Détermination - Alors que la santé des grévistes de la faim se détériore chaque jour davantage, plus de 200 douaniers venus de l'ensemble du pays se sont rassemblés hier, vendredi, pour crier leur colère. Les douaniers de l'ensemble du pays, ont dépêché dans la matinée d'hier à la Centrale syndicale Ugta leurs représentants pour manifester leur solidarité aux grévistes de la faim, mais aussi leur colère à l'égard de certains membres de la Fédération nationale des travailleurs des douanes à leur tête le secrétaire général de cette instance et l'administration générale des douanes. De longues heures durant en cette première journée de Moharrem, les protestataires ont scandé des slogans hostiles aux membres de la Fntd. «Fossoyeurs du mouvement syndical Dégagez !», était le mot d'ordre phare du mouvement. Le secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs des douanes (Fntd), a récolté, pour sa part, un chapelet de « Cherafa Irhale, Cherafa dégage» entre autres, et ce dès le début du rassemblement par une foule venue pour en finir avec le premier responsable de la Fntd. Auparavant, c'est-à-dire à deux heures du matin, un gréviste de la faim avait été conduit à l'hôpital pour un malaise cardiaque. Il est retourné vers dix heures portant l'emblème national sur les épaules et a été accueilli en fanfare par une foule en délire et les youyous des femmes. Ses compagnons dont certains ne pouvaient contenir leur émotion, se sont levés les larmes aux yeux pour serrer contre eux celui qui portait dans ses mains des électroencéphalogrammes et des prescriptions médicales. Un moment fort en émotion. «Je suis de retour pour poursuivre la lutte contre l'injustice, le despotisme et la hogra», nous dit-il. Un autre gréviste est pris d'un malaise, il refuse de rejoindre l'hôpital, malgré l'insistance des éléments du Samu social et de la protection civile. Il est pris en charge par des médecins volontaires présents quotidiennement sur les lieux. Du simple citoyen présent pour manifester son soutien en passant par les représentants de la société civile, l'association des retraités des douanes et les douaniers en activité, chacun est là pour crier sa colère. C'est le cas de cette dame, une femme au foyer quinquagénaire, venue pour manifester sa colère. Elle nous dit : «Ceux qui poussent les enfants de l'Algérie indépendante vers la mort, ne doivent pas avoir de place avec nous.» Elle offre même ses services et voudrait faire un don en literie aux grévistes. Un geste qui a ému les présents. Les représentants du syndicat autonome Snapap, interpellent quant à eux, le ministère de tutelle pour solutionner ce problème «qui met en péril la vie des travailleurs». Quatre registres sont noircis par des messages de soutien et de compassion. Toutefois, ce qui chagrine les grévistes de la faim, c'est le mépris de certains cadres supérieurs qui «sont aux abonnés absents. A l'exception de certains d'entre eux qui sont venus en anonymes pour éviter les retombées négatives d'une administration et d'une fédération agonisante», nous dit l'un des grévistes. Le rassemblement a été clôturé par une intervention du porte-parole des grévistes qui rappelle les causes du marasme qui a mené à une telle situation. Il met l'accent une fois de plus sur un point essentiel, à savoir que ses compagnons et lui «se démarquent de toute tentative de politisation et de manipulation du mouvement. Nos revendications sont simples, un conflit syndico-syndical avec ingérence de l'administration. Le reste, sinon ce qui se dit ailleurs, ce n'est pas nous». Il défie l'administration des douanes et ceux de la fédération par une phrase lourde de sens : qu'ils soient des hommes courageux et nous affrontent devant la presse en particulier et l'opinion publique. Nous allons prouver qui de nous est légaliste et qui est hors la loi», dit-il sous les applaudissements d'une foule enthousiaste. Solidarité et mobilisation Venus de tout le territoire national, ils étaient là sur l'esplanade du siège de la Centrale syndicale dès le lever du jour en ce 1er Moharrem pour manifester leur solidarité et leur soutien à leurs collègues grévistes de la faim et leur colère envers l'administration des Douanes et de la FNTD. La délégation de Constantine, conduite par un officier des Douanes, était la première sur les lieux. Pour ce chef de délégation, «la solidarité des douaniers de Constantine vis-à-vis de nos collègues grévistes n'est pas un vain mot. Nous sommes là pour dire aux rentiers de la fédération de partir, en particulier le secrétaire général auquel on dénie le droit de parler au nom des travailleurs des Douanes», dit-il. Le représentant de la délégation de Béjaïa n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour fustiger le secrétaire général de la fédération. «C'est un opportuniste qui bafoue les règles élémentaires du mouvement syndical. Qu'il parte avant qu'il ne soit chassé par la force, même si les douaniers sont des non-violents», tempête-t-il. La délégation de Sétif, conduite elle aussi par un officier des Douanes, se veut solidaire. Elle est venue avec un message de soutien des douaniers des Hauts Plateaux. La délégation de l'Ouest algérien, composée des douaniers d'Oran, Es-Senia, Arzew et Mostaganem, formant un seul bloc, manifeste également son soutien par une motion de soutien de la base des travailleurs de cette région. «Tous les douaniers ont les yeux braqués sur l'esplanade de l'Ugta. Nous sommes les messagers d'une base en colère contre l'administration des Douanes et de la fédération», nous dit le chef de délégation de cette région. Les délégations de Chlef et d'Oum El-Bouaghi tiennent aussi un langage empreint de haine et de rancœur à l'égard des membres de la Fédération et de l'administration des Douanes. «Malgré la pression et les menaces des despotes de la FNTD et les mises en garde de l'administration qui nous menace de mutation et de diverses sanctions, nous avons décidé de manifester notre soutien à nos collègues grévistes. Par ricochet, nous sommes là pour dénoncer les barons de la mafia qui gravitent autour du secteur des douanes. Ils veulent étouffer la voix des travailleurs», disent-ils. «Ils n'y arriveront pas», disent d'autres.