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La guerre dans la doctrine islamique

La vaste entreprise que s'est fixée notre pays, à la recherche de son passé culturel, sous la forme d'une passionnante et exaltante tâche de redécouverte et de rénovation n'écartent pas l'hypothèse des véritables découvertes. Découvertes en ce sens que de nobles figures des mondes scientifique et artistique, dont les valeurs furent étouffées pendant de nombreuses années, ne sont connues actuellement que par quelques cercles, le plus souvent d'amis. Leur tâche est aujourd'hui de divulguer ce qu'ils savent. L'un d'eux a voulu rendre un vibrant hommage au cheikh Abderrahmane Ben El-Haffâf...
Les Arabes étaient libres de contracter alliance avec La Mecque ou Médine. Les musulmans pourraient visiter les Lieux Saints l'année suivante, mais sans armes. Le séjour ne devait pas dépasser trois jours. Médine devait renvoyer aux Mecquois même les musulmans qui se réfugièrent dans son sein. Par contre, La Mecque n'était pas tenue d'observer la même obligation. Cette clause souleva les protestations des musulmans. Mais la fermeté du Prophète les apaisa. Après avoir accompli sur place les rites du pèlerinage, les musulmans retournèrent à Médine. Tranquillisé momentanément du côté de La Mecque, le Prophète s'occupa de régler le compte qu'il avait avec Khaïber. C'est à l'instigation de cette ville que s'était formée l'armée des confédérés et pareille menace ne devait point rester suspendue sur la tête des Médinois. Khaïber, ville forte entourée de forteresses, était par la fertilité de son territoire devenue extrêmement riche. Elle pouvait mettre sur pied dix mille combattants recrutés parmi ses propres enfants. Afin de prévenir un deuxième siège des confédérés, peut-être mieux organisé que le premier, le Prophète se présenta devant Khaïber avec mille six cents compagnons. Après quelques jours de siège, les forteresses cédèrent l'une après l'autre jusqu'à la prise de la ville. La paix accordée par le Prophète aux habitants fut légère. Il les autorisa à rester sur leurs terres, à charge pour eux de remettre la moitié des produits aux musulmans. Il désigna aussi un gouvernement pour administrer le pays. Après la terminaison de cette affaire, vint enfin un temps de repos que le Prophète utilisa pour s'occuper d'étendre sa mission au-delà de l'Arabie. Envoi d'ambassadeurs aux Prophètes de l'époque Chargé d'appeler l'humanité à reconnaître l'unité de Dieu, le Prophète devait faire appel à tous les peuples. Il envoya donc des ambassadeurs à Héraclius, Chosroès, Moukaoukess, Négus... Les musulmans ont conservé le texte des lettres que le Prophète leur adressa. Ces lettres étaient (à part quelques variantes) écrites dans le même sens : appel au monarque et à son peuple en vue d'embrasser l'Islam. Voici le texte de la lettre à Héraclius. «Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux. De la part de Mohammed, adorateur et Envoyé de Dieu, à Héraclius, chef des Grecs. Salut à quiconque suit la bonne voie. Ensuite je t'appelle à la foi musulmane ; convertis-toi à l'islam, tu seras sauvé et Dieu te donnera une double récompense. Si tu te détournes de l'Islam, tu seras également responsable du péché commis par tes sujets. O gens de l'Ecriture, venez à l'appel d'une parole qui est commune à nous comme à vous, à savoir que nous ne devons adorer que Dieu et nous ne devons lui associer personne, qu'aucun de nous n'en prenne quelque autre comme souverain suprême à l'exclusion de Dieu. S'ils se détournent de cet appel, dis-leur (Mohammed) : soyez témoins que nous sommes musulmans». Les ambassadeurs du Prophète furent reçues diversement par les monarques. Le Négus et le Moukaoukess répondirent au Prophète par leur conversion à l'Islam et lui adressèrent des présents. Chosroès déchira la lettre du Prophète. Quant à Héraclius, il invita son peuple à embrasser l'Islam ou à payer un tribut aux musulmans, ou encore à leur abandonner une partie de la Syrie. Mais les trois solutions furent refusées. Après cette mise en demeure céleste, toutes déclarèrent spontanément, Aïcha en tête, que rien au monde ne les détournerait de la voie de Dieu, et en récompense de leur soumission, elles obtinrent la définition exacte de leur rôle auprès du Prophète. «O femmes du Prophète ! vous n'êtes point comme les autres femmes ; si vous craignez Dieu, ne montrez pas de complaisance dans vos paroles, de peur que l'homme dont le cœur est atteint d'infirmité ne conçoive de la passion pour vous. Tenez toujours un langage honnête. Restez tranquilles dans vos maisons, n'affectez pas le luxe des temps passés de l'ignorance (avant l'Islam) ; observez les heures de la prière ; faites l'aumône ; obéissez à Dieu et à son Prophète, Dieu ne veut qu'éloigner l'abomination de vous toutes de sa famille et vous