Hier mardi, Abdelmadjid Sidi-Saïd, le secrétaire général de l'UGTA, a secoué le cocotier des douaniers. C'est l'interprétation à donner à sa décision de déclarer nulles les résolutions de l'Assemblée générale du conseil de la fédération nationale des travailleurs des Douanes (FNTD). Elle s'était tenue le 28 novembre dernier sous la présidence de Belgacem Charafa, son secrétaire général. N'ayant pas le quorum requis, ce dernier avait sollicité la participation de syndicalistes extra conseil pour décider de l'exclusion des 11 cadres de la coordination syndicale des Douanes. «Le secrétaire général de l'UGTA est intervenu à l'effet d'annuler toutes les résolutions prises par le SG de la FNTD le 28 novembre dernier. Ce faisant, Abdelmadjid Sidi-Saïd démontre qu'il reste proche des travailleurs dont il défend farouchement les intérêts. Mëme s'il n'a pas précisé la date de la prochaine réunion extraodinaire de notre fédération, le SG de l'UGTA a également décidé de la présider lui-même», a affirmé Karim Amrouz porte-parole des douaniers grévistes de la faim depuis le 20 novembre. La même source a précisé que le SG de l'UGTA a étudié le dossier du conflit qui oppose les 16 cadres en grève. C'était à l'occasion de la réunion des secrétaires généraux des fédérations tenue la veille au siège de l'UGTA. La même source a souligné que ces derniers ont reconnu le bien fondé de leur mouvement qu'ils soutiennent sans réserve. L'information qui a rapidement fait le tour des structures douanières du pays est intervenue quelques minutes après que M. Slimani, un des grévistes de la faim, ait été évacué dans un état comateux vers un établissement de santé. Cet autre rebondissement intervient quelques jours après qu'une «source anonyme proche de la DGD » ait implicitement accusé les grévistes de la faim de corrompus en affirmant «ce sont des cadres de douanes devenus milliardaires». C'est dire que rien n'aurait été épargné pour réprimer les douaniers qui oseraient dire non à l'ordre établi à la DGD. Pour tenter aussi de conditionner leurs collègues et les préparer à l'inévitabilité des sanctions sévères à l'encontre de quiconque briserait la loi de l'omerta. Durant des années, tout avait été bien orchestré, tantôt par des promotions «exceptionnelles» ou des promesses d'amélioration de situation professionnelle. Tantôt par les intimidations et des représailles. Sont particulièrement ciblés ceux soupçonnés avoir révélé un trafic ou contrebande aux frontières impliquant un ou plusieurs hauts responsables de l'institution douanière. Le mot d'ordre paraissait être destiné à susciter la peur et la frayeur chez les douaniers. L'on faisait ainsi tinter la cloche de la révocation et à un degré moindre, la mutation à un poste dans un coin perdu de nos frontières terrestres. Pour l'exemple, quelques officiers de douanes intègres chez qui vibre encore la corde sensible du nationalisme. C'est le cas des deux officiers d'Annaba. Selon un de leurs confrères en poste à la DGD, ils ont été suspectés avoir «trop parlé». C'est ce qu'explique M. Rihani un de ces cadres que nous avons contacté : « je n'ai rien à déclarer à la presse si ce n'est que je ne suis pas l'auteur des révélations parues sur certains journaux. Il est vrai que je me suis déplacé à la DGD. J'y ai été reçu en audience par le DRH à qui j'ai remis une lettre. Par la suite j'ai été entendu par une commission de l'inspection générale destinataire d'une copie de cette lettre». Rachid Aouïne, un inspecteur principal à Hassi Messaoud est également victime des dépassements de sa hiérarchie. Il a été suspendu de ses fonctions pour avoir dénoncé à sa hiérarchie la contrebande du gaz algérien de Hassi Messaoud et El Borma vers la Tunisie. Il a décidé de réagir en entamant une grève de la faim. C'est sous une khaïma qu'il a dressée à Roubah, sa commune d'origine dans la wilaya d'El Oued. «Jusqu'à ce que mort s'en suive ou que je sois réintégré dans mes fonctions après la mise sur pied d'une commission d'enquête. Aux membres de celle-ci, je suis prêt à révéler les tenants et aboutissants de cette affaire de gaz algérien exporté clandestinement vers la Tunisie» dira-t-il à son entourage venu le soutenir. Réaction également du côté des grévistes de la faim au lendemain de la parution d'une information les qualifiant de douaniers milliardaires. «Nous avons saisi notre structure de communication de la DGD pour les besoins d'un démenti. Ce qui ne nous a pas empêché de solliciter nos avocats à l'effet de déposer plainte pour pour calomnie», a indiqué Karim Amrouz, porte parole des grévistes. Apparemment sous l'effet d'une grande colère générée par l'arbitraire et l'injustice dont il s'est dit victime, un des officiers a affirmé : «S'il n'y a pas de justice dans ce pays alors que nous avons en notre possession toutes les preuves des actes de corruption commis dans chaque affaire, que nous resterait-t-il à faire ? Qu'est ce qui empêche la mise sur pied d'une commission d'enquête si ce n'est l'implication de hautes personnalités ou leurs proches dans des affaires d'atteintes à l‘économie nationale.» Il faut croire que les douaniers tous grades confondus ont souligné la disponibilité de Abdelmadjid Sidi-Saïd le SG de l'UGTA à les écouter et à s'engager à user de tous les moyens pour faire éclater la vérité.