Depuis que le Conseil national de transition libyen a annoncé l'imposition du visa d'entrée aux ressortissants algériens, marocains, égyptiens, syriens, soudanais, tchadiens et nigériens, rien ne va plus, semble-t-il, avec le voisin du Nord, la Tunisie, dont les ressortissants ne sont pas soumis pourtant à l'obligation d'un visa pour entrer en Libye. La belle affaire ! La montée des tensions et les incidents à la frontière tuniso-libyenne font que celle-ci est aujourd'hui simplement fermée. Des tentatives d'ouverture forcée de plusieurs points de passage par des groupes armés libyens sont quotidiennement constatées. On y parle d'un grand trafic d'armes. Les munitions tenant lieu pour les anciens rebelles libyens de monnaie d'échange pour se soigner ou prendre du bon temps. Les Tunisiens n'en ont que faire de ces voisins pour le moins turbulents. Même la voie aérienne est aujourd'hui fermée entre les deux pays. Le comportement arrogant des anciens rebelles libyens en Tunisie suscite actuellement les pires craintes des Tunisiens qui sont loin de se réjouir de la «bienveillance» affichée à leur égard par le CNT libyen. Au contraire, pour nombre de Tunisiens, le régime dérogatoire qui leur a été accordé par leurs voisins libyens ne peut être qu'un «cadeau empoisonné». Les haines longtemps refoulées refont désormais surface. Il y en a même qui évoquent des velléités expansionnistes de la nouvelle Libye sur la Tunisie. De quoi réveiller de vieux démons notamment l'affaire du plateau continental ainsi que le traité frontalier franco-libyen de 1955. En effet, les visées d'une politique extérieure libyenne expansionniste ne datent pas d'aujourd'hui et ne concernent pas uniquement le voisin du Nord mais aussi celui du Sud, comme la bande d'Aouzou annexée par le «guide» libyen en 1973. Plus grave encore : avec une nouvelle rivalité régionale dont le Maghreb s'en serait passé.