Pour casser la stagnation ankylosante caractérisant le secteur de l'investissement productif et créateur d'emplois, le wali de Batna, El-Hocine Mazouz, a organisé dernièrement une journée d'étude et d'information devant à terme provoquer une relance effective de l'investissement dans la wilaya de Batna. Dans son bref discours inaugural, dimanche, le wali a adressé «un appel à l'investissement» comme un prospecteur chargé de dénicher ceux et celles qui seraient capables de générer de la richesse et des emplois. Les présents à cette rencontre ont bien saisi la portée de cette intention de déclic pour la relance malgré, toutefois, un sentiment de méfiance et de scepticisme chez les hommes d'affaires, les opérateurs économiques et les porteurs de projets. «Tous unis pour gagner la bataille de l'investissement», pouvait-on lire dans le prospectus distribué à cette occasion. Quatre objectifs ont été assignés à cette journée d'étude, à savoir renforcer le dialogue entre la wilaya et les investisseurs, mettre en place un « incubateur» d'entreprises à créer par les porteurs de projets innovants, identifier les besoins, faire connaître les potentialités de la wilaya et enfin vulgariser le nouveau dispositif d'aide à l'accès au foncier. Dans la salle de conférences de la faculté des études islamiques, plusieurs cadres parmi les directeurs de l'exécutif de la wilaya ont présenté des communications succinctes et précises. Le directeur des services agricoles, Grabsi Mohamed El-Amine, a parlé du schéma directeur du développement agricole et de la carte de l'investissement dans ce secteur économique vital qui est le seul à permettre un renouvellement constant des richesses et l'autosuffisance alimentaire. Tout en rappelant les multiples performances de la wilaya de Batna précisément dans l'agriculture et l'élevage, M. Grabsi devait énumérer les nombreux créneaux porteurs que les investisseurs peuvent exploiter : mise en valeur des terres, production de fourrages, industries de transformation agro-alimentaires, structures de stockage, structures de conservation réfrigérée (chambres froides), unités de conditionnement des produits agricoles, fabrication de sachets en plastique pour le lait, activités d'exploitation des créneaux des viandes blanches et rouges, abattoirs ou complexes intégrés, transport des marchandises agricoles, etc. Le directeur de l'agriculture a déploré l'attitude de spectateurs dans laquelle se confinent les banques et n'a pas manqué de souligner que dans la wilaya de Batna, l'agriculture est désormais un vaste chantier ouvert qui contraste avec son passé négatif. Sa remarque pertinente est qu'il ne faille plus regarder l'agriculture comme un secteur social mais l'appréhender en tant que branche économique. Et que sans les banques, il ne peut y avoir d'investissements donc pas d'alternative à l'après-pétrole. Dans le tourisme, le directeur de wilaya Mansour Abdeslam a soulevé la question des réalités actuelles ainsi que les perspectives de l'investissement dans ce créneau encore balbutiant, mettant surtout l'accent sur les fameuses zones d'extension touristiques ( ZET). D'après lui, neuf projets d'investissement, tous des hôtels dont cinq, sont en construction sur le terrain, quatre en attente et onze dossiers à l'étude. Le directeur du tourisme a appelé les porteurs de projets à investir dans le créneau des prestations de services touristiques, support incontournable de toute dynamisation de l'activité touristique dans la région. Mais Batna,ont fait remarquer certains, n'a pas encore d'hôtel de cinq étoiles pouvant élever le standing de la branche. Les treize hôtels disponibles sont de gamme moyenne et basse. Mehdi Hazem, un hôtelier chez qui l'ambassadeur américain avait passé en 2009 un séjour de trois nuitées, a fait cas du blocage par l'APC et des administrations locales de son projet d'extension de son hôtel après l'achat d'un terrain limitrophe. Personne ne sait combien durera ce type de blocage ? C'est la grande question qui hante pas mal d'investisseurs batnéens de différents secteurs. L'on estime à juste titre que le wali devra nécessairement s'impliquer et faire sauter autoritairement les verrous mis en place par ceux qui aiment, à Batna, tirer sur tout ce qui bouge, contraignant les gens de bonne volonté à ne rien entreprendre, voire à ne rien faire. Le directeur du tourisme a lancé à l'adresse des investisseurs que ce secteur reste avant tout une affaire de professionnels et non d'opportunistes. Outre la question des potentialités d'investissement offertes dans le secteur de l'énergie et des mines qui a été développée par le directeur du secteur Chaouche Mohamed, c'est M. Belaid, directeur de l'ANDI, qui a expliqué les différentes mesures d'accompagnement des investissements et les avantages fiscaux décidés par l'Etat pour booster le développement national. Pour sa part, le directeur des Domaines, Mallem Salim, a présenté un exposé détaillé sur les voies et moyens juridiques d'accéder au foncier destiné à l'investissement. Onze actifs seraient disponibles à travers la wilaya de Batna. Un investisseur a revendiqué l'octroi d'un terrain pour pouvoir faire démarrer une usine d'assemblage de panneaux solaires (cellules photovoltaiques) pour alimenter pas moins de 27 unités de production des systèmes d'énergie solaire à travers le territoire national. A Batna, pas mal d'industriels activant depuis de longues années dans la zone industrielle ne disposeraient pas à ce jour de titre de propriété des assiettes foncières sur lesquelles ont été aménagées leurs unités de production. En revanche, d'autres ont revendu leurs lots fonciers à des spéculateurs. C'est dire que les autorités ont du pain sur la planche pour assainir le passif et arriver à installer un climat de confiance pour les nouveaux investisseurs, lesquels ne veulent pas finir victimes du même système. Quand on sait qu'il faut des années pour obtenir une autorisation ou un agrément pour pouvoir faire démarrer une activité d'investissement. Au terme des travaux de cette journée d'étude et d'information, le Dr Merazgua, de l'Université de Batna et membre du comité d'organisation, a déclaré que l'important est d'expliquer les mesures incitatives de l'Etat dans le domaine de l'investissement et voir de très près la problématique foncière. A la lumière des recommandations dégagées à cette occasion, a-t-il ajouté, une commission sera mise sur pied qui sera chargée de suivre et d'encadrer les investisseurs porteurs de projets.