Les habitants de l'ex- Castiglione, du nom d'une célèbre bataille napoléonienne, située à une quarantaine de kilomètres d'Alger, ne savent plus quoi faire pour faire évoluer cette ville vers le futur. En effet, cette bourgade qui fut si coquette semble sous le coup de l'incurie de ses élus locaux et vouée à rester lestée dans le siècle dernier. Pour sortir de cette situation, il serait très positif de voir une visite pointue du wali de Tipasa, connu pour sa probité, en ces lieux pour se rendre compte d'une situation qui est intenable pour les contribuables vivant in situ. Ni les pétitions contre la pollution, ni les multiples requêtes des citoyens pour améliorer le quotidien ne semblent faire changer le comportement «pousse à l'émeute» de ceux qui sont censés gérer un quotidien déjà bien difficile. Il sera inutile d'évoquer encore une fois la mort programmée du littoral suite à une pollution créée par quelques industriels qui déversent carrément leurs déchets dans la mer. Il suffit d'aller au front de mer en contrebas de la ville qui a connu de plus belles années pour s'apercevoir d'une catastrophe écologique quasiment irréversible car les eaux prennent une curieuse couleur blanche sur un fond marin devenu aujourd'hui quasi désert. Toutes les pétitions organisées par des associations locales de protection de la nature demeurent impuissantes face à ces choix inadmissibles d'une industrie qui, de par ses nuisances chimiques et sonores, crée des désagréments tout simplement inacceptables. Que dire alors des quartiers hauts de cette ville qui a grandi dans la plus grande anarchie possible ? La route qui surplombe Bou-Ismaïl a une entrée vers le quartier Bellili ; une première chose nous choque, la rue qui longe les nouvelles cités de logements sociaux est large, elle descend vers la mosquée pour se retrouver ensuite dans un goulot d'étranglement qui reprend ensuite la largeur de la rue en arrivant à la mosquée. Il est évident que les constructions qui bloquent ainsi la route ont été réalisées en dehors de toute norme légale. Ajoutons à cela des problèmes récurrents de transport pour les quartiers Bellili, l'Abattoir, la Carrière et les zones avoisinantes qui restent très mal desservies. Longue est la route Il faut faire quasiment plus d'un kilomètre pour rejoindre la gare routière située à l'entrée principale de la ville. Un commissariat de proximité a été construit, il apporte un semblant de sérénité dans les lieux même si les patrouilles se font rares. Une benne tasseuse a fait son apparition pour un ramassage des ordures biquotidien. Une initiative applaudie par le voisinage, hormis le fait qu'il n'existe pas de poubelles pour que les habitants des cités Lsp, Cnep, logements sociaux et autres puissent au moins mettre leurs déchets ménagers dans un endroit approprié pour faciliter ainsi le ramassage. Mais concernant cet état de fait, les élus locaux, ou du moins ceux qui sont censés être dans cette mission n'ont pas trouvé mieux que d'installer une décharge d'ordures ménagères regroupant tous les dépôts des zones avoisinantes à moins de deux cents mètres des habitations les plus proches, avec comme «excellente idée» de brûler ces ordures chaque soir pour les journées d'hiver, et chaque nuit pour les journées estivales sur une colline de chaïba. Ce qui envahit les lieux d'une fumée toxique et fondamentalement létale suite à ce brûlis systématique de déchets ménagers, ferreux et plastiques fortement polluants et nocifs. Plusieurs citoyens se sont plaints de ce comportement assassin des responsables qui font fi des questions de santé dont sont victimes des adultes, bébés et vieux à qui il est interdit d'ouvrir un tant soit peu des fenêtres en ces périodes caniculaires au risque d'avoir, et c'est avéré déjà, des problèmes de respiration, de maux de tête et malaises récurrents suite à ces invasions de fumées toxiques. Aux citoyens qui se sont plaints, il a été demandé de s'organiser. Une réponse facile qui élude la responsabilité des concernés dans une démission programmée. Les élus locaux se lavent les mains et renvoient les habitants à leurs pénates enfumées et toxiques avec une responsabilité qui n'est pas la leur, sachant qu'il s'agit là précisément d'un problème de salubrité publique qui est du ressort du maire et de ses assistants et rien de plus. Santé publique, dites-vous ? Que dire alors aussi de cette cocasse image d'un bidonville paradoxalement, tout simplement adossé… au commissariat avec toutes les contraintes inhérentes. La suite de la virée dans les lieux n'est pas plus heureuse, elle nous montre des alentours de cités complètement désertes, aucun espace vert même à proximité de la place centrale du quartier principal de Bellil. Il faut dire qu'à part quelques gestes citoyens, aucun espace vert n'a vu le jour depuis. Les bénéficiaires de logements LSP par exemple ont pourtant payé un surplus dans leur apport de 250 000 dinars pour l'élaboration d'espaces verts et l'on se demande alors où est passée cette somme qui a été demandée en plus !? Si l'on ajoute à tout cela les tergiversations de l'Ade qui distribuait de l'eau un jour sur deux et se met à distribuer cette denrée rare un jour sur trois quand elle veut bien, et surtout, à des heures impossibles, en des périodes caniculaires et ramadanesques. Que répond ladite Ade !? Qu'elle n'est que simple gestionnaire (sic !) et non productrice de ce précieux élément, malgré une station de dessalement créée sur Fouka et un barrage bien pourvu à Boukerdane. L'Ade a de quoi se laver les mains… puisqu'elle affirme aux usagers insistants que les élus locaux n'ont pas encore signé la libération de l'eau pour les citoyens pour je ne sais quelle raison, tout cela en sachant que des familles complètes se trouvent avec un jerrican à la main à remplir de l'eau à la mosquée à trois heures du matin (constaté de visu par le reporter, ndlr). L'anarchie qui trône en ces lieux ne cesse de créer des désagréments aux citoyens sans qu'aucun geste ne soit consenti par des responsables qui sont élus et surtout payés pour ne pas chômer. L'électricité est coupée souvent d'une manière intempestive et répétée en créant des problèmes inévitables aux appareils domestiques, la mosquée livre ses adhans et lectures coranique à tue-tête à coups de décibels dépassant la norme requise dans le mépris le plus total du repos des enfants et des vieux. Et ces nouveaux quartiers de Bellili, Ofla, Carriere, Chaïba, et même plus bas vers Khemisti, subissent le diktat d'une urbanisation féroce sans les règles d'usage, avec une absence totale et tout simplement méprisante des responsables en charge de leurs administrés. Il est urgent qu'une visite en haut lieu se fasse pour constater de visu cette misère entretenue sur un feu d'émeute couvé qui risque de partir à tout instant sachant la formidable énergie de la jeunesse dans ces lieux qui sombre dans l'oisiveté sans aucun espace dédié à la détente, au sport ou à la chose culturelle. Il est temps que cesse la gabegie qui fait de ces quartiers des zones insalubres, mortelles, et tout simplement invivables alors qu'ils ont tout pour être des havres de paix. Doit-on être nostalgique de cette ville coloniale qui a été un jour une Castiglione paradisiaque !? Pour oublier ce qu'est aujourd'hui un Bou-Ismaïl infernal ?