Les pays européens ont remis mardi au Conseil de sécurité de l'ONU un nouveau projet de résolution, qui prévoit des menaces de sanctions contre le gouvernement syrien plutôt que des sanctions immédiates, ont indiqué des diplomates. Rédigé par la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et le Portugal, ce projet de résolution vise à surmonter la menace d'un veto de la Russie et de la Chine. Selon une copie du projet de résolution, le Conseil de sécurité exige la «fin immédiate de toute violence» du gouvernement syrien contre la contestation. Le Conseil «exprime sa détermination, dans le cas où la Syrie ne se conforme pas à cette résolution, à adopter des mesures ciblées, y compris des sanctions», ajoute le texte. «Nous voulons adresser un message fort et uni pour faire en sorte que le régime d'Assad ne reste pas sourd aux demandes de la communauté internationale», a déclaré un diplomate ayant requis l'anonymat. La Russie et la Chine, qui disposent d'un droit de veto au Conseil de sécurité sont hostiles à l'adoption de sanctions, tout comme le Brésil, l'Inde et l'Afrique du Sud. «Nous voulons que le Conseil approuve rapidement quelque chose. Nous allons vers quelque chose d'assez menaçant», a commenté un autre diplomate, selon lequel le projet pourrait être adopté dans les vingt-quatre heures. Le Conseil de sécurité s'est contenté jusque-là d'une déclaration sur la répression des manifestations en Syrie qui, selon l'ONU, a fait plus de 2 700 morts depuis mars dernier. «Il y a besoin d'une réponse forte du Conseil de sécurité à la répression», a indiqué un diplomate européen. «Nous espérons que cette résolution pourra rassembler rapidement une majorité au conseil», a ajouté un autre diplomate d'un pays membre du Conseil. La précédente version, mise en circulation le mois dernier par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et le Portugal, recommandait des sanctions immédiates à l'encontre de Bachar Al-Assad et de membres influents de son entourage. Ses auteurs souhaitaient la voir adopter aussi vite que possible mais elle n'a jamais été mise aux voix. A Washington, comme à Bruxelles, ont jugé les pays émergents regroupés sous l'acronyme Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) de plus en plus prompts à l'obstruction. Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères russe, a assuré mardi devant l'Assemblée générale de l'ONU qu'ils ne cherchaient pas la confrontation mais des solutions multilatérales. Lundi, depuis la tribune de l'ONU, le ministre des Affaires étrangères syrien, Walid Mouallem, a accusé l'Occident de vouloir semer le «chaos total» en vue de «démanteler» la Syrie. Il a affirmé devant l'Assemblée générale des Nations unies que les manifestations anti-régime étaient devenues le «prétexte à des interventions étrangères», ajoutant que des gouvernements étrangers cherchaient à saboter la coexistence entre les différents groupes religieux en Syrie.