Deux malades chroniques sont parmi les douaniers grévistes de la faim. L'administration douanière reste sourde à leurs revendications. L'UGTA empêche les médias de s'enquérir de leur situation. En grève de la faim depuis trois jours, 16 douaniers demeurent «prisonniers» au siège de la centrale syndicale. Deux malades chroniques sont parmi les grévistes. «Ils sont atteints de diabète», déclare Karim Amrouz, porte-parole des grévistes. Mais jusque-là, «il n'y a que le médecin des Douanes qui a pris l'initiative personnelle de nous rendre visite», regrette M. Amrouz. Les journalistes et les photographes de presse qui se sont rendus, hier matin, au siège de l'UGTA pour couvrir l'événement ont été empêchés d'y accéder. «Nous avons reçu une instruction administrative qui interdit aux journalistes d'y accéder», tonne un agent d'Amnal, épaulé par un agent de police. Qui interdit aux médias de faire leur travail ? «Cela vient d'en haut», répond l'agent de sécurité, qui s'est montré ferme. La situation est-elle si dramatique à la Maison du peuple qu'on fait en sorte d'étouffer l'événement par tous les moyens ? Ce sont de hauts cadres des Douanes qui poursuivent leur action de protestation radicale. Les délégués de l'union locale de la zone industrielle de Rouiba se sont déplacés pour protester contre le licenciement jugé «abusif» d'un de leurs collègues. Les responsables de l'UGTA veulent-ils cacher le mouvement des travailleurs de la zone industrielle ou l'ampleur qu'a pris la grève des hauts cadres des Douanes ? D'habitude, les actions au niveau du siège de l'UGTA sont couvertes par la presse sans aucune entrave. Pour clarifier les choses, nous avons essayé, vainement, de contacter Abdelkader Malki, porte-parole de l'UGTA. En effet, cette action des douaniers, qui se veut illimitée, implique un contrôleur général, deux divisionnaires, des inspecteurs principaux et d'autres fonctionnaires. Sept d'entre eux ont été suspendus de leur poste. «Cela fait une année que je touche 1800 DA par mois. Ce sont les allocations familiales», précise le porte-parole des grévistes. Accompagné d'un autre syndicaliste, en l'occurrence Karim Slimani, le porte-parole des grévistes s'entretient avec les journalistes à travers les barreaux de la clôture du siège de l'UGTA. Le visage pâle, visiblement épuisé, M. Slimani s'accroche à une barre, il se tient la tête de l'autre main ; il a des vertiges. Assisté par deux de ses collègues qui viennent à tour de rôle le soutenir, le syndicaliste retourne à sa place. M. Amrouz s'occupe alors de la communication avec les médias. Il explique sereinement les raisons de leur action : «Nous sommes confrontés à deux problèmes : le premier est d'ordre syndical, le second est d'ordre administratif.» Les grévistes exigent la fin de l'ingérence de l'administration dans l'activité syndicale et la réhabilitation des douaniers suspendus dans leurs droits. Ils expriment également leur refus des mutations, qu'ils jugent «arbitraires».