Enseignant avant d'être journaliste, écrivain avant d'être comédien, Fouad Bentaleb est un homme comblé puisqu'il a goûté à toutes ses passions. Retraité de l'éducation nationale à laquelle il a offert son savoir et ses plus belles années, journaliste sportif dynamique, un métier qu'il continue à exercer avec la même rigueur, Fouad Bentaleb s'est tourné, il y a quelques années, vers la comédie, dévoilant ainsi une autre facette de sa riche personnalité. Si le téléspectateur s'est plus ou moins habitué à le voir sur le petit écran de télévision dans des rôles secondaires, il va sans doute mieux apprécier le talent de cet acteur à qui des réalisateurs de la trempe de Mohamed Chouikh ou Moussa Haddad viennent de confier des personnages de plus grand importance dans leurs prochaines productions. Ainsi, dans le dernier long métrage de Chouikh intitulé «El Andaloussi», Fouad Bentaleb joue le rôle d'Abou Hamza El Andaloussi, homme de culture et de science et roi, mais dont les événements se sont retournés contre lui. Cet homme a, en effet, tout perdu sauf la cohésion familiale, ce qui lui permet de toujours continuer à affronter l'adversité. «Bien que ce ne soit pas le rôle principal, mon personnage est important car c'est un rôle de composition», nous a dit le concerné. Tourné dans La Casbah d'Alger, à Dar Abdeltif et dans d'autres endroits de la capitale, ce drame social évoque l'Algérie du temps d'El Andalouss, période faste où le maniement de la langue arabe, des lettres et des sciences étaient à leur apogée. D'ailleurs, l'utilisation de l'arabe académique dans le film sera un plus pour Fouad Bentaleb, lui qui manie si bien la langue d'Al Moutanabi. Distribué aux côtés de Malika Belbey, Bahia Rachedi, Laghouati ainsi que d'une palette de jeunes acteurs issus de l'Institut d'arts dramatiques de Sidi Bel Abbès, Fouad Bentaleb estime que cette expérience ne peut qu'être bénéfique pour la suite de sa carrière. L'autre long métrage dans lequel il a bénéficié d'un rôle et qui est en phase de montage est «Harraga 2» de Moussa Haddad. A travers ce film qui traite de ce phénomène migratoire qui est en train d'attirer chaque année dans ses filets morbides des dizaines de jeunes, le réalisateur essaye de faire prendre conscience aux jeunes de tous les dangers qu'ils encourent dans cette traversée de la mort. «Je campe le personnage du procureur de la République. J'ai pour rôle d'appliquer la justice mais aussi de donner des conseils à tous ces jeunes qui prennent des risques pour une place au soleil», a indiqué Bentaleb. Et d'ajouter : «Le rôle était important et je suis heureux d'avoir fait ce film car j'ai travaillé avec un grand réalisateur, tout comme avec Chouikh, car ils ont leur manière de travailler et on apprend énormément à leur contact». Pour le comédien, «ces deux films auront sans doute un écho favorable auprès du public car ils sont parmi les plus importants de cette année». Avant ces deux films, Fouad Bentaleb a été distribué dans «Aïssat Idir» de Kamel Leham. Il y a campé le rôle d'un citadin propriétaire d'une librairie, lieu de débats et d'échanges d'intellectuels épris de liberté. «Je me suis beaucoup retrouvé dans ce rôle et le réalisateur a été touché par mon interprétation», a-t-il souligné. Le film a été diffusé par la télévision et a été doublé en tamazight. Celui qui, il y a une poignée d'années, était encore méconnu du téléspectateur algérien est en train de gagner peu à peu en reconnaissance. En témoignent toutes ces propositions qu'il reçoit de la part de réalisateurs. Cependant, tel qu'il le précisera lui-même, «pour accepter un rôle, il faut que j'aie la conviction de pouvoir apporter quelque chose aux autres ainsi qu'à moi-même à travers des expériences ou des messages forts, sinon, je ne m'implique pas». Et d'ajouter : «Je reste convaincu qu'il y a des rôles qui peuvent nous entraîner haut comme il y en a qui peuvent nous faire du tort. En fait, le public algérien a un regard très critique et, donc, il ne pardonne pas la bêtise et la médiocrité». Pour Fouad Bentaleb, «la vie est un combat perpétuel et, donc, il faut toujours œuvrer à travailler pour laisser son empreinte. Le bonheur est double lorsque l'on se rend compte qu'on a donné satisfaction et que l'autre a acquis quelque chose de positif. Sur un plan personnel, le bonheur de n'importe quelle personne consiste en la réussite des siens. Pour ma part, j'ai réussi à inculquer à mes enfants des principes et des valeurs auxquels je tiens moi-même». Au terme de notre rencontre avec cet homme affable et généreux, Fouad Bentaleb n'a pas manqué l'occasion pour nous dire : «Je ne crois qu'en le défi et je me lance des défis au quotidien, c'est mon moteur».