Le métier de forgeron se meurt mais l'histoire demeure vivace à travers un homme vénérable du nom de Ghalem Moh Kouider s'était rendu utile à la société en général et aux couches défavorisées en particulier durant la période coloniale, une époque où le métier de forgeron était florissant et rentable. Hélas, le métier de forgeron, qui est sans conteste la plus ancienne création de l'homme après l'ère de la pierre taillée, était devenu l'activité la plus importante qui soit exercée par de nombreuses familles dans la localité de Bordj-Ménaïel jusqu'au point de devenir Dar El-Haddad, surnom qui leur allait très bien à l'image des Abaziz. Toutes les familles qui pratiquaient le métier de forgeron étaient surnommées les «Haddaddine». C'était un métier noble exercé à travers tous les pays de la planète et avec un équipement simple et identique partout dans le monde, soit un four, une enclume, un marteau, un étau, du charbon et un soufflet. Malheureusement, c'est une activité qui se meurt après la mise au point d'autres techniques plus modernes pour le traitement et l'exploitation du fer. Cependant, à Bordj-Ménaïel, il existe au niveau de l'écurie Moh Kouider quelques forgerons qui n'ont pas voulu abandonner cette activité par habitude et par amour du métier, des forgerons desquels se dégage encore une force tranquille propre à eux. Malgré le poids des ans, ils sont là en train de travailler en dégageant une série de sons mats qu'ils arrachent à l'enclume à l'aide de leurs marteaux, des sons qui résonneront longtemps dans nos oreilles et qui en disent long sur l'histoire de la forge et de l'écurie Moh Kouider. Qui était Moh Kouider ? Que représentait-il pour la ville de Bordj-Ménaïel ? La génération actuelle connaît-elle un bout d'histoire de ce personnage dont le nom est demeuré ancré à travers les temps ? Certains forgerons continuent à pratiquer cette activité mis à part le volet maréchal-ferrant qui n'est plus d'actualité. L'écurie de Ghalem Moh Kouider demeure encore vivace grâce à certaines personnes qui malgré l'âge manipulent encore le marteau sans efforts mais mouvementé pour vous façonner des outils impeccables, perfectionnés, des haches, des pioches, des pelles, des burins des marteaux, des fourches et diverses spécimens posés par terre, ou accrochés au mur qui peuvent aisément vous faire un voyage à travers le temps et peut-être remonter jusqu'aux années 1910. C'est l'âge de cette activité qui n'a connu aucune interruption depuis cette époque. D'ailleurs, juste à côté de cette forge, il existe encore les traces d'une cafétéria à l'ancienne méthode celle de lahssira où les gens s'asseyaient par terre pour siroter leur café. Ghalem Moh Kouider était un ancien terrien qui s'était forgé une solide réputation grâce à son esprit créatif, sa servitude et surtout une générosité que lui reconnaissent les citoyens de la région de Bordj-Ménaïel. Il était propriétaire d'un écurie où les maréchaux-ferrants s'occupaient de ferrer les bêtes de somme (chevaux, ânes et mulets) pour devenir plus rentables par le temps par l'existence de plusieurs forges et aussi il était diligentiste puisqu'à l'aide des calèches et des cheveux, il transportait des passagers dans les coins les plus reculés. Il avait sa propre clientèle, malheureusement, il est bien loin ce temps. Durant la guerre de Libération nationale, de nombreux témoins, encore vivants, affirment qu'au niveau de l'écurie Moh Kouider, existait un café, lieu de rendez-vous pour les propriétaires de chevaux, de mulets, d'ânes, qui venaient soigner leurs bêtes de somme et siroter un bon café. C'était l'époque où le métier de la forge fonctionnait à plein régime. A Bordj-Ménaïel, ce métier demeure encore au niveau de cette écurie et où le marteau et l'enclume procurent toujours un son qui résonnera longtemps dans nos oreilles et qui en dit long sur l'histoire de Moh Kouider, de son écurie et de sa forge.