de blé, appelés communément «frik» varient de 250 DA à 300 DA. Fadila, une habitante d'Ain-Benian, rencontrée à Boufarik, nous révèlera qu'elle préfère y faire ses courses car à proximité de chez elle ils sont très élevés. «Les haricots verts ont atteint les 150 DA, la carotte est à 60 DA, alors que la salade verte est à 100 DA», nous déclare-t-elle. «Et ce n'est rien comparé à la période de jeûne, où les produits deviendront intouchables», avancera-t-elle, inquiète. Pour ce qui est des fruits, devenus le luxe inespéré du citoyen moyen, les prix varient entre 130 DA pour la pêche et les raisins et à 180 DA pour la pomme. Ce qui conduit les consommateurs à se rabattre sur le melon et la pastèque, qui sont respectivement à 60 DA et 35 DA. Les viandes rouges et blanches sont une autre paire de manche, chaque boucher vend à sa guise. On retrouve de la viande d'agneau à 860 DA et à 950 DA, parfois à 1000 DA, alors que la viande de veau varie de 760 DA à 1 200 DA. N'oublions pas le poulet qui varie de 250 DA à 300 DA. Nous avons voulu satisfaire notre curiosité une dernière fois et, donc, une virée s'imposait au marché de Belcourt, connu sous le nom de «marché T'nache, ndrl 12», au premier coup d'œil les prix n'étaient pas affichés, et chaque vendeur affiche les prix qui lui conviennent. Nous avons constaté des différences qui peuvent atteindre 50 DA, tels que le citron 150, 170 et 200 DA ; l'ail 250 DA à 380 DA, la carotte, la courgette de 70 DA à 80 DA, le poivron qui est à 60 DA, les haricots verts varient de 70 DA à 150 DA. Alors que les haricots frais, blancs sont à 200 DA, tandis que les rouges est à 150 DA. La salade verte aussi a atteint un prix exorbitant : 100DA. Louiza, une mère de famille venue de Kouba pour faire son marché à Belcourt, nous avoue quà côté de chez elle, les légumes et les fruits sont deux fois plus chers. Concernant les fruits, les viandes rouges et blanches, le sucre et l'huile, nous n'avons pas relevé une différence avec les marchés visités précédemment. Pourtant, lors de son intervention à la radio nationale, Youcef Redjam Khodja, directeur de la régulation et du développement des productions agricoles au sein du département de l'Agriculture, a donné des chiffres impressionnants concernant la disponibilité des produits de large consommation. Il a déclaré environ 130 000 tonnes de tomates, 48 000 tonnes de courgettes, 11 000 tonnes de haricots et 26 000 tonnes de laitue et 3 000 tonnes de viande fraîche. En outre, un stock de 10 000 tonnes de viande blanche a été constitué en prévision du mois de Ramadhan, mis à part les viandes congelés, soit le double de l'année précédente. Alors pourquoi cette inflation démesurée ? Ce que nous avons constaté à la fin de ce petit tour rapide des différents marchés visités. Une nette variation des prix qui touche essentiellement les fruits et les légumes, les viandes rouges et blanches. Chacun affiche les prix à sa guise sans se soucier des contrôles. Et comment le pourrait-il si aucun mécanisme de régulation et de contrôle n'est appliqué ? Cela donne matière à réfléchir et pousse à se demander si vraiment les nombreux dispositifs entrepris par l'Etat vont vraiment protéger le petit consommateur et lui permettre de subvenir à ses besoins alimentaires les plus élémentaires en ce mois sacré de jeûne.