L'ensemble de la presse financière internationale et certains sites algériens et internationaux, sans vérifications ni analyses, ont évalué la valeur des réserves de change algériennes à 173,63 milliards de dollars à la fin de juillet 2011. Je livre aux lecteurs les données officielles contenues dans le bulletin numéro 13 de juillet 2011 de la Banque d'Algérie, données semblables à celles de la Banque mondiale. D'où provient donc cette information donnant une différence de près de 13 milliards de dollars sans les réserves d'or et 10,8 milliards y compris les réserves d'or ? Est-elle vrai ou fausse ? Selon donc les données officielles de la Banque d'Algérie pour la fin de juillet concernant les années 2005, 2006, 2007, 2008, 2009 et 2010, le total des réserves (inclus des gold, current US $) sont respectivement de 59.167.069.245, 81.462.730.309, 114.972.269.872, 148.098.646.115 et 155.111.906.162. Toujours selon la même source le total des réserves minus gold (current US$) ont évolué de la manière suivante, 56.303.086.575, 77.913.736.579, 110.317.600.180, 143.242.995.184 et 149.040.597.869. Le total des réserves d'or (current US$) auraient été de 2.863.982.671, 3.548.993.731, 4.654.669.692, 4.855.650.932 et 6.071.308.293. Le grand problème des réserves de change placées à l'étranger et qui doivent être rentables pour être utilisées à des fins de développement au niveau interne, dépendent d'ailleurs du niveau d'inflation, des taux d'intérêts, de la cotation du dollar et du rendement des bons de Trésor qui sera largement tributaire des stratégies chinoise et japonaise qui, sur 3.400 milliards de dollars de réserves de change en 2011, a 1.150 milliards placées en bons de trésor américains et les Japonais 1.000 milliards de dollars et qui eux aussi dépendent de l'évolution de l'économie américaine pour leur exportation, est le suivant : combien sont placées à l'étranger 80 % comme l'affirme le ministre des Finances devant les députés ? Dans quelles monnaies dollars, euros, yens, livres sterling ? 45 % en dollars, 45 % en euros, 5 % en livres sterling, 5 % en yens selon certaines sources ou 80 % en dollars selon d'autres sources sachant que 98 % des exportations en devises (économie de rente) se font en dollars, important 75 % des besoins des ménages et des entreprises dont 60 % se font en euros ? Dans quelles proportions entre bons de Trésor américains, dans des banques centrales européennes, asiatiques, dans des banques internationales privées dites AAA dont certaines ont été décotées, posant la problématique de la crise de l'endettement des Etats et d'une manière générale de la crise mondiale sur l'économie algérienne ? A quel taux d'intérêt et donc à quel rendement en tenant compte du taux d'inflation mondial et des taux directeurs qui sont depuis 2009/2010 pour la FED entre 0 et 0,25 %, relèvement de la BCE de 1,5 % depuis avril 2011, ceux de la banque d'Angleterre 0,5 % ainsi que celui du Japon qui tend vers zéro ? Quelles sont les réserves d'or ? Le FMI les estime à 173,6 tonnes à la fin de 2009, d'une valeur d'environ 6,07 milliards de dollars au cours de 2009, soit 4,3 % des réserves de change ? Dans ce cas, bien que le calcul des banques centrales concernant l'or se base au cours de l'achat du moment dans leurs bilans, se pose la question de la réactualisation au cours en moyenne annuelle et de la production aurifère algérienne entre le 1er janvier 2010 et juillet 2011, sous réserve de non-achat. Asec Mining a annoncé officiellement pour l'exercice 2009, avec une prévision d'accroissement pour 2010/2011, un taux de production aurifère à partir de la mine d'Amesmessa de 32.601 onces d'or pour une valeur d'environ 52 millions de dollars au cours de juillet 2011. Ce montant aurait dû s'ajouter au stock alors que le cours a évolué d'environ 800/900 dollars l'once à plus de 1 600 le premier semestre 2011 — il a approchant 1 700 dollars l'once le 9 août 2011 —, donnant une valeur au cours de juillet 2011 (1.620 dollars l'once) de plus de 9 milliards de dollars. A l'heure d'Internet où le monde est devenu une maison de verre, il y a lieu d'éviter cette mentalité bureaucratique des années 1970, car dépassée, la démocratisation des décisions politiques et économiques s'imposant pour susciter l'adhésion des populations aux réformes. Il n'y a plus de secret défense et les débats dans toutes les télévisons mondiales sur l'endettement des Etats et leurs placements le montrent clairement. Afin d'éviter la polémique et les rumeurs dévastatrices, les institutions algériennes concernées doivent faire preuve d'une communication plus positive, devant éviter tant la sinistrose qu'une autosatisfaction source de névrose collective. Un grand débat national s'impose comme je l'ai rappeler dans mon interview en date du 8 août 2011 à l'agence officielle algérienne APS. On ne joue pas avec la monnaie, rapport social traduisant la confiance ou la méfiance Etat-citoyens. Mais la vraie solution qui dépasse largement l'aspect monétaire est de relancer la sphère réelle afin de créer des emplois créateurs de valeur ajoutée et diminuer les tensions sociales, de réaliser la transition d'une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales renvoyant à l'approfondissement de la réforme globale. Les réserves de change — en Algérie, elles ne proviennent pas de la création de la valeur — sont, certes, une condition nécessaire mais non suffisante pour un développement durable, la monnaie semblable au sang dans le corps humain permettant de dynamiser la production comme moyen d'échange ou la freinant en cas de thésaurisation ou d'émission de la monnaie sans contreparties productives, générant d'ailleurs l'inflation qui pénalise l'investissement (hausse des taux d'intérêt) et les couches les vulnérables. L'Algérie, dans le cadre d'une intégration maghrébine, qui est une nécessité historique et économique, par une libéralisation maîtrisée, le renouveau de la gouvernance, la valorisation de la ressource humaine, richesse bien plus importante que toutes les ressources en hydrocarbures, grâce à l'Etat régulateur stratégique et un dialogue soutenu, privilégiant uniquement les intérêts supérieurs du pays, entre les différentes forces politiques, sociales et économiques, a d'importantes potentialités pour devenir un vecteur actif au niveau de l'espace euro-méditerranéen et arabo-africain, son espace social naturel.