,La présente contribution a pour objet de se demander si les accords du 26 octobre 2011 à Bruxelles des chefs d'Etat européens concernant l'endettement de la zone euro sont durables face à l'ampleur de la crise mondiale. L'Accord de Bruxelles résout-il les problèmes de fond ? Il s'agit de distinguer ceux techniques et conjoncturels des problèmes du fonctionnement de la zone euro intimement lié au fonctionnement de l'économie mondiale renvoyant aux distorsions structurelles, ne pouvant séparer l'analyse de l'endettement des USA, le dollar représentant plus de 60% des transactions mondiales, de l'Europe dont l'euro ne représente que 27%. Car malgré ce relatif succès de conjoncture, de nombreux risques pèsent encore sur la restructuration de la dette grecque et le renforcement du fonds de soutien à l'euro. a- Pour les problèmes techniques, les banquiers devront d'abord confirmer leur engagement volontaire à prendre part au nouveau plan de sauvetage de la Grèce - un processus qui avait été long et poussif dans le programme précédent. Cela n'est pas évident. b- Les pays de la zone euro devront ensuite s'entendre sur une série de détails loin d'être anodins dans la mise en place du nouveau FESF, comme la participation des investisseurs internationaux à ce dernier. Si le délai de mise en œuvre dure, les marchés réagiront négativement et la crise risque de reprendre ave plus d'intensité. Ainsi, la Fédération allemande des banques privées (BdB) a salué jeudi l'accord, mais a enjoint les gouvernements à « maintenir la pression » sur la Grèce et les autres pays en crise, Italie en tête, pour qu'ils se réforment. Concernant les problèmes de structures, plusieurs points d'interrogation subsistent et de nombreux analystes se demandent si la zone euro ne s'est pas une fois de plus acheté plus de temps de répit. J'en recense quatre fondamentaux : De plus en plus d'observateurs pensent qu'il faut repenser les traités et le fonctionnement de la zone euro où la majorité des voix suppléerait à l'unanimité et qu'il faut imaginer plusieurs cercles dont le couple franco-allemand serait le vecteur dynamisant, ce qui pose de revoir l'organisation du fonctionnement de la zone euro. Le chacun pour soi serait suicidaire pour l'Europe d'où l'importance d'une gouvernance politique et économique pour faire face à la concurrence de l'Amérique et de l'Asie, posant d'ailleurs l'urgence d'un rééquilibrage vers le sud de la Méditerranée et de l'Afrique c- Revoir le fonctionnement du système économique et financier international issu des Accords de Bretton Woods de 1945 en imaginant de nouvelles institutions supranationales et de nouveaux mécanismes de régulation. Quelle est l'essence réelle de la crise mondiale ? Je pense que l'on a réalisé du replâtrage en ne s'attaquant pas à l'essence de la crise qui, comparativement à celle de 1929, bien qu'il existe une situation différente du fait de l'interdépendance des économies (mondialisation) et l'apparition de nouveaux acteurs (pays émergents), sans oublier la détérioration de notre environnement par un modèle de développement et de consommation énergétique qui a besoin d'une transformation face à une population mondiale qui vient d'atteindre 7 milliard d'âmes et qui va rapidement vers 10 milliards. Or, les deux fondamentaux de la crise actuelle sont : a- la suprématie de la sphère financière spéculative sur la sphère réelle et les distorsions entre les profits spéculatifs en hausse, pas ceux de véritables entrepreneurs créateurs de richesses durables. Afin de protéger la banque des activités «casino», certains experts européens préconisent de séparer les banques de dépôt des banques d'investissement dans une optique de régulation financière à l'instar de la décision prise en juillet 2010 par le président Barack Obama d'une réforme de Waal Street pour piloter les risques globaux. Les ban-ques seraient autorisées à user de l'épargne qu'elles ont en dépôt pour prêter aux ménages, aux entreprises et à d'autres banques, mais ne devraient plus être autorisées à acheter des titres comme l'achat d'actions ou toute acquisition de produits financiers titrisés. Contrairement aux Etats-Unis où la distinction entre banques de dépôt et banques d'investissement est restée en vigueur très longtemps, l'Europe n'a pas connu une telle distinction, le système européen étant celui des « banques universelles » : une même entité assurant les deux activités. b- Les salaires en baisse, comme le montre une étude récente de l'OCDE. Pour les quinze pays les plus riches de l'OCDE, la part des salaires, qui représentait 67 % du PIB en moyenne en 1982, n'en représente plus que 57 %. Données confirmées par Patrick Artus, directeur des études de Natixis, que je cite : « Dans la zone euro, les entreprises prennent chaque année l'équivalent de 1 % du PIB dans la poche de leurs salariés, en plus de ce qu'elles ont fait les années précédentes. Au total, en trente ans, ce sont quelque 150 % du PIB de l'ensemble de nos pays qui sont partis vers les marchés financiers au lieu d'aller aux salariés et donc aussi à l'Etat, par l'intermédiaire de la TVA, alors que la fortune cumulée des 0,2 % les plus riches de la planète est estimée à 39 000 milliards. Cet argent a-t-il profité à la recherche ou à l'investissement ? Non. Toutes les études montrent que l'investissement et la recherche sont sta-bles ». Aussi existe-il un déphasage entre la dynamique économique et la dynamique sociale, comme le montrent les derniers événements mondiaux des nantis de protestation contre l'actuel système financier. Réhabiliter la valeur travail et revoir le fonctionnement du système économique mondial Les fondateurs de la science économique, disons l'économie politique, Smith, Ricardo, Karl Marx et plus près de nous Schumpeter, Keynes ont écrit la valeur, c'est-à-dire comment extraire la plus-value à partir du travail, condition sine qua non de la richesse des nations, la monnaie, dont les réserves de change qui ne sont pas un signe de développement, n'étant qu'un signe qui doit accompagner la production et non la dominer. Or, actuellement, il existe une crise de la théorie économique qui influe sur les politiques économiques, les politiques étant tétanisées face à l'ampleur de la crise mondiale, n'ayant plus de référence, expliquant les tâtonnements et l'absence de vision stratégique en ce monde turbulent en perpétuel mouvement. Le risque d'insolvabilité américain combiné à l'actuelle crise européenne serait catastrophique pour l'économie mondiale, entraînant une récession généralisée pire que celle d'octobre 1929 et de 2008 du fait des interdépendances des économies et donc sur l'économie algérienne. La reprise économique mondiale en cours étant encore fragile, on ne peut pas exclure l'hypothèse d'une rechute dans les prochaines années, s'il advenait que la dépense publique se ralentissait et que la croissance ne soit pas reprise par l'entreprise privée, et ce, à mesure de l'atténuation de l'impact des mesures de relance budgétaires et monétaires sur la croissance. L'Algérie exporte 98% d'hydrocarbures en dollars et importe 75% des besoins des entreprises et des ménages dont 60% en euros. Elle a placé une importante partie de ses 175 milliards de dollars de ses réserves de change en bons du Trésor américain, mais une grande partie en obligations européennes, devant tenir compte du taux d'inflation mondial et des taux d'intérêt pour le calcul du rendement. L'économie algérienne, totalement extravertie, est dépendante de la croissance de l'économie mondiale et donc concernée par cette crise. (Suite et fin)