assurer une pureté parfaite». Ayant charge de missionnaire et par surcroît, d'organisateur d'Empire, Mohamed avait sans cesse l'esprit en mouvement. Les problèmes qui se présentaient à lui demandaient des solutions urgentes, et ces solutions, il les recevait par la révélation. A toute heure de la journée et de la nuit et même dans son lit, le Prophète reçut ces révélations. Mais si dans la journée et au milieu des croyants, on était sûr de trouver toujours des secrétaires ainsi que des mémoires fidèles pour colliger la parole divine, il n'en eût pas été de même durant la nuit si le Prophète avait été seul. Or, l'être dont la présence continuelle peut être supportable, la nuit, c'est l'épouse. D'autre part, l'humanité ne peut exiger d'une seule épouse de veiller toutes les nuits et cela pendant des années. Pourtant, c'était la règle chez les femmes du Prophète de passer la nuit assises devant lui pendant qu'il dormait. Il existe plusieurs traditions qui constatent le fait. Les épouses du Prophète remplissaient donc auprès de lui les fonctions de gardiennes de la parole divine, mais chacune ne devait veiller qu'une nuit sur neuf. «Repassez dans votre mémoire les versets du Coran que l'on récite dans vos maisons ainsi que (les paroles de) la sagesse ». Depuis le jour de la révélation de ce verset, les vénérées mères des croyants eurent conscience de leur rôle dans l'Islam. Elles savaient que ce rôle était de recueillir les versets du Coran et les paroles que prononçait le Prophète en leur présence et de les graver dans leur mémoire. La réponse que fit un jour Zaïneb Bent-Jahch à Omar nous fixe sur le degré de compréhension de ce rôle dans l'Islam : «Tu es animé de jalousie à notre égard ô Ibn-El-Khatab ; cependant la révélation descend parmi nous». Dès que ce rôle fut compris et précisé définitivement, le privilège de prendre d'autres femmes fut retiré au Prophète : «Il ne t'est pas permis de prendre d'autres femmes que celles que tu as, ni de les échanger contre d'autres, quand même leur beauté te charmerait, à l'exception des esclaves que tu peux acquérir». Ce verset explique le privilège du Prophète ; si la pluralité de ses épouses n'avait pas eu d'utilité pour l'établissement de la religion, l'obligation pour lui de les conserver ainsi que l'interdiction d'en prendre d'autres seraient incompréhensibles, d'autant plus que ces femmes n'avaient de mère que le nom. En effet, comment se fait-il donné un seul enfant à l'homme qui en avait eu sept de Khadidja ? Ce fait extraordinaire pose également le dilemme suivant : Ou ces femmes étaient incapables de perpétuer l'espèce, alors leur réunion sous le même toit n'aurait pu se produire que par des voies surnaturelles, ce qui écarte toute idée de bassesse de la part du Prophète. Ou ces femmes étaient aptes à remplir leur fonction naturelle, mais Dieu les en dispensa, ce qui prouve qu'elles avaient d'autres rôles auprès du Prophète que celui d'épouses seulement. Leur multiplicité s'explique, chacune d'elles ne devant veiller qu'une nuit sur neuf. Ce qui leur permettait de remémorer pendant huit jours les paroles que prononçait le Prophète en leur présence et de rapporter à la postérité le dépôt sacré dont elles avaient la garde. En réalité, le monde ignore le degré de respect que professent les musulmans pour leurs mères adoptives. Les traditions rapportées par elles sont classées au même rang que celles des compagnons du Prophète. Et Hafça Bent-Omar qui était experte en écriture avait reçu la mission sacrée de garder chez elle l'unique manuscrit du Coran qui existât. Il reste deux questions que nous ne devons pas passer sous silence : les calomnies contre Aïcha et le mariage de Zaïneb. Calomnies contre Aïcha C'est l'histoire d'Aïcha qui a provoqué la grande loi du respect assuré à la femme musulmane à un degré qu'aucun peuple n'a égalé et sans qu'aucun changement d'autorité l'ait ébranlé jusqu'à ce jour. La fille d'Aboû-Bakr, âgée de 9 ou 11 ans, fut la seule vierge qu'eût épousé le Prophète, et le mariage bien entendu ne devait être consommé qu'après la puberté d'Aïcha. Le choix de cette enfant avait plusieurs raisons d'ordre religieux, donc social. Aïcha fut la première femme musulmane née et élevée dans le berceau de l'Islamisme. Elle était douée d'une intelligence rare et possédait une mémoire prodigieuse. Les centaines de traditions rapportées par elle, traditions concernant principalement les droits de la femme, mais embrassant toutes les questions religieuses, juridiques, sociales et même philosophiques, montrent le degré de son intelligence et la sûreté de sa mémoire. Non seulement Aïcha savait lire et écrire, mais elle mérita d'être classée parmi les premiers jurisconsultes, au même rang que les quatre Khalifes inspirés. (A suivre)

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