L'affaire des 17 marins retenus en otages en Somalie est loin de connaître son épilogue. Les familles, qui espèrent retrouver leurs proches sains et saufs au plus vite, multiplient les actions durant ce mois de Ramadhan pour maintenir la pression sur les autorités algériennes. Hier encore, malgré un soleil de plomb, elles ont tenu un sit-in sur la place des Martyrs, à Alger pour dénoncer une fois de plus l'attitude de l'affréteur mais aussi l'inaction du gouvernement. Très inquiètes, les familles continuent de réclamer des preuves que les marins sont toujours en vie et demandent à l'affréteur d'établir un contact avec eux. «Nous attendons que les marins nous appellent. Car la véritable consolation pour nous est d'apprendre de leurs bouches qu'ils vont bien», clame Fawzi Aït Ramdane, fils d'un des marins retenus en captivité depuis le 1er janvier 2011. «Nous lançons un appel urgent au président de la République afin qu'il intervienne et mette fin à ce cauchemar en faisant le nécessaire pour la libération des otages», ajoute-t-il. A côté de lui, sa sœur, âgée de 9 ans, tient une pancarte sur laquelle est écrit : «Rendez moi mon père.» Sur d'autres banderoles, on peut lire : «Où est l'Etat» ; «Dix-sept marins algériens sont en otage en Somalie, pays de la famine» ou encore «Un affréteur est-il plus puissant que l'Etat algérien ?». Malgré leur inquiétude sur le sort des marins, les familles espèrent les retrouver avant la fête de l'Aïd. «Ils ont passé plusieurs fêtes sans nous et surtout loin de nous. Nous souhaitons qu'ils soient libérés avant la fin du Ramadhan pour qu'ils puissent fêter l'Aïd avec nous, en famille», espère la femme d'un marin. Le dernier contact entre les familles et les otages remonte au 9 juillet dernier. Les nouvelles n'étaient pas totalement rassurantes, puisque les otages souffraient de «traumatismes» dus à leurs conditions de détentions très difficiles. Ce qui a aggravé l'inquiétude des familles, c'est la rumeur selon laquelle un marin serait décédé. «Ils nous ont affirmé qu'ils allaient observer le Ramadhan en dépit de leurs conditions de détentions inadéquates. Maintenant, nous n'avons aucune preuve matérielle qu'ils sont toujours en vie», dénonce le frère d'un des otages. Le ministère des Affaires étrangères avait démenti le décès d'un des marins et a assuré, début août, que tout l'équipage du MV Blida est «sain et sauf». Cela n'a pas suffi pour apaiser les familles, qui restent sceptiques sur le sort de l'équipage en raison notamment de l'absence d'informations authentifiées. «Comment ont-ils pu savoir qu'ils sont sains et saufs alors qu'ils n'arrivent pas à nous mettre en contact avec eux ?», demande la sœur d'un otage. Dimanche dernier, l'affréteur jordanien a adressé aux familles un message électronique par le biais de l'armateur IBC par lequel il tentait de les rassurer. «Nous comprenons et partageons l'inquiétude des familles qui est tout à fait normale après une si longue captivité», avait-il écrit aux familles, précisant qu'il est en contact avec les pirates avec lesquels il négocie une issue heureuse à cette affaire. «Nous avons systématiquement et à maintes reprises fait comprendre aux pirates que nous sommes disposés à mettre fin à cette affaire très rapidement. Nous allons continuer à essayer de prendre contact avec les pirates et à répondre à leurs appels afin de résoudre cette affaire le plus rapidement possible et libérer l'équipage et le navire», a-t-il indiqué, tout en demandant aux familles de lui faire confiance. L'affréteur est-il prêt à payer une rançon pour libérer l'équipage ? L'Algérie, qui est le premier Etat à criminaliser le paiement des rançons, va-t-elle apporter sa contribution ? Difficile de le savoir tant les négociations se déroulent dans le secret le plus absolu.