Les entretiens qui ont eu lieu, jeudi écoulé, à Bruxelles, capitale de l'Union européenne, auxquels ont participé des ministres des Affaires étrangères du Mali, du Niger, l'ambassadeur de Mauritanie, ainsi que le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, avaient deux ordres du jour autour de la question de la sécurité dans le Sahel et la lutte contre le terrorisme transnational. Les pays du champ, partis à cette rencontre après avoir manifesté devant les instances internationales la ferme volonté d'agir de concert et de façon associée dans leurs actions de lutte contre le terrorisme, ont exprimé à Bruxelles toute la teneur de leurs attentes en matière de coopération européenne sur les volets essentiels de cette coopération extra-régionale dans laquelle l'UE semble de plus en plus s'assigner un rôle de contributeur non ingérant. L'un des volets sur lesquels l'UE est particulièrement sollicitée, celui de sa contribution à l'effort de développement que des pays comme le Mali et le Niger, notamment, devront consentir dans les années à venir afin de ravir socialement et économiquement leurs régions nord à l'insécurité et aux groupes terroristes qui y circulent et y prolifèrent en toute impunité. Bamako et Niamey, à travers leurs ministres des Affaires étrangères présents à Bruxelles, n'ont pas manqué, en effet, de soulever un questionnement attendu sur le sujet, auquel la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, la Task Force de haut niveau ainsi que le secrétaire exécutif du service européen d'action extérieure, Pierre Vimont, ont promis de donner des suites en examinant «de très ces programmes de développement et, pourquoi pas, réorienter une partie de leur aide à cette fin.» Pour rappel, une première conférence internationale sur le partenariat, la sécurité et le développement dans le Sahel, qui s'était tenue en septembre dernier à Alger, avait rassemblé les pays du champ et les partenaires extra-régionaux autour de l'enjeu sécuritaire dans la sous-région sahélienne. La conclusion, alors retenue lors de ces débats, était la nécessité d'une stratégie sécuritaire dans la région autour de principes directeurs qui soient définis sur la base d'une indivisibilité entre la sécurité et le développement. Autre principe mis en valeur, la nécessité pour toute approche ou stratégie extra-régionale concernant ces questions doit absolument prendre en compte et compléter celle mise en œuvre par les pays du Champ, loin de toute ingérence dans les affaires internes de ces entités nationales souveraines. La conférence d'Alger ayant porté ses fruits et l'étape présente de Bruxelles en étant une des résultantes, de même que l'intérêt tout particulier des Américains par rapport à ce processus, une autre conférence est programmée, baptisée Alger II pour en retenir l'esprit, bien qu'elle soit prévue pour se tenir au Mali ou au Niger, où les pays du champ se promettent d'y arriver autant avec l'UE qu'avec les USA, à des résultats concrets. Par ailleurs, cette conférence dite d'Alger devrait connaître un élargissement du cercle des participants, pour intégrer, selon le principe du déploiement concentrique, des pays comme le Tchad, la Libye, le Maroc, le Nigeria, la Tunisie et l'Egypte. Le calendrier politique étant ce qu'il est, il faut attendre que la reconstruction institutionnelle de ces pays se fasse pour associer à la lutte globale le terrorisme de nouveaux partenaires prêts à en découdre avec AQMI et à s'engager sur la voie du véritable développement.