Photo : Riad Par Amar Rafa «Nous sortons sur place pour sensibiliser la majorité des commerçants pour réguler un petit peu les prix de première nécessité durant le mois de carême. En ce qui concerne les fruits et légumes, le pain et les produits agro-alimentaires, la sensibilisation va se faire sur place. Des délégations de l'UGCAA vont se déplacer sur les lieux, au niveau des marchés de gros et marchés de détail pour sensibiliser le commerçant». Cette déclaration a été faite hier par le responsable de l'Union générale des commerçants et artisans d'Alger (UGCAA), au sujet des activités que compte lancer cette organisation à la veille du mois du Ramadhan. Comme une rengaine, elle intervient à chaque veille de Ramadhan. On parle de régulation des prix, de contrôle de la qualité. Et tutti quanti. Mais dès le début du mois sacré, les ménages découvrent à leur corps défendant, le contraire. Les produits de première nécessité et spécialement ceux entrant dans la préparation de la chorba sont livrés à la spéculation. La mercuriale s'affole au motif que ces mêmes produits sont livrés à la sacro-sainte loi du marché. Bien évidemment, la règle de l'offre et de la demande est en partie mise en évidence pour justifier l'envolée des prix, mais elle n'explique pas tout. Sinon, comment expliquer que les prix passent du simple au double, en une période assez courte, dès que le mois sacré pointe du nez. L'absence de ces mécanismes de régulation et de contrôle tant évoqués en est bien la vraie cause. A telle enseigne que le commun des mortels se demande quelle emprise réelle ont, sur le marché, tant les organisations représentant les commerçants que les pouvoirs publics. Il est vrai que la libéralisation des prix décidée par l'Etat, subséquemment à l'avènement de l'économie de marché, a signifié jusqu'à présent une emprise sur le marché de l'informel. Et le consommateur y est livré sans moyens de défense à même de sauvegarder ses intérêts. A se demander, le cas échéant, si une campagne de sensibilisation conjoncturelle suffit pour endiguer des maux qui ont pour mot : la spéculation, le gain facile. On peut y répondre par la négative, sans risque de se tromper. N'est-il pas temps de trouver des mécanismes de régulation appropriés, quitte à inonder le marché en cette période propice à la spéculation, pour justement y mettre fin ? Cela n'est pas sans rappeler que les pouvoirs publics ont procédé au plafonnement des prix de quelques produits de première nécessité les plus consommés. La liste gagnerait à être étendue aux produits agricoles, objets de spéculation. En attendant, certains commerçants dont c'est le mois du profit, continueront à bâtir leurs fortunes de surcroît, acquises aux dépens du citoyen au revenu modeste qui, saigné à blanc, n'a que ses yeux que pour pleurer. C'est connu : les économiquement faibles sont les éternels dindons de la farce de toute économie de bazar.