Suite à la crise financière qui a secoué l'économie mondiale la semaine écoulée, découlant des immenses déficits budgétaires et des dettes démesurées, l'agence de notation Standard&Poors a ramené les Etats-Unis au niveau AA+, choquant, par voie de conséquence le monde des finances, Abderrahmane Mebtoul a expliqué en qualité d'expert les risques que court l'Algérie. Il estime que l'Algérie doit garder ses placements en devises aux Etats-Unis sous forme de bons du Trésor américain en dépit de la dette publique de ce pays qui dépasse les 14 500 milliards de dollars. «L'Algérie ne risque rien car ses placements sont garantis par les Etats et déposés dans les banques centrales et elle a tout intérêt à les garder à terme», explique-t-il à l'APS. D'après lui, le risque que peut courir l'Algérie est la dépréciation de ces placements si elle décide de les revendre avant leur arrivée à terme sur un marché libre qui connaît actuellement une décote importante. «Pour l'Algérie, il s'agit d'analyser les rendements, de voir si les placements l'ont été à court ou à moyen terme (…). L'Algérie doit opter pour le statu quo en attendant au moins l'arrivée de ces placements à terme», estime-t-il. L'économiste ne manque pas de souligner qu'«effectivement, il faut s'inquiéter de la dégradation de la note de la dette américaine mais il faut éviter la sinistrose, car si Standard & Poor's a dégradé la note américaine, après l'agence de notation chinoise (Dagong), cela n'a pas pour l'instant été suivi par des agences aussi importantes comme Fitch Rating et Moody's». Il soutient son analyse par le fait que les plus grands créanciers des Etats-Unis à savoir la Chine et le Japon n'ont pas décidé de retirer leurs placements. L'expert dit qu'il ne croit pas «à la faillite de l'économie américaine», car, selon lui, la situation de défaut de paiement que les Etats-Unis ont évité de justesse est interne et non pas externe. «En tant que premier investisseur mondial, les Etats-Unis sont en mesure de mobiliser des capitaux importants de par le monde», affirme-t-il. M. Mebtoul prévoit par ailleurs que l'impact de la dégradation de la note de cette dette va peser sur les taux d'intérêt appliqués. «La hausse prévisible des taux d'intérêts avec le risque d'un ralentissement des investissements porteurs à maturation lente, combinée avec la dépréciation du dollar entraînera une poussée inflationniste aux Etats-Unis comme en Europe», affirme-t-il. Dans ce sens, il met en garde sur l'inflation des importations du pays. «Pour l'Algérie qui importe 75% de ses besoins, cela signifie également la hausse de la facture des importations». Il recommande «l'entame d'un débat serein sur les options d'utilisation des réserves de change pour éviter des rumeurs dévastatrices nuisibles à l'Algérie». Union européenne, G7 et G20 face à la crise Les pays du G7 se sont mis d'accord pour coopérer afin d'éviter les mouvements excessifs sur le marché des changes, a indiqué à la presse le ministre japonais des Finances, en insistant sur le fait que le Japon maintenait sa confiance dans les bons du Trésor américain comme un produit «très attractif». Le G7 déclare entre autre «qu'aucun changement dans les fondamentaux ne justifie les tensions financières subies récemment par l'Italie et l'Espagne», à l'attention des marchés qui ont placés ces deux pays dans leur collimateur. Dans le même état d'esprit, les pays du G20 ont déclaré, dans un même communiqué, qu'ils se sont engagés à «prendre toutes les initiatives nécessaires de manière coordonnée afin de soutenir la stabilité financière et d'encourager une croissance économique plus forte, dans un esprit de coopération et de confiance», après les nettes baisses enregistrées par les Bourses asiatiques. Ces dernières ont fortement baissé lundi et les premières clôtures étaient toutes dans le rouge: -2,18% pour Tokyo, -3,78% pour Shanghai, -3,82% pour Séoul et -2,90% pour Sydney. La France et l'Allemagne défendent les mesures essentielles annoncées par l'Espagne et l'Italie quant au redressement de leurs comptes publics et plaident pour une application rapide et complète à fin de sortir de la crise et restaurer «la confiance des marchés». Nicolas Sarkozy et Angela Merkel estiment «l'objectif des autorités italiennes de parvenir à l'équilibre budgétaire avec un an d'avance est d'une importance fondamentale», en réitérant «leur engagement à mettre en œuvre pleinement» les mesures de l'accord sur la zone euro conclu à Bruxelles le 21 juillet. Après la dégradation de la notation de la dette américaine, l'ouverture des Bourses lundi «inquiète» la France estimant toutefois que «la situation de l'Italie, de l'Espagne et des Etats-Unis ne justifie nullement le degré de panique qui a envahi les marchés». Le renforcement des possibilités d'aide aux pays fragiles via le Fonds européen de stabilité financière (FESF) a fait partie des décisions prises à ce sommet en espérant l'autorisation de ces mesures «avant fin septembre». La Banque centrale européenne considère nécessaire «une rapide application» de ces programmes pour améliorer la compétitivité des économies des pays concernés «et réduire rapidement leurs déficits publics». Elle a annoncé, par ailleurs, qu'elle allait faire intervenir «activement» son programme de rachat sur le marché obligataire face à l'escalade de la crise de la dette dans la zone euro, sans préciser la dette de quel pays elle comptait racheter, mais les marchés s'attendent à ce qu'elle intervienne sur les obligations italiennes et espagnoles. Malgré la décision de l'agence d'évaluation financière Standard&Poor's (S&P) de retirer aux Etats-Unis leur prestigieuse note «AAA», lundi matin, les rendements à 10 ans reculaient à 2,533% contre 2,558% vendredi à la clôture et ceux à 30 ans baissaient à 3,820% contre 3,846%. Les taux courts étaient stables à 0,00%.