Depuis cinq siècles qu'il est à l'œuvre, le capitalisme a donné naissance à une société planétaire qui fonctionne au prix de l'exclusion des deux tiers de l'humanité à qui il a imposé le supplice de Tantale. En raison de la nouvelle religion qu'il a fondée dans le monde, il a mis au rebut une grande partie de la population mondiale, notamment à partir de sa version récente qui va de la Seconde Guerre mondiale jusqu'à nos jours. Son dernier stade, qui est l'impérialisme comme disait Lénine, manie à la fois la loi du plus fort et la puissance militaire d'anéantissement de toutes les résistances qui s'aventurent à obstruer son chemin : les Nations unies, le FMI, la Banque mondiale et l'OMC, ceci en guise de lois ; les tomahawks, l'uranium 238 faiblement enrichi, les bombes à fragmentation et les frappes chirurgicales en guise de puissance, c'est selon. Les victimes de ce féroce qui s'est déclaré un Deus ex machina sont nombreuses. Dans les années 1970, le gouvernement Allende a goûté au fiel de ce prédateur. Récemment, l'Afghanistan, l'Irak et la Libye (avec la complicité des terroristes intégristes islamistes, les nouveaux harkis de l'entité sioniste) ont eu leur part de tomahawks, de missiles à l'uranium 238 et la disparition de leur souveraineté. Son système à ce Deus ex machina s'appuie sur l'économie, la politique et la guerre. Pour cela, il a inventé le mondialisme qui n'est pas la même chose que mondialisation. Le mondialisme désigne la doctrine économique qui prône l'ouverture des marchés, la suppression des barrières douanières ainsi que la liberté du commerce et de la circulation des personnes. C'est avant tout une idéologie dont l'objectif est d'unifier le monde en détruisant progressivement la souveraineté des Etats-Nations. Cela tombe sous le sens que les Etats-Nations qui se détruisent progressivement sont ceux les plus obéissants. Quant à ceux qui refusent le mondialisme, c'est la disparition violente dans les plus brefs délais qui les attend. La mondialisation est un terme qui apparaît pour la première fois en 1959 dans le journal « the Economist ». Il apparaît ensuite en français dans le journal Le Monde. Il signifie l'accroissement des flux, notamment du volume des échanges commerciaux de biens, de services, de main-d'œuvre, de technologie et de capital à l'échelle internationale, et dérive du verbe «mondialiser», attesté dès 1928. Il se généralise au cours des années 1990, d'une part sous l'influence des thèses d'émergence d'un «village global» portées par le philosophe Marshalle McLuhan et surtout par le biais des mouvements antimondialistes et altermondialistes qui sont la société civile. Celle-ci résiste pacifiquement et revendique un monde dans lequel les échanges entre humains doivent être basés sur la justice et le respect mutuel. Mais la mondialisation est plus vieille que le concept récent. Dans l'histoire antique, à titre d'exemple seulement, les Phéniciens, avant la fondation de Carthage, avaient construit des comptoirs pour le commerce en Afrique du Nord quand celle-ci s'appelait la Libye. Ceci est une mondialisation et c'est naturel. Personne ne peut vivre en autarcie. Le mondialisme a inventé la religion de l'argent devant laquelle tous les pays sont au garde à vous. La dictature mondialiste érigée en Prométhée, a imposé le culte de la modernité abêtissante. Il a aussi développé dans toutes les sociétés du monde l'esprit et la mentalité du gain rapide et de la réussite individuelle. Il a fétichisé les choses et les marchandises de manière que chacun de nous a plusieurs totems à qui il rend grâce à longueur de journée, comme l'automobile chez les peuples qui n'en fabriquent pas. Depuis Pythagore jusqu'à la naissance des premiers capitalistes, la philosophie de l'être a dominé sans partage la philosophie de l'avoir. Depuis le développement de ce système, la philosophie unique qui s'est imposée est celle de l'avoir et de l'avoir plus et de l'avoir toujours jusqu'à la mort. Le mondialisme est associé à des vices qui, s'ils servent la consommation, minent profondément la liberté, la responsabilité et le sens civique. Il crée beaucoup de richesse en créant beaucoup d'inégalité et de misères. La surproduction des nantis va de pair avec le sous-développement du Tiers-monde. Cette situation est faite pour accélérer la croissance mais elle cause aussi la montée des inégalités et des injustices entre les sociétés riches et les sociétés pauvres mais aussi au sein d'une même société. Pour l'information, 25 millions d'Américains disposent d'un revenu équivalent à celui de deux milliards d'habitants les plus pauvres dans le monde (PNUD, 2003). Dans ce même pays, 10 % de la population possèdent 80 % des richesses. J.J. Rousseau a remarqué que plus les