Passé Autrefois, le travail du forgeron était valorisé, bien que les croyances locales l?assimilent parfois à un magicien, voire à un être malfaisant. On situe généralement le village d?El-Kalous dans la région de Aïn el-Hammam, ex-Michelet, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Mais on cite aussi d?autres villages de ce nom dans toute la Kabylie. En tout cas, le nom semble ancien et pourrait même remonter, en dépit de l?article arabe «el» qui l?accompagne, à la période romaine : Lqalous pourrait se lire Callus, la terminaison «-us» étant spécifique des mots latins. Mais même si la forme du nom paraît latine, celui-ci ne date pas forcément de la période romaine ; il pourrait même remonter à l?époque phénicienne : Kalous rappelle un autre nom de lieu, Al-Qul, l?ancien Collo, connu dans l?antiquité sous la forme Chullu, avec, sans doute, la prononciation Kullu. Voilà donc pour le nom. Pour l?histoire, il faut d?emblée dire qu?elle ne figure pas dans les livres et qu?elle a toujours été transmise oralement. C?est ce qui explique que l?on situe le village à plusieurs endroits et surtout qu?il y ait plusieurs versions de l?histoire, même si, sur le fond, tous les récits sont d?accord : le forgeron d?El-Kalous, dans toute la Kabylie, est l?homme qui, par vengeance, a entraîné la destruction de tout un village ! L?histoire a peut-être un point de départ historique, mais, comme beaucoup de faits et événements, elle a été rattrapée par la légende et si on la cite aujourd?hui, c?est pour appeler à prendre garde aux effets dévastateurs de la vengeance? C?était, raconte-t-on, au temps où El-Kalous était un village très fort, le plus fort même de la région. Il était, condition de la puissance à cette époque lointaine, très peuplé et il possédait de vastes territoires qu?il ne cessait d?agrandir aux dépens de ses ennemis, les villages voisins. D?ailleurs, il était souvent en guerre larvée avec eux et ne cherchait que la moindre occasion pour la déclarer. Si, dans certaines versions de la légende, le forgeron est originaire d?El-Kalous même, dans d?autres, c?est un étranger qu?on avait fait venir pour exercer son métier, ou qu?on avait accueilli alors qu?il était en fuite. On évoque, dans ce cas, une sombre affaire de vendetta et de protection, ?a?naya, accordée par El-Kalous. Quoi qu?il en soit, on avait besoin de lui, au village, et l?homme, étant le seul, sur la place, à exercer le dur métier du fer, est intégré dans la communauté. Rappelons qu?à l?époque, le travail du forgeron était valorisé, bien que les croyances locales l?assimilent parfois à un magicien, voire à un être malfaisant. C?est lui qui ferre les bêtes de somme, qui forge et répare les instruments aratoires et les ustensiles domestiques. Il fabrique les portes en fer, les chaînes, il fait aussi office de bijoutier et, surtout, il trempe les couteaux et les épées. On devine qu?étant seul, le forgeron d?El-Kalous a fort à faire toute la journée. Sa forge ne désemplit pas, les commandes succèdent aux commandes? Il s?enrichit très vite, se construit une belle maison et, surtout, symbole le plus évident de l?opulence, à cette époque, il achète des terres? Et le forgeron d?El-Kalous va ajouter, à tout cela, une épouse très belle. La plus belle de la région, dit la légende. Voilà de bons motifs pour susciter la convoitise de ses concitoyens? (à suivre...)