Deux morts, plus de 700 blessés, plusieurs véhicules et des commissariats de police incendiés au Caire, à Alexandrie et dans plusieurs villes égyptiennes. Tel est le bilan provisoire des affrontements qui ont mis aux prises des manifestants et des éléments des forces de l'ordre. Les manifestants exigent le départ du chef du gouvernement et le transfert du pouvoir aux civils. Après avoir mis le feu aux poudres, les militants des frères musulmans et des salafistes se sont retirés de la place Tahrir. En effet, comme nous l'avons révélé dans nos précédents papiers, la «révolution» n'est pas terminée et n'a pas l'air de prendre fin en Egypte. Le soulèvement à l'origine du départ de Hosni Moubarak s'oriente maintenant vers une insurrection générale, visant cette fois-ci, le Conseil suprême de l'armée. Les manifestants rejettent les modifications apportées à la Constitution demandant le départ du chef du gouvernement et le transfert immédiat du pouvoir aux civils, seule condition selon eux pour mettre fin à ces contestations. La marche organisée par les frères musulmans, les salafistes et plusieurs organisations politiques a dégénéré. La place Tahrir a été pour la énième fois investie par des milliers de manifestants. Les militants islamistes ont brandi des bannières par lesquelles ils demandaient un Etat islamique en Egypte. «L'Egypte musulmane et le Coran notre Constitution», ont scandé des centaines de salafistes. Après le rassemblement grandiose, des manifestants ont refusé de partir et ont tenté de dresser des tentes, ont indiqué des témoins. L'intervention des forces de sécurité pour libérer la place a mis le feu aux poudres. Les affrontements ont opposé les forces de sécurité et des milliers de manifestants, faisant des centaines de blessés. La situation s'est dégradée lorsqu'un jeune manifestant de 23 ans a succombé à ses blessures. Selon un bilan provisoire donné par le ministère de l'Intérieur, plus de 700 personnes dont 40 policiers ont été blessés. Plusieurs manifestants ont été arrêtés par les forces de l'ordre. Les affrontements se sont propagés à plusieurs villes égyptiennes. Selon des témoignages, les affrontements ont éclaté à Alexandrie et surtout à Suez. Plusieurs véhicules de police ont été incendiés et des commissariats ont été pris d'assaut par les manifestants. La télévision égyptienne a indiqué que si les forces de sécurité ont pu sauver les armes et les munitions, le matériel informatique a été volé par les manifestants. Lors des émeutes à l'origine du départ de Hosni Moubarak, les manifestants ont scandé : «Djich chaab Yed Wehda.» Hier, l'ensemble des manifestants scandaient «Echaab Youride Iskate Al Asskar» (Le peuple veut la chute des militaires). Le jeune Baha Eddine Senoussi qui a perdu la vie hier devrait être enterré à Alexandrie. Les autorités craignent des débordements lors de l'enterrement des deux manifestants. Au moment où le gouvernement de transition s'est réuni samedi pour la circonstance, des heurts opposent toujours manifestants et forces de l'ordre et à l'heure où nous mettons sous presse, des manifestants tentent d'envahir le ministère de l'Intérieur.