Invité hier au forum d'El Moudjahid, Anis Nekache, directeur du Centre de recherche stratégique Aman, a animé une conférence sur les évènements marquant la scène arabe et de portée stratégique. Pour M. Nekache, «la compréhension du jeu des puissances occidentales» est à même de «nous permettre d'influer sur le cours dans l'intérêt des peuples» de la région du Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. Pour le conférencier, les changements survenus et en cours dans le monde arabe «ne sont pas des révolutions, mais des mouvements» refusant de s'inscrire aussi sur la voie de ceux qui qualifient cette période de l'histoire du monde arabe de «printemps arabe». Décortiquant au fil de son intervention la teneur des relations internationales et l'étroitesse de celles-ci entre l'Occident et certains pays arabes, M. Nekache relève que ces évènements «interviennent» avec l'avènement de nouvelles donnes. Il s'agit, en premier lieu, des conséquences gravissimes induites par la crise du système capitaliste que connaissent les Etats-Unis et l'Union européenne, le retrait des armées américaines de l'Irak et le bourbier afghan, les conséquences de la défaite «de portée stratégique» de l'armée israélienne dans sa guerre contre le Liban en 2006, ainsi que l'émergence de nouvelles forces sur la scène régionale et mondiale. A ce propos, notre interlocuteur tout en rappelant qu'après la chute du mur de Berlin et la fin de la guerre froide, les Etats-Unis se sont érigés et se sont approprié le rôle de guide et de gardien du monde. Une phase qui a été marquée par la grande offensive militaire dans certaines régions, via l'Otan ou une coalition occidentale, l'invasion de l'Afghanistan puis de l'Irak, l'installation de bases de missiles en Europe de l'Est et le rôle d'Israël dans la région du Moyen-Orient. Une phase qui, par ailleurs, a été marquée par l'émergence d'autres forces économiques et, par conséquent, politiques sur la scène internationale et la traduction en cours de leur volonté politique de constituer des ensembles et des regroupements régionaux à même d'inscrire les relations internationales dans une nouvelle dynamique d'équilibrage des rapports. A l'exemple de la Chine, Russie, Iran, des pays en Amérique latine… Ce qui pour le directeur du centre stratégique Aman «constitue un des repères phares dans ce qui se passe actuellement sur la scène arabe, par ses richesses naturelles et les potentialités existantes». Pour notre interlocuteur l'approche adoptée par les puissances occidentales en pleine crise vise «à tirer profit au maximum des mouvements en cours sur la scène arabe» par «la sauvegarde de leurs intérêts» dans la région et, notamment, le soutien inconditionnel à Israël. Ce qui pour notre interlocuteur s'est illustré par la sous-traitance de la gestion des affaires arabes par des acteurs, alliés aux Etats-Unis, dont le Qatar et l'entrée en force sur la scène arabe de la Turquie figurant parmi les membres de l'Otan. Pour éviter tout effritement ou éclatement des pays arabes, les changements escomptés par ses peuples doivent répondre à leurs aspirations au développement socio-économique, voie vers tout progrès effectif et toute émancipation. Ce qui consolidera l'unité de tout pays et renforcera sa souveraineté politique et économique. Washington avec son allié l'Union européenne sur fond de «diviser pour mieux régner» suggère la portée et l'importance des droits de l'homme et de la liberté en mettant en avant aussi les questions d'ordre identitaire. A ce propos, Anis Nekache, avertis les acteurs arabes soucieux de la sauvegarde de leurs intérêts de porter la réflexion et l'action dans la «consolidation de l'unité et de l'identité d'ensemble», seule voie garante de «la pérennité des identités secondaires et des différentes richesses culturelles la composant». Aller aussi vers la constitution de regroupement régionaux est à même aussi d'atténuer les interférences de ces puissances occidentales dans la région du Monde arabe. Ceci étant, notre interlocuteur évoquera les capacités de notre pays à traverser cette période paisiblement et sans risques sur son avenir stratégique. Ceci d'autant plus, indiquera amplement Anis Nekache, que le processus historique de l'Algérie marquée par «une guerre de libération exemplaire contre la colonisation» constitue ce qui est fondamental dans ses choix stratégiques pour son avenir«souverainement».