L'aide du contribuable américain aux banques et pays européens est écartée. La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Mme Christine Lagarde, a prévenu jeudi que «aucun pays n'était à l'abri de l'impact de la crise financière, appelant à une mobilisation internationale et à sa tête l'Union européenne d'où est parti le marasme». Cet appel de la chef du FMI ne correspond pas à l'approche des Etats-Unis dont le président de la Réserve Fédérale, Ben Bernanke, avait indiqué à des sénateurs républicains que «la Fed n'apporterait pas d'aide financière aux pays européens et aux institutions financières en difficulté». Il a avancé qu'il n'avait «ni l'intention ni l'autorité d'impliquer le contribuable américain à venir en aide aux banques et aux pays européens», a fait savoir un sénateur, précisant, toutefois, que le premier patron de la Banque centrale américaine s'était dit «très inquiet» si les pays européens ne réussissaient pas à résoudre leurs difficultés, car «cela pourrait affecter les Etats-Unis». Pour Mme Lagarde, qui s'exprimait lors d'une conférence au département d'Etat américain consacrée aux femmes et la politique publique, «ce n'est pas une crise qui sera réglée grâce aux initiatives d'un seul groupe de pays. Elle sera, espérons-le, résolue grâce à l'intervention de tous les pays, de toutes les régions et de toutes les catégories de pays». Selon sa vision: «Il n'y a pas d'économie dans le monde, qu'il s'agisse des pays à faible revenu, des marchés émergents, des pays à revenu intermédiaire ou des grandes économies avancées, qui sera à l'abri de la crise (...) qui connaît une escalade.» Dans ce sens, elle a plaidé pour un «soutien de la communauté internationale, à travers le FMI, en optant pour une responsabilité financière collective, une solidarité budgétaire et l'élément de partage du risque...» pour résoudre la crise de la dette de la zone euro. Sans quoi, a-t-elle averti, «le risque est celui d'une rétraction, d'une montée du protectionnisme, d'un isolement, ce qui est exactement les caractéristiques de la situation dans les années 30 et ce qui a suivi n'est pas vraiment ce que nous recherchons», a-t-elle expliqué en faisant allusion à la Seconde Guerre mondiale. Abordant les perspectives de l'économie mondiale, Mme Lagarde les a qualifiées d'«assez moroses» avec des révisions de la croissance à la baisse généralisées, des déficits plus élevés que prévu et des finances publiques précaires. La seule exception, selon elle, s'applique aux marchés émergents et aux économies asiatiques, qui étaient les plus durement touchés pendant la crise économique des années 1980-1990 mais qui avaient su, a-t-elle renchéri, prendre les mesures nécessaires pour remédier aux faiblesses de leur système bancaire. Cependant, a-t-elle estimé, ces mêmes pays devront contribuer à gérer la crise actuelle, si le monde veut surmonter les risques. Pour la patronne du FMI, «la zone euro est une union monétaire qui n'avait pas été correctement complétée par une union économique et budgétaire». Le FMI envisage de réviser à la baisse ses prévisions de croissance pour l'année 2012 par rapport à ses pronostics de septembre dernier en raison d'une reprise économique mondiale déséquilibrée combinée avec la crise européenne de la dette et les perturbations des marchés. Sur le plan mondial, le FMI avait déjà revu à la baisse, en septembre dernier, ses prévisions de croissance en tablant sur une croissance mondiale de 4% en 2012 contre les prévisions de juin dernier, de 4,5%.