Le poète sud-africain Breyten Breytren-Bach a appelé jeudi à Alger à la création d'une «commission culturelle bipartite, débarrassée des lourdeurs administratives», pour rapprocher les hommes de culture sud-africains et algériens. Le poète sud-africain qui animait une conférence-débat, organisée en marge du 16e Salon international du livre d'Alger (Sila), estime que son pays et l'Algérie qui ont des traditions de lutte pour leur indépendance «se sont perdus en chemin ces dernières années» et devraient renouer les liens distendus. L'appel de l'intellectuel sud-africain s'appuie, selon lui, sur la «ressemblance frappante entre nos deux peuples» en termes de construction post-indépendance, marquée par «...le refus du diktat de l'ancienne puissance coloniale, pour les Algériens, et celle la minorité (blanche) dominante, pour les Sud-Africains». Cet appel qu'il souhaite être entendu s'inscrit dans la droite ligne de l'esprit panafricain annoncé par les organisateurs du Sila et incarné par des intellectuels africains, tel que lui, et qui se veulent citoyens du monde épris de liberté pour les peuples en Afrique et ailleurs dans le monde. Né au Cap (Bonnival) en Afrique du Sud, en 1939, Breyten-Bach a longtemps combattu l'apartheid. Un engagement qui lui a valu sept ans d'emprisonnement sous le régime raciste. Français d'adoption, Breyten Breytren-Bach est poète, essayiste, dramaturge et peintre. Fervent défenseur de la cause palestinienne, il a été taxé d'antisémite, suite à la lettre ouverte qu'il a adressée à l'ancien Premier ministre israélien, Ariel Sharon, lors de sa visite aux territoires occupés de la Palestine, à l'invitation du défunt poète Mahmoud Darwich, pour lequel il voue une admiration sans bornes. Le poète sud-africain a rendu, à cette occasion, un hommage appuyé au poète palestinien, disparu en 2008. L'intellectuel sud-africain a, par ailleurs, salué les changements intervenus dans nombre de pays arabes, tout en émettant des réserves sur l'intervention étrangère dont il doute qu'elle soit «sans arrière-pensées». A ce à propos, il a jugé que «ce sont les mêmes raisons qui font bouger les peuples depuis toujours. En d'autres termes, la liberté et les arabes ne sont pas en reste : ils l'a chérissent tout autant que les autres peuples», a-t-il conclu. La 16e édition du Sila, qui a été officiellement inaugurée mercerdi au complexe olympique Mohamed-Boudiaf par la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, regroupe plus de 500 éditeurs, nationaux et étrangers. Le Salon qui se poursuivra jusqu'au 1er octobre prochain, est placé pour la présente édition sous le signe de «Le livre délivre» et sera ouvert de 10h à 19h au public, chaque année plus nombreux depuis le retour du Salon au début des années 2000.