La Cellule de traitement du renseignement financier (CTRF) a reçu 600 déclarations de soupçon de blanchiment d'argent en Algérie au 1er semestre 2011 d'après une dépêche que rapporte l'APS et ce, durant le premier semestre de 2011. Depuis 1994, à la faveur d'une instruction de la Banque d'Algérie - le dinar algérien est devenu commercialement convertible –, la désorganisation et l'absence de traçabilité sur les échanges de marchandises, le laxisme concernant le défaut de facturation et le terrorisme ont de concert favorisé le blanchiment d'argent sale soit par des investissements à l'intérieur de nos frontières par des placements dans l'immobilier notamment, soit par l'achat de devises sur le marché parallèle, étant donné que les exportateurs ne peuvent disposer de la totalité de recettes en devise ; de plus, les commerçants et un certain nombre d'affairistes, préférant investir à l'étranger, trouvent dans la désorganisation des marchés locaux les opportunités pour payer moins d'impôts et moins de droits de douanes en usant de fausses déclarations sur la valeur réelle de la transaction. Le contrôle des transactions financières se passe très bien si l'argent transite par des établissements financiers, autrement il est extrêmement difficile de localiser l'argent sale, surtout s'il a été placé dans des paradis fiscaux ou dans des banques étrangères garantes du secret bancaire. Ces dernières coopèrent cependant lorsqu'il s'agit de soupçons concernant l'argent destiné aux activités terroristes. La CTRF a reçu 600 déclarations de soupçons de blanchiment d'argent d'après les déclarations de son président, Abdenour Hibouche, faites en marge de la tenue de la réunion du groupe d'Action financière du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (Gafimoan). Donnant plus de précision sur le nombre de déclarations de soupçon, l'intervenant citera le chiffre de 3 000 depuis l'année 2010. Interrogé si la CTRF avait reçu des déclarations de soupçon de financement de terrorisme, M. Hibouche a précisé que «pratiquement toutes les 3 000 déclarations reçues jusqu'ici concernent des opérations financières inhabituelles qui peuvent ne pas s'avérer forcément comme des opérations de blanchiment d'argent». En général, la CTRF ne peut faire la distinction entre une opération de blanchiment d'argent et celle concernant le financement de terrorisme qu'après une enquête qui est menée par d'autres services spécialisés dans la lutte contre ces crimes financiers. Il a expliqué que les institutions financières sont tenues, en vertu de la loi de 2005 sur le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, de faire une déclaration de soupçon à la CTRF en cas d'opération financière apparaissant inhabituelle ou sans justification économique. Sont aussi assujettis à cette loi les autres professions non financières comme les notaires, les commissaires aux comptes, les avocats et les huissiers de justice. Questionné sur certains réseaux asiatiques soupçonnés de blanchiment d'argent en Algérie, M. Hibouche a indiqué que la CTRF est forcément saisie par ces opérations si l'argent blanchi transite par les banques : «Encore faut-il que leur argent (des fraudeurs) passe par les banques. Si l'argent des groupes dont vous parlez passe par les banques, la CTRF est forcément informée. Par voie de conséquence, la CTRF ne peut être informée des autres opérations de blanchiment d'argent sur le territoire national s'effectuant en dehors du circuit bancaire.» Le blanchiment d'argent consiste à intégrer dans des circuits financiers et bancaires des sommes d'argent dont la provenance est illégale (drogue, vente d'armes, pots-de-vin) pour les retirer ensuite après leur avoir donné l'apparence d'une origine licite. C'est un phénomène très répandu dans les économies informelles qui recourent à une utilisation intensive au cash dans les transactions financières, selon plusieurs experts. Pour faire face à ce phénomène, l'Algérie, soutiennent-ils, doit renforcer les moyens de répression et de contrôle de cette activité frauduleuse qui trouve un terrain fertile dans l'économie informelle. L'utilisation du cash dans presque toutes les transactions financières, à l'exception du secteur public, la circulation et la production de faux billets, ainsi que le renchérissement dans le secteur immobilier sont autant d'indicateurs qui renseignent sur l'ampleur de ce phénomène, selon ces experts.