L'Algérie est fortement interpellée face à la situation mondiale ac-tuelle exportant 98%des hydrocarbures en dollars et important 75% de ses besoins pour les entre-prises et les ménages dont 60% en euros, étant une économie totalement rentière et extravertie soumise aux chocs externes. Or, malheureusement, le ministre des Finances, dans une interview à l'APS en date du 13 aout 2011 a affirmé : «Les placements des réserves de change de l'Algérie à l'étranger sont sécurisés ». Il a occulté les vrais problèmes tant des impacts de la crise mondiale sur l'Algérie que des solutions pour y faire face. Cela contraste avec l'interview du président de la Banque mondiale publiée par l'hebdomadaire australien Week-end Australian le 13 août 2011qui affirme, je le cite : « Nous som-mes au début d'une tempête nouvelle et différente, ce n'est pas la même crise qu'en 2008 ». Selon le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, l'économie mondiale est entrée dans une « phase nouvelle et plus dangereuse » et il reste très peu de marge de manœuvre aux pays les plus développés. Le problème de la dette des pays européens est selon lui plus inquiétant dans l'immédiat que les conséquences « à moyen et long terme » de la baisse de la note de la dette américaine, qui a provoqué la panique des marchés. Avec la Grèce et le Portugal, assommés par leur dette, c'est non seulement l'économie de la zone euro qui est menacée, mais aussi l'existence même de la monnaie européenne. Les investisseurs commencent selon lui à se demander combien de temps l'Allemagne et la France vont pouvoir continuer à soutenir les pays menacés, sans se mettre eux-mêmes en danger de voir leur note diminuer à son tour. Pour la Chine, confrontée à ses propres problèmes, il ne faudrait pas compter uniquement sur elle pour relancer l'économie mondiale. Aussi, je pense que bien que la Standard & Poor's le 5 août 2011 ait dégradé la dette souveraine américaine ayant perdu son triple AAA à AA, les pays qui seront les plus touchés en cas de récession longue de l'économie mondiale seront les pays européens et certains pays émergents qui dépendent de leurs exportations tant des USA que de l'Europe, avant les Etats Unis d'Amérique. Pour les pays de la zone euro, des rumeurs qui ont affolé les bourses mondiales ont couru sur la dégradation de la note française. Le cas de l'Italie, de l'Espagne, pour pas citer la Grande- Bretagne dont la monnaie est autonome, livre sterling, se débattant dans des problèmes sociaux, sont alarmants. C'est que les thérapeutiques conjoncturelles tant américaines qu'européennes, après la crise irlandaise et grecque, ne se sont pas attaquées à l'essence du mal qui ronge le corps social mondial. Il fallait donc s'attendre à des turbulences cycliques au niveau des bourses mondiales avec des tensions plus fortes pour les années à venir. La suprématie de la sphère financière sur la sphère réelle, les distorsions entre les salaires et les profits spéculatifs en sont la raison principale, nécessitant un renversement de tendance pour relancer la sphère réelle. Car le vrai débat, c'est de repenser le fonctionnement du système économique mondial par une nouvelle gouvernance mondiale. Face à cette situation, pour le ministre des Finances algérien, les placements des réserves de change de l'Algérie à l'étranger sont sécurisés dans la mesure où leur capital est garanti, étant couverts contre les risques de change et liquides pouvant les retirer à tout moment. Le taux d'intérêt serait de 3%, ce qui couvrirait l'inflation actuelle. Quant à la structure des placements, le ministre s'est borné à indiquer que l'Etat algérien a choisi d'en placer une partie comme des valeurs d'Etat sur des risques souverains, dont le risque est très limité (reconnaissant au passage qu'il y a risque) et que l'Algérie avait trois choix à faire pour gérer ses réserves de change. Premièrement, aller sur des actifs financiers privés caractérisés par un couple risque/rendement « très important », mais « avec un choix spéculatif ». Deuxièmement, déposer son argent dans des banques, qui ne sont pas à l'abri du risque de faillite et enfin troisièmement de déposer ses réserves (de change) en valeurs d'Etat, choix de l'Algérie. Quant à la répartition par monnaies, le ministre, sans aller dans le détail, précise qu'il y a eu répartition équitable des réserves en dollars et en euros. Que penser de ces déclarations tardives face à une crise mondiale ? Je ferai plusieurs remarques, reprenant certaines d'entre elles parues dans la presse algérienne et internationale. Fait surprenant, il indique qu'à fin 2010 les réserves de change de l'Algérie étaient de 160 milliards de dollars, alors que dans le bulletin numéro 13 en date de juillet 2011 de la Banque d'Algérie, le montant des réserves est évaluée à 162 milliards de dollars, y compris les réserves d'or, la presse