La secrétaire générale adjointe des Nations unies aux Affaires humanitaires, Valérie Amos, a tiré la sonnette d'alarme suite à sa visite de cinq jours dans plusieurs régions de la Corée du Nord, où environ six millions de personnes ont actuellement besoin d'une assistance alimentaire d'urgence. Mme Amos a voulu par elle-même se rendre compte de la situation humanitaire sur le terrain et a pu évaluer l'ampleur de celle-ci après sa rencontre avec les autorités, agences de l'ONU et des ONG en place. «Les rations alimentaires apportées par le système de distribution public ont chuté de 400 g par personne et par jour à 200 g en juillet et sont restées à ce niveau depuis, ce qui a aggravé les difficultés des gens ordinaires en RPDC», a expliqué Mme Amos lors d'une conférence de presse à Beijing. Selon la SG adjointe, il existe un manque de 1 million de tonnes de nourriture sur une consommation de 5,3 millions de tonnes, avec une faible qualité nutritionnelle des aliments disponibles, tels que le maïs, le riz et les chou. «La lente détérioration des conditions de vie depuis le milieu des années 1990 a augmenté la vulnérabilité de la population. Ceux qui sont le moins capables de s'en sortir sont très exposés aux risques de choc, qui pourraient bouleverser le fragile système de distribution alimentaire public ou le système de santé public sous-financé. Quand le gouvernement n'arrive pas à faire parvenir assez de nourriture, il existe très peu de façons alternatives pour les plus vulnérables de s'alimenter, à part avec l'aide de la très modeste assistance internationale», a-t-elle révélé. M. Darusman, le Rapporteur spécial de l'ONU sur la situation des droits de l'homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC), a exprimé, également son inquiétude concernant les capacités du gouvernement de la Corée à nourrir la population et a averti contre les risques de malnutrition et de maladies auxquels la population, et particulièrement les enfants, est exposée. Des données récentes montrent que 33% des enfants âgés de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique. «Selon les informations dont nous disposons actuellement, les rations alimentaires distribuées par le gouvernement suffisent à peine à satisfaire la moitié des besoins en calories de 68% de la population de 16 millions qui reçoivent une aide alimentaire du gouvernement», a-t-il expliqué en ajoutant que ces personnes ont du mal à combler le manque de nourriture à cause de leur pouvoir d'achat inexistant. La production agricole en RPDC est limitée par la dégradation des sols, le manque d'engrais, une mauvaise qualité de semences et de carburants, une mécanisation quasi-inexistante ou encore des conditions climatiques difficiles. Les récoltes par hectare représentent à peine la moitié de celles de la majorité d'autres pays. L'initiative de Mme Amos n'était pas seulement pour s'enquérir sur la situation alarmante qui prévaut en Corée du Nord, mais aussi pour rassurer les bailleurs de fonds sur le fait que leur argent, accordé au fonds humanitaire atteint les personnes qui en ont le plus besoin, alors que certains ont manifesté leurs préoccupations s'agissant d'un détournement de l'aide. A l'aide lancée par l'ONU pour le pays suite à l'aggravation de la situation humanitaire, seulement 27% des 218,7 millions de dollars ont été reçus jusqu'à maintenant.
