Après avoir appelé, samedi dernier, le gouvernement syrien «à prendre des mesures immédiates» en réponse au plan arabe de sortie de crise, la Ligue arabe a annoncé la tenue samedi prochain d'une réunion au niveau ministériel pour l'examen de la situation. Pour l'organisation de Nabil al-Arabi, la réunion de samedi prochain des ministres des Affaires étrangères arabes intervient «en raison de la poursuite de la violence» et que «le gouvernement syrien n'ayant pas respecté ses engagements à appliquer le plan arabe pour une sortie de crise dans le pays», mentionne-t-on dans le communiqué. Une annonce qui intervient à moins d'une semaine après les propos tenus par le successeur d'Amr Moussa à la tête de la Ligue arabe à l'issue de sa rencontre au Caire avec une délégation du Conseil national syrien (CNS) conduite par son premier responsable M. Burhan Ghalioune. Le chef de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi tout en exprimant ses «profonds regrets et une grande inquiétude» face à la violence qui perdure en Syrie a mis en garde contre «les dangers qui découleraient d'une non-application du plan arabe» sans plus. Il est à rappeler que le plan en question porte sur «un arrêt total des violences, la libération des personnes arrêtées dans le cadre des manifestations anti-gouvernementales et le départ de l'armée des villes et la libre circulation des observateurs et médias internationaux». Plan accepté par Damas qui a lancé un appel aux groupes armés de «rendre les armes» et «que toute personne dont les mains n'ont pas étaient entachées de sang syrien» ne sera pas poursuivie en justice. De son côté l'opposition syrienne représentée par le CNS, n'a pas été en mesure de lancer des appels à l'arrêt des violences et par conséquent l'arrêt de l'effusion du sang syrien à même d'ouvrir de réelles perspectives à un dialogue inter-syrien. Autre donne qui n'est pas des moindres devant compter dans toute approche politique en direction de la crise syrienne, le dialogue en cours depuis près de trois mois, entre les acteurs de l'opposition syrienne à l'intérieur du pays et le gouvernement. Ceci d'autant plus que la sur-médiatisation orientée de la crise syrienne par certaines chaînes satellitaires, arabes ou occidentales semble être aussi un autre facteur sur lequel s'élabore l'approche politique dans le traitement de la crise syrienne, qu'il s'agisse de l'ONU via le Conseil de sécurité dans son échec d'adoption d'une résolution bloquée par un double veto russe et chinois à l'encontre de Damas, l'initiative arabe s'en est suivie. Si pour sa part l'ONU a récemment fait état de 4 000 (quatre mille) civils tués en Syrie depuis l'éclatement en mars dernier, de la crise dans ce pays, le CNS avance un bilan deux à trois fois plus que celui de l'ONU. Par ailleurs, il est question de près de «1 100 membres des services de sécurité tués par des groupes armés», selon le premier responsable de la diplomatie syrienne, M.Walid el Moallem qui, depuis quelques mois, le CNS évoque des groupes armés composés «de militaires-dissidents de l'armée syrienne». La donne de l'existence «de groupes armés islamistes» en Syrie a été évacuée depuis le début de la crise, par les Occidentaux, ceci est dans le but de «délégitimer» le rôle premier assigné à toute institution militaire d'un pays souverain d'y faire face. Donne ne figurant pas dans le plan arabe ne serait-ce par un appel conséquent à l'arrêt de la violence d'où qu'elle provienne et dont la présidence par le Qatar de la commission en charge de porter le plan arabe a suscité nombre d'interrogations. Ceci d'autant plus que le Qatar s'est illustré amplement dans sa gestion de questions arabes dont la crise libyenne notamment sur la base de l'approche politique occidentale, principalement américaine. Ce qui, pour bon nombre d'observateurs, le rôle de la Ligue arabe dans la crise syrienne est intervenu pour «gagner du temps» dans d'éventuels évènements de nouvelles donnes sur la scène arabe en général, le poids des conséquences sur le plan interne dans la durée de la crise, l'usure et l'absence de contestations conséquentes dans les plus grandes villes syriennes Damas et Alep. Une situation par laquelle des visées sont à escompter à savoir freiner les réformes politiques, économiques et sociales engagées par Damas et illustrées par le dialogue en cours, auquel prendra part l'opposition de l'intérieur qui s'est fixée des lignes rouges, dont la non ingérence étrangères dans les affaires syriennes. Une ingérence étrangère escomptée par les pays occidentaux, principalement Washington et ce, pour de multiples objectifs d'ordre stratégique et dont la Syrie jouit d'une position géo-politique dans la région. Objectifs visés par l'occident secoué par une sérieuse crise de son système économico-financier au moment où la Chine s'inscrit d'ores et déjà en tant que première puissance mondiale à l'horizon 2015.