Tout en faisant référence au contrat-bail de 99 ans liant le Groupe algérien des entreprises publiques Sider à l'indien Ispat devenu par la suite ArcelorMittal, le géant mondial de l'acier, la convention d'investissement et de partenariat renouvelable tous les dix ans devrait être signée le 17 octobre prochain. La convention, qui arrive à expiration le 18 octobre 2011, avait permis à l'Indien Lakshmi Mittal de prendre possession de 70% des actifs du complexe d'El-Hadjar. Elle accordait au partenaire étranger plusieurs avantages dont l'exonération des charges fiscales et parafiscales, des crédits à taux bonifiés, un abattement conséquent sur l'énergie (électricité et gaz)… La même convention sera donc reconduite pour 10 autres années. C'est ce qu'a annoncé, jeudi, le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, Mohamed Benmeradi. «ArcelorMittal est appelé à engager un investissement complémentaire. Il va de soi que partie prenante de cette société, l'Etat algérien poursuivra l'investissement pour asseoir une production sidérurgique nationale très importante pour l'économie nationale», a-t-il indiqué à sa sortie du Sénat où il était intervenu pour répondre à des questions orales. La convention 2011/2021 comporte les mêmes avantages et une meilleure position en matière de taux bonifié des crédits puisqu'initialement à 5%, il a été revu à la baisse pour être fixé à 2%. Au titre des obligations, outre la création de postes d'emploi, l'associé indien devait également procéder à la rénovation, réhabilitation ou changement des installations de production, augmenter les capacités de production du complexe sidérurgique et s'assurer autant que faire se peut de la satisfaction des besoins du marché national en produits sidérurgiques. Comme en 2001, la cérémonie de signature du contrat par les deux associés sera présidée par le Premier ministre algérien et le grand patron du groupe ArcelorMittal. Elle sera précédée par de nombreuses visites sur le terrain de responsables des deux groupes ainsi que du ministre (ou ses représentants) de l'Industrie. Ces visites s'inscrivent dans le cadre de la mise en route du plan d'investissement de 500 millions d'euros récemment approuvé par le Conseil de participations de l'Etat. Dans le lot des investissements, il y a le changement de la cokerie et la réalisation d'une unité de réduction directe pour la production de 2,4 millions de tonnes d'éponge d'acier. Cependant, toutes ses bonnes intentions de partenariat renouvelé ne pouvaient être matérialisées alors que les filiales Tuberie sans soudure et la mine de l'Ouenza sont secouées par des crises socioprofessionnelles. La première n'a pas disposé de plan de charge depuis 15 mois, imposant à ArcelorMittal de payer sans contre-partie les salaires à termes échus de 370 salariés. Au début de ce mois, les travailleurs des deux filiales, appuyés par leurs syndicats respectifs et celui de l'entreprise ArcelorMittal que préside Smaïl Kouadria, lançaient de véritables ultimatums à destination du ministère de l'Industrie et celui de l'Energie et des Mines. «Donnez-nous les moyens de vendre notre produit», affirmaient les travailleurs de la TSS. «Réhabilitez et rénovez notre outil de production», revendiquaient les mineurs de l'Ouenza. Puis, comme s'il s'agissait d'un mot d'ordre lancé à la même minute à destination de tous les opposants et autres créateurs d'obstacles, la situation prit une toute autre tournure. Un bon de commande est adressé à la TSS par un de ses plus importants clients. La Sonelgaz s'est soudainement rappelé qu'elle avait besoin de 4 000 tonnes de tubes sans soudure, soit l'équivalent de 70 km de pipeline pour le transport de son gaz. Le même jour, les grévistes de la mine de l'Ouenza décident unilatéralement de la reprise du travail après une dizaine de jours d'arrêt de la production. Ainsi, prenait brusquement fin, dans la journée de jeudi, le grand show auquel s'adonnaient à guichets fermés les 6 000 salariés et leur syndicat dans l'indifférence des décideurs.