Le professeur Abdelouahab Bengounia, médecin-chef du service épidémiologie au CHU Mustapha d'Alger, a recommandé, à Tizi Ouzou, la nécessité de la mise en place d'un institut national de veille sanitaire, un organisme qui aura pour mission de surveiller la survenue, à travers le territoire national, de diverses maladies susceptibles d'avoir des conséquences graves sur la santé publique en Algérie. «Il est temps de mettre en place un organisme qui pourrait aider à la prise de décisions des plus judicieuses possibles en temps normal qu'en temps exceptionnel (urgence, NDLR)», a déclaré le Pr Bengounia. Il s'exprimait au titre d'une communication intitulée «Surveillance épidémiologique : intérêt de la mise en place d'un institut national de veille sanitaire» présentée, hier à l'auditorium du CHU Nédir Mohammed de Tizi Ouzou à l'occasion des 17es journées médicochirurgicales de cet établissement hospitalier. Cet organisme, qui sera doté d'une personnalité morale et d'une autonomie financière, sera placé sous la tutelle du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, a-t-il indiqué, précisant que cet institut sera animé par une équipe médicale pluridisciplinaire. Cet organisme, une fois mis en place, constituera un baromètre qui va alerter les pouvoirs publics sur une quelconque menace (maladie) de quelque nature qu'elle soit dans le but d'aider à une prise de décision adéquate. «Beaucoup d'informations relevant d'autres secteurs et pouvant avoir des conséquences sur la santé publique ne sont malheureusement pas exploitées », a-t-il indiqué encore, rappelant qu'«actuellement, nous n'avons pas la possibilité de réagir face à une quelconque menace épidémiologique en l'absence d'un système de collecte, d'analyse et d'information, une sorte de banque de données fiable, pour prévenir et/ou contenir la menace, a ajouté le Pr Bengounia, tout en déplorant que la mise en place, en 2002, d'une cellule de veille contre les risques biologiques et chimiques au niveau du ministère de la Santé, n'a jamais été opérationnelle ou suivie d'effet. Illustrant l'importance de l'information dans la prise de décisions au niveau central lors de cas d'urgence, cet épidémiologiste a rappelé la décision «inappropriée» du ministère de la Santé d'interrompre, en 2001, la vaccination des nourrissons au niveau national suite à l'enregistrement de 07 cas de décès dans la wilaya de Mascara dont l'origine n'est nullement le vaccin mais, citant les résultats de l'enquête rendus publics bien plus tard, était plutôt d'origine criminelle. Dans le même contexte, le docteur A. Tibiche, du service d'épidémiologie et de médecine préventive du CHU de Tizi Ouzou, a estimé, pour sa part, que la surveillance épidémiologique constitue un outil principal pour mesurer l'état de santé et la connaissance de la dynamique d'apparition de maladies chez la population humaine. Elle consiste, a-t-il poursuivi, en la collecte permanente, exhaustive et systématique et à la diffusion des données de santé. Pour ce praticien, l'intérêt de la surveillance épidémiologique est de mesurer l'incidence d'une maladie quelconque dans une population, étudier la dynamique de diffusion, déterminer un seuil d'alerte épidémique et émettre des hypothèses de recherche de facteurs de risques de maladies.