financière internationale, les ayant évaluées à 173,63 milliards de dollars fin juillet 2011. Par ailleurs si pour la dette intérieure le montant est identique, évaluée à 480 millions de dollars, il n'en est pas de même de la dette extérieure (principal et intérêts), puisque le gouverneur de la Banque d'Algérie devant l'APN fin 2010 annonçait 3,9 milliards de dollars, alors que le ministre des Finances annonce 5,2 milliards de dollars. Pourquoi cette différence de 1,3 milliard de dollars et l'Algérie s'est-elle endettée à nouveau ? Outre qu'il s'agit de préciser que le seul habilité à gérer les réserves de change, selon la Constitution, est le gouverneur de la Banque d'Algérie qui ne dépend pas du gouvernement et non le ministre des Finances, il faut pour la crédibilité de l'Algérie parler d'une seule voix et synchroniser les données du ministère des Finances et celles de la Banque d'Algérie. Car, entre le 1er janvier 2011 et le 30 juillet 2011, il y a eu accroissement des réserves de change. Les données internationales sont- elles vérifiées ou fausses ? Pourquoi cette différence de plus de 11 milliards de dollars ? (Suivra) Pr Abderrahmane Mebtoul Le Ministre des Finances n'a pas répondu. Comme il ne suffit pas de dire , c'est une vérité élémentaire de l'économie publique, que les réserves de change ne sont qu'une contrepartie de la masse monétaire, transformée en dinars, qu'une partie est destinée à la fiscalité d'Etat afin de couvrir les projets d'équipements publics, les dépenses de fonctionnement et les transferts sociaux, alors que l'autre partie est déposée dans les banques. Comme existe une confusion entre les réserves de change et le fonds de régulation des recettes qui traduit la différence entre le prix réel du marché des hydrocarbures moyenne annuelle et la fourchettes des 37 dollars fixée par la loi des finances, fonds évalué en dinars. Tout dérapage du dinar par rapport au dollar monnaie de référence pour les hydrocarbures augmente artificiellement le fonds de régulation des recettes et la fiscalité pétrolière. Par ailleurs affirmer que toute la dépense qui va à la collectivité nationale, entreprises et ménages, résulte de la transformation des réserves de change en dinars et dont 40 milliards de dollars vont annuellement aux importations omet d'inclure les services car le document de référence doit être non la balance commerciale mais la balance de paiement qui inclut les mouvements de capitaux dont les services qui dépassent 11 milliards de dollars moyenne annuelle 2009/2011 ce qui porte le montant à plus de 51 milliards de dollars. Comme il y a lieu de raisonner en termes de flux et non de stock, du fait que Sonatrach engrange des entrés en devises annuellement qui hors dépenses s'ajoutent au stock. Comme le Ministre des finances n'a pas abordé les impacts de la loi de finances complémentaire 2011 certes établi sur la base de 37 dollars du marché du baril de pétrole et pour le taux de change 74 dinars pour 1 dollar le déficit budgétaire à 33,9% du produit intérieur brut, (4693 milliards de dinars, 63 milliards de dollars) bien que ramené au cours réel, il serait de d'environ 10%. Ce déficit selon les prévisions de la loi de finances 2012 avec plu de 34% toujours au cours plancher de 37 dollars et 11% selon le cours prévisionnel du marché. Or le Fonds de régulation des recettes (FRR) est évalué à 4842,8 milliards à janvier 2011. Le ministre des finances fait un pari hasardeux sur un cours du pétrole supérieur à 100 dollars le baril à prix constants seuil minimum pour continuer dans l'actuelle dépense publique et comprimer artificiellement l'inflation par des subventions. Ces propos contredisent l'ABC des fondements de l'économie publique qui a ses propres lois applicables à tous les pays sans exceptions. Comme en témoigne récemment la crise grecque, portugaise ou espagnole et les politiques d'austérité budgétaire de l'ensemble des pays développés et émergents comme la Chine, un pays ne pouvant distribuer que ce qu'il a préalablement produit au risque d'un suicide collectif et d'une déflagration sociale à terme. 3.-Concernant le problème des réserves de change produit de la rente des hydrocarbures et non du travail et de l'intelligence assistant paradoxalement au frein dans les réformes lorsque le cours s'élève par la généralisation de l'assistanat, est l'arbitrage entre quatre variantes pouvant être combinée supposant une vision stratégique et non des tâtonnements au gré de la conjoncture. Premièrement doit –on laisser les réserves d'hydrocarbures sous le sol pour les générations futures car ayant des capacités d'absorbation interne faible ou limiter l'extraction fonction du rythme d'exportation, de la consommation intérieure, du prix international et des couts qui déterminent la durée de vie des réserves. Deuxièmement placer les réserves dans des valeurs refuge comme