Pour la énième fois depuis le 1er janvier dernier, les familles des 17 marins algériens pris en otage par des pirates en Somalie, depuis maintenant 8 mois, ont investi la rue pour réclamer encore «la libération de leurs proches» et dénoncer «les conditions déplorables dans lesquelles ils se débattent, surtout en ce mois sacré de Ramadhan». Hier, 10h, place de la Grande Poste, les familles des pris en otage observent leur sit-in. Elles ont compté rester ici jusqu'à au moins 14h. Un important dispositif policier a été mise en place afin «d'éviter tout débordement possible». Ceux-ci (agents de police) ont d'ailleurs, selon les protestataires, tenté d'empêcher ces personnes de tenir leur rassemblement à cet endroit en leur demandant de changer de place. Les contestataires ont refusé et ont insisté pour tenir leur action, comme prévu. Nombreux sont les citoyens qui les ont soutenus. A notre présence, des personnes de passage s'arrêtaient pour exprimer aux familles des pris en otage leur solidarité. Même de petits enfants, pour la plupart des fils et des filles de prisonniers, ont participé à ce rassemblement. «Rendez-moi, mon papa !», lit-on dans l'affiche portée, par la petite Rania, 9 ans. «17 marins pris en otage par les pirates somaliens. Combien coûtent leurs vies ? Combien ?», «Notre pays a-t-il moins de puissance qu'un affréteur ?», «Nos proches vivent dans le calvaire en Somalie. Leurs vies se vendent en dollars !», sont, entre autres, slogans écrits sur des banderoles portées par les manifestants qui sont restés pacifiques, malgré leur colère. «La rue est notre dernier recours, puisque toutes les actions menées dans le passé n'ont rien apporté. Nous nous adressons au président de la République. C'est le seul qui peut intervenir pour résoudre ce problème», clame une protestataire, sœur de l'un des 17 marins en question, les larmes aux yeux. «C'est honteux pour un pays tel que le nôtre. Le pouvoir est en train d'assister au drame de ses enfants sans avoir le moindre souci de réagir à leur profit», ajoute-t-elle. «Nous demandons que le premier magistrat du pays s'implique dans cette affaire. Qu'est-ce qu'ils (pouvoirs publics) attendent pour agir. Ils attendent leur mort pour nous apporter leurs cadavres ! Ce sera très en retard», injurie une autre femme, dont le petit frère est parmi les pris en otage, et qui nous précise aussi que, lors du dernier contact, avec ces marins ayant lieu le 9 juillet dernier, plusieurs d'entre eux étaient déjà très malades, eux qui vivent avec un verre de riz et un autre d'eau par jour. Pour rappel, les faits de cette affaire remonte au 1er janvier 2011, lorsque le vraquier battant pavillon algérien, MV Blida, a été victime d'un acte de piraterie en haute mer, alors qu'il se dirigeait vers le port de Mombasa au Kenya avec à son bord un équipage de 27 membres, dont 17 sont de nationalité algérienne. Depuis ce jour, tous les contacts qui ont été effectués avec ces victimes ont fait état des conditions misérables dans lesquelles ils traînent. L'Etat algérien, par la voix du ministère des Affaires étrangères, a déclaré la semaine dernière avoir suivi «de très près» cette affaire et d'être «mobilisé» pour savoir leur sort. Néanmoins, les familles de ces victimes demeurent insatisfaites et dénoncent la sourde oreille et l'immobilisme des pouvoirs publics à l'égard de cette question.