hommes modernes ont acquis de puissance, plus ils ont été malheureux, car les moyens qu'ils ont aussi obtenus pour assouvir leurs désirs n'ont fait que multiplier ceux-ci au-delà de leurs moyens. Le mondialisme pour tromper les sociétés leur fait miroiter le bonheur du consumérisme afin que celles-ci existent réellement. Je consomme, donc j'existe, c'est cela sa philosophie. Cette philosophie du marché substitue aux vrais besoins (se nourrir, se vêtir, s'instruire et s'épanouir) des faux besoins et des désirs fabriqués qui manipulent les esprits pour vendre. Il n'y a pas de citoyens du monde mais uniquement des consommateurs mondiaux infantilisés. Comme il n'y a pas d'Etats-Nations souverains mais uniquement des supranationales et des multinationales. Le mondialisme distille le poison de la privatisation jusqu'au génome humain, développe les efforts de vente des marques et installe l'homogénéisation des goûts au détriment des spécificités de tout un chacun. La liberté que promet le mondialisme sert d'écran de fumée à la répression. Pour pousser les hommes à consommer, le mondialisme a inventé le McDonald's et le Coca-Cola. A la place de l'intellect, il nous a imposé le tube digestif. Afin de concrétiser son projet mondialiste, il a déclaré la métaphysique de toutes les anciennes traditions et sagesses périmée. Pour combler ce vide, il nous a inventé la métaphysique du McDonald's et du Coca-Cola. C'est son paradis sur terre et on y est convié. Que demandons-nous de plus ? Un peuple uniquement consommateur qui achète ou pense à acheter, conçoit ou réalise des souhaits de consommateurs tout le temps, c'est cela la religion nouvelle du mondialisme. Quand le mondialisme avec son insistance idéologique de la consommation et son intraitable doxa de la dépense colonise tous les secteurs de nos vies qui devraient être multidimensionnels, nous appelons cela la liberté ! L'économie de marché que préconise le mondialisme a une seule valeur : le profit, une seule activité : acheter, une seule identité : consommer et un seul monde meilleur : le commerce. Dans les années 1950, le chef de file des économistes idéologues qui a mis sur pied ce système du mondialisme, Milton Friedmann, enseignait à ses Chicago boys que chaque théorie économique est un élément sacré du système et non une simple hypothèse ouverte à la discussion. La propagande néolibérale n'a jamais arrêté de mettre la fausse prospérité économique du monde à l'actif de M. Friedmann. Pour cela, il a reçu le prix Nobel d'économie ainsi que sa femme pour services rendus au mondialisme. Sa stratégie du choc, comme l'a appelée Naomi Klein, a fait ravage dans le monde et on le voit bien aujourd'hui aux USA même. Son premier crime contre l'humanité avec ses Chicago boys a été le renversement d'Allende et l'installation de la dictature de Pinochet. Il a été conseiller de Nixon et avait inspiré Reagan et Thatcher. Dans son livre Capitalisme et liberté , il explique sa théorie selon laquelle la réduction du rôle de l'Etat dans une économie de marché est le seul moyen d'atteindre la liberté politique et économique. Ses principes du monétarisme, de la privatisation et de la dérégulation ont été sacralisés préceptes normatifs comme les préceptes de la religion révélée. Culte de la productivité, fétichisme de la marchandise, intégrisme du faux progrès, imbécillité et inculture planétaires, voilà quelques implications pratiques de la nouvelle religion de Friedmann qui est censé garantir la liberté politique et économique. Pour réussir, nous dit Friedmann, les transnationales et les multinationales doivent pouvoir vendre leurs produits dans le monde entier. Les gouvernements ne doivent rien faire pour protéger la propriété et les industries locales. Tous les prix, y compris celui de la main-d'œuvre, doivent être déterminés par le marché, sans salaire minimum fixé par la loi. La privatisation rampante doit concerner les services de santé, la poste, l'éducation, les caisses de retraite, les transports, les sociétés publiques, les banques, la terre, le sous-sol, l'air et même la vie (génome), une véritable guerre politique, économique et militaire. Les multinationales et les transnationales ont le droit de chercher des nouveaux marchés et des nouveaux territoires où que ce soit pour l'enrichissement rapide, quitte à confisquer des pays, des Etats, des terres et des richesses minérales. Une étude de l'ONU en décembre 2006, a révélé que les 2 % d'adultes les plus riches du monde détiennent plus de la moitié de la richesse globale des ménages. L'accumulation d'une telle richesse par une infime minorité de la population mondiale est inhérente au système mondialiste de Friedmann. Abdesselam Kadi Docteur d'université, ancien cadre de la SNTF