La grande diva de la Morna, Cesaria Evora, a tiré sa révérence, à Mindelo, sur l'île de Sao Vicente au Cap-Vert, suite à une insuffisance respiratoire et un œdème pulmonaire. Ses nombreux fans la savait souffrante mais ne désespéraient pas pour autant de la retrouver sur scène. Pourtant, Cesara Evoria avait mis fin à sa carrière en septembre dernier. Si les gens qui l'ont vue en avril dernier sur la scène parisienne du Grand Rex avaient constaté qu'elle était en pleine forme, lors de son tout récent voyage en France, elle était dans un état de faiblesse inquiétant. De nouveaux problèmes de santé ont fait suite à plusieurs interventions chirurgicales qu'elle a subies ces dernières années, dont une opération à cœur ouvert, en mai 2010. Les médecins qui se sont occupés de son suivi médical, lui avaient conseillé d'annuler sa prochaine tournée. La défunte avait décidé en accord avec son producteur et manager, José da Silva, de mettre fin de manière définitive à sa carrière, en renonçant à cette vie itinérante qui la mène aux quatre coins du monde, depuis ses grands débuts en 1991 sur la scène internationale. «Je n'ai pas de force, pas d'énergie. Je veux que vous disiez à mes fans : excusez-moi, mais maintenant, je dois me reposer. J'aurais voulu donner encore du plaisir à ceux qui m'ont suivie depuis si longtemps», avait déclaré Cesaria, qui souffrait depuis longtemps de problèmes de santé, pour justifier son retrait de la scène en septembre. Cesaria Evoria est née le 27 août 1941 dans une petite ville commerçante de São Vicente, l'une des îles du Cap-Vert où elle fait ses premiers pas, auprès de ses cinq frères et de sa mère, Dona Joana, cuisinière pour de riches blancs. Son père, Justino da Cruz Evora, musicien, disparaît prématurément quand elle a sept ans. Sa mère ne gagne pas assez pour nourrir les enfants. Afin d'aider sa mère financièrement, Cesaria décide à l'âge de 16 ans de chanter dans les bars et soirées privées. Elle gagne un peu d'argent en chantant de sa voix rauque des chansons tristes, sur l'amour, la pauvreté, la mer. Elle chante aussi dans la rue, le blues, la tristesse : la «sodade». Pendant dix ans, elle s'éclipse pour tenter de soigner les blessures de sa vie. En 1985, elle rencontre alors un homme qui sera son mentor et son producteur, le Franco-Capverdien José da Silva. Son destin est tracé. Et José lui offre de se produire à Paris. Le succès vient, lentement mais ne la quittera plus. Le grand public l'a découvre en 1992. Cette ancienne chanteuse des bars de Mindelo, ville principale de l'île de Sao Vicente et capitale culturelle de l'archipel goûte enfin à ses premiers grands succès, grâce à la parution cette année-là de son troisième album, Miss Perfumado, et de deux concerts triomphaux au Théâtre de la ville à Paris. «Un succès, certes tardif pour une chanteuse alors déjà âgée de 50 ans, mais qui ne s'était jamais démenti, se propageant à travers la planète au cours de tournées qui l'emmenèrent également dans la région, où elle s'était notamment produite dans le cadre du Jazz Festival de Tourcoing». Miss Perfumado connaît un grand succès en France et dans de nombreux pays non lusophones. En 2005, elle remporte le Grammy Award du meilleur album world music contemporain pour l'album Voz d'amor. Elle participe, cette même année, à l'album Gaïa pour la préservation de l'environnement, où elle interprète Jangadéro, composée par Alan Simon. Elle est surnommée la diva aux pieds nus car à chacun de ses passages sur la scène, elle se plaisait de se déchausser : un clin d'œil en direction des sans-abri, femmes et enfants pauvres de son pays. Pour rappel, la regrettée chanteuse Cesaria Evora s'est produite à deux reprises en Algérie, lors de deux concerts mémorables. La première fois, c'était dans les années 1990 au niveau de la salle Ibn Khaldoun, à Alger, la seconde fois, c'était lors de la tenue de la deuxième édition du Festival panafricain à Alger en 2009. Cesaria Evora a été nommée dans la catégorie Album de Musique du Monde, pour son dernier album Nha Sentimento. En 2009, elle se distingue par la Légion d'honneur. La diva a su, en l'espace de quelques années, conquérir, haut la main, les cœurs de milliers de fans, à travers le monde.