Tel un rouleau compresseur l'islamisme s'empare doucement et sûrement du «printemps arabe». Une montée en puissance qui touche même la Tunisie, un pays réputé pourtant être le dernier bastion laïc du monde arabo-musulman. En effet, les premières informations du scrutin tunisien laissent présager une victoire du parti islamiste Ennahda. Une victoire, du reste, sans surprises. La véritable question est de savoir si la Tunisie laïque chère à Bourguiba tombe, qu'adviendra-t-il d'autres régimes beaucoup moins sécularisés ? En Libye, Abdeljalil, l'ancien ministre de la Justice de Kadhafi, a déjà d'annoncé l'application de la chariâ. On apprend également que son alter ego Mahmoud Jibril, tête de pont de la coalition de l'Otan, ne fera pas partie du prochain «Majlis Choura», première institution «démocratique» de la Libye «libre». Jusque-là quiconque s'opposait à l'intervention militaire en Libye était perçu par une certaine presse comme un être immoral ou un«pro-Kadhafi». Toute critique ou appréhension quant au printemps arabe était rejetée par la propagande guerrière de certains médias dits «dominants». La destruction du pays et les nombreuses victimes civiles qui en ont résultées ne sont rien, semble-t-il, par rapport à la liberté qu'on nous promettait à cor et à cri. Chez ces gens-là, prôner la guerre et l'impérialisme serait devenu un signe de bonne santé mentale. L'absence de neutralité dans la couverture du conflit et le parti pris en faveur des rebelles auront vite embrouillé l'esprit de chroniqueurs formatés à la guerre juste. Après la guerre juste, c'est maintenant au tour de la guerre sainte de profiler son ombre. Si l'on en croît les islamophobes invétérés, la dénatalité dont souffre l'Occident et l'immigration de substitution qui s'en est suivie vont conduire irrémédiablement vers la destruction de ses fondements chrétiens. En prise depuis des décennies à un vide spirituel, la civilisation occidentale serait placée, ainsi, sous la coupe réglée, d'un islam triomphant qui viendrait, à en croire cette assertion, prendre la place laissée vacante par le christianisme. On nous dit que les islamistes sont en embuscade. On veut bien le croire du haut de notre expérience. En bons opportunistes, ils attendent, très certainement, là aussi, leur heure. Enfin, la seule leçon à retenir, pour l'heure, de ce «printemps arabe» est que les «conspirationnistes» ont finalement toujours raison ! Hélas…