l'or dont le cours a augmenté de plus de 400% en dix 10 ans ou prendre le risque d'acheter des actions dévalorisées en attendant la remontée des cours. Troisièmement des placements à l'étranger avec des rendements positifs qui dépendent du niveau d'inflation, des taux d'intérêts, des cotations notamment du couple dollar/euro. Pour les rendements futurs des bons de trésor , elle sera largement tributaire de la stratégie chinoise et japonaise, principaux créanciers des USA qui sur 3400 milliards de dollars de réserves de change en 2011 a 1150 milliards placées en bons de trésor américains et les japonais 1000 milliards de dollars et qui eux aussi dépendent de l'évolution de l'économie américaine pour leurs exportations. Et enfin quatrièmement, solution la plus souhaitable, l'utilisation à des fins de développement dont la ressource humaine ressource bien plus importante que toutes les ressources en hydrocarbures et la valorisation de l'entreprise concurrentielle , les infrastructures absorbant actuellement 70% de la dépense publique (480 milliards de dollars entre 204/2013) n'étant qu'un moyen. D'autres questions stratégiques n'ont pas été abordées ou très superficiellement parle Ministre des Finances. Combien sont placées à l'étranger 80% comme l'affirmé le même Ministre des Finances devant les députés courant 2010 ? Dans quelles monnaies dollars, euros, yen, livres sterling 45%, en dollars, 45% en euros, 5% en livres sterling, 5% en yen selon certaines sources ou 80% en dollars selon d'autres sources sachant que 98% des exportations en devises (économie de rente) se font en dollars , important 75% des besoins des ménages et des entreprises dont 60% se font en euros ? Dans quelles proportions entre bons de trésor américains, dans des banques centrales européennes, asiatiques, dans des banques internationales privées dites AAA dont certaines ont été décotées ? A quel taux d'intérêt et donc à quel rendement tenant compte du taux d'inflation mondial et des taux directeurs qui sont depuis 2009/2010 pour la FED ente 0-0,25%, relèvement de la BCE de 1,5% depuis avril 2011, ceux de la banque d'Angleterre 0,5% ainsi que celui du Japon qui tend vers zéro ? Affirmer que le taux est de 3% suppose un placement à moyen terme et non à court terme ? Quelles sont les réserves d'or, le FMI l'estimant à 173,6 tonnes fin 2009 une valeur d'environ 6,07 milliards de dollars au cours de 2009 soit 4,3% des réserves de change ? Ce montant a-t-il été augmenté depuis soit par d'autres achats ou la production aurifère de Tamanrasset ? Dans ce cas, bien que le calcul des banques centrales concernant l'or se base au cours de l'achat du moment dans leurs bilans, se pose la question de la réactualisation au cours en moyenne annuelle et de la production aurifère algérienne entre le 01 janvier 2010 et juillet 2011 où nous aurons un gain net de 3 milliards de dollars soit plus de 9 milliards de dollars., sous réserve qu'il n'ait pas eu vente. D'une manière générale si le stock en principe, à moins d'une faillite généralisée de toute l'économie mondiale ou d'une grave crise politique en Algérie ce qui entrainerait le gel des avoirs algériens à l'étranger, est garanti par les Etats ne risquent rien, cela pose le problème des rendements, le taux d'intérêt étant de plus en plus élevé si les placements se font à moyen et long terme afin de couvrir le taux d'inflation mondial. Encore que se pose la décision récente pour des USA de laisser le plafond du taux d'escompte inchangé jusqu'en 2013 mais pas d'affolement puisque la Chine et le Japon et d'autres pays créanciers bien qu'inquiets n'ont pas décidé d'un retrait. Le placement à court terme avec les taux directeurs des banques centrales américaines et européennes presque négatif ne sont pas rentables. Pour ceux à moyen terme le retrait avant terme entraine une perte pour l'Algérie du fait de la décote sur le marché libre et il est préférable d'attendre le terme actuellement .Ce qui n'est pas le cas pour les placements des avoirs algériens dans des banques privées dites AAA qui ont été décotées. Dans ce cas en cas de difficultés bancaires, si elles ne sont pas soutenues par leur Etat, il ya perte sèche pour l'Algérie. Comme on le constate le problème est complexe et un grand débat national s'impose. On ne joue pas avec la monnaie rapport social traduisant la confiance ou la méfiance Etat citoyens. Mais, le vrai débat qui dépasse largement l'aspect monétaire, est de relancer la sphère réelle afin de créer des emplois créateurs de valeur ajoutée afin de diminuer les tensions sociales. Et ce afin de réaliser la transition d'une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales renvoyant à l'approfondissement de la réforme globale et à une meilleure gouvernance. Là dessus, débat essentiel et stratégique pour le devenir de l'Algérie, le Ministre des finances a été absent.