Depuis la fin du mois sacré de Ramadhan à ce jour, c'est-à-dire en ce début de deuxième semaine de l'Aïd el Fitr, on assiste sur l'ensemble des marchés de la wilaya de Mascara à une montée en flèche des prix des produits de première nécessité, y compris ceux des fruits et légumes. Les consommateurs et les ménagères aux bourses modestes ne savent plus à quel saint se vouer face à l'envolée des prix qui passent du simple au double, voire au triple pour l'ensemble des produits. C'est dramatique : ce qui se passe sur nos marchés, tout coûte les yeux de la tête, le kilo de la carotte passe à 120 dinars alors qu'il etait à 20 dinars, la pomme de terre, quant à elle, flambe à 55 dinars, la tomate fraîche varie de 100 à 120 dinars, les navets ont affolé la mercuriale où le prix a affiché 150 dinars le kilogramme, les citrons locaux à 200 dinars le kilogramme, etc. Malheureusement, sur les marchés, c'est à qui mieux-mieux. Aucun accord n'est aujourd'hui respecté malgré les pseudo- engagements pris de part et d'autre, à l'exemple de l'UGCAA des deux ailes qui se disputent le leadership de la politique alimentaire (Union générale des commerçants et artisans algériens), qui font plus dans la course aux chaises qu'à préserver les consommateurs de la cherté des prix. Les brigades mixtes, il faut d'ailleurs le souligner, ne font que contrôler la qualité, vu l'économie de bazar. « C'est vraiment de la poudre aux yeux ! », s'insurge un citoyen rencontré au marché anarchique au lieu-dit ‘El-Argoub'. Les produits proposés à la vente n'ont connu aucune diminution, et ce, contrairement à la semaine de sensibilisation prônée par le porte- parole de l'UGCAA au niveau de la wilaya de Mascara, et dont le discours, comme à chaque fois et à la veille du mois sacré de Ramadhan, s'apparente plus à des manœuvres politico-politiciennes qu' à une volonté réelle de maîtrise de la mercuriale pour permettre de répondre aux besoins de consommation des ménages aux bourses rudimentaires. Les autorités au niveau de la wilaya de Mascara, en cette période de pointe, à l'instar des autres régions du pays, où une véritable anarchie dans les prix s'est instaurée comme un avant-goût digne de la détérioration du pouvoir d'achat des citoyens de la troisième couche de la société algérienne, aucun engagement n'a été pris pour contenir la flambée des prix des produits de première nécessité pendant et après Ramadhan. Dans ce contexte lamentable, pour rappel, le ministre du Commerce, M. Mustapha Benbada, dans une de ses sorties médiatiques des plus émoustillées, a rassuré la troisième couche sur un rapide retour à la normale des prix sur les marchés. Malgré ces engagements pris par le premier responsable du secteur livré aux quatre vents, les citoyens ont été complètement dépouillés. Aujourd'hui, même avec 2 000 dinars par jour, il est impossible d'acquérir quelques morceaux de viande fraîche. Même les fonctionnaires et les autres agents de l'administration qui ont vu leurs salaires révisés à la hausse par l'Etat providence, à l'exemple de ce fonctionnaire qui touche environ 40.000 dinars, marié, cinq enfants, nous a déclaré : « Nous avons été durement affectés par les hausses des prix des produits de large consommation en plus des augmentations exorbitantes des prix des fruits et des légumes, par le renchérissement des produits céréaliers où le prix du kilogramme de la semoule dite ‘supérieure' a frôlé les 110 DA le kilo dans la wilaya de Mascara. Le nouveau salaire perçu, contrairement à ce que l'on pourrait penser, est loin, très loin de couvrir les besoins les plus essentiels», affirme notre interlocuteur complètement désabusé. Qu'il s'agisse des fruits et légumes, des viandes, des œufs et autres produits laitiers, ou encore l'offre du sucre, du beurre, du concentré de tomate et de la farine, la mercuriale a allégrement surpassé les limites du supportable. Ce n'est plus la liberté des prix mais plutôt la liberté de dépouiller les malheureux consommateurs, dont le salaire misérable ne dépasse guère les 20.000 dinars. En ce qui concerne les prix de la viande importée de l'Inde, ils demeurent relativement élevés chez les divers distributeurs privés qui ont pignon sur rue où le kilogramme avoisine les 750 dinars. Encore une fois, les fonctionnaires, qui sont grassement payés, devraient faire l'effort nécessaire afin d'amener les commerçants indélicats à « jouer le jeu » en respectant scrupuleusement les marges bénéficiaires réglementaires, ce qui ne manquera pas de se répercuter sur le pouvoir d'achat du citoyen. Les boulangeries qui ont été fortement perturbées en ce mois de jeûne ont brillé par leur absence durant et après l'Aïd. Tous pratiquement ont préféré baisser rideau, défiant ainsi les autorités ,et ce, malgré les nombreuses mises en garde des uns et des autres sur des sanctions à l'encontre des contrevenants. A l'heure où nous mettons sous presse, le prix de la baguette oscille entre 15 et 20 dinars. Le jour de l'Aïd, le pain s'est vendu en certains endroits à 40 dinars l'unité. La plupart des boulangers dans la wilaya de Mascara ont, d'une manière ou d'une autre, fait flamber les prix du pain. Aussi, il faut clairement mettre à l'index les diverses ‘Apc' qui n'ont proposé aucune solution pour régler le problème de l'insuffisance des marchés de proximité, à l'exemple du chef-lieu de wilaya, où on a préféré délocaliser le marché communément appelé 'Trig El Oued' pour le transférer vers un autre lieu, jugé trop loin pour les quartiers populaires de Baba-Ali, Faubourgg de la gare (Sidi El Mazari), Medbeur et Khessibia, voire même la commune d'El-Keurt, qui font les frais de ces décisions irrréfléchies de responsables incompétents en la matière. Des quartiers entiers et même limitrophes du chef- lieu de wilaya ne disposent pas d'un marché qui se respecte, ce qui provoque la ruée vers l'unique marché couvert propice à toutes les arnaques, et un autre marché situé sur la route de Selatna . Quand les responsables se sont servir par camions entiers quantité de fruits et de légumes, le peuple est tout nu ! N'en déplaise à certains, la spéculation favorise la corruption.