A quelques jours de la fin de l'année 2011, le moment est favorable pour établir les bilans et étudier les perspectives ; après un constat plutôt optimiste de l'économie algérienne, c'est au tour du secteur des énergies et des mines de passer sous la loupe. Le secteur de l'énergie s'est mis au vert cette année avec le lancement du Programme national des énergies renouvelables (PNR), ce qui devra amplement répondre aux besoins internes en électricité tout en offrant une perspective d'exportation vers les pays européens durant les deux prochaines décennies. Cette importante démarche entreprise par le département de Youcef Yousfi, durant cette année, permettra de préserver pour quelques années de plus les réserves d'hydrocarbures. La volonté de l'Algérie à préserver ses ressources, notamment le gaz naturel qui se place en tête de liste des énergies les moins chères pour le consommateur, a été explicitement affichée par le président de la République lors d'une réunion tenue en août dernier avec le ministre de l'Energie et des Mines. Dans ce sens, le Conseil des ministres avait adopté, en février dernier, le PNR qui prévoit une production de 22 000 MW d'électricité solaire et éolienne, destinée au marché intérieur, en plus des 10 000 MW supplémentaires à exporter les 20 prochaines années. Ceci correspond à 40% de la production globale d'électricité d'ici 2030 et le double de la capacité actuelle du parc national de production d'électricité. Des investissements de l'ordre de 120 milliards de dollars, dont la moitié provenant du secteur public, sont nécessaires pour la même échéance afin d'atteindre cet objectif. Cette nouvelle politique énergétique sera soutenue par le développement d'une industrie locale de sous-traitance, devant ainsi permettre de créer pas moins de 100 000 emplois. Au total, 67 projets de centrales solaires photovoltaïques, solaires thermiques et éoliennes hybridées avec du gaz naturel ou du diesel réparties, dans le cadre de ce programme, sur une vingtaine de wilayas du sud, des Hauts-Plateaux et même du nord du pays sont ainsi appelées à relever le défi de faire basculer l'Algérie dans l'ère de l'énergie propre. La capacité installée globale de ces projets sera de 2 357 MW à l'horizon 2020. Notons que la filière solaire photovoltaïque s'est vu octroyer une part assez importante dans ce programme avec 27 projets totalisant une capacité globale de 638 MW, alors que le même nombre d'installations a été attribué pour la production d'électricité par l'hybridation entre le solaire, le diesel et les turbines à gaz destinée aux régions du Sud non-connectées au réseau national de distribution. L'éolien, à laquelle ont été dédiés 7 projets, totalisera une capacité de 260 MW dont la plus grande unité produira 50 MW et la plus petite 20 MW. Bien qu'il est essentiellement axé sur l'énergie solaire avec ses deux compartiments le photovoltaïque et le thermique, le PNR n'exclut pas d'autres filières comme la géothermie, sachant que l'Algérie dispose d'un important potentiel dans ce domaine, mais son exploitation nécessite une bonne visibilité technique et économique. Le Groupe Sonelgaz a été chargé d'entamer une étude destinée à évaluer ce potentiel et définir la rentabilité de son exploitation. Rappelons que le Groupe, qui possède déjà dans son portefeuille une centrale hybride (gaz-solaire) à Hassi R'mel (150 MW) et un projet de parc éolien de 10 MW à Adrar, s'est vu confier la mission de veiller à la réalisation de ce programme. D'ailleurs, pour la mise en œuvre de cet ambitieux programme, le gouvernement s'est engagé dans un vaste processus de coopération internationale, notamment avec les pays européens, à l'instar du mémorandum d'entente ayant été signé début décembre à Bruxelles entre Sonelgaz et l'entreprise allemande Desertec Initiative (Dii). Ce partenariat stratégique, scellé à l'issue de plusieurs mois de consultations entre l'Algérie et les initiateurs de Desertec, comprend le renforcement des échanges d'expertise technique, l'examen des voies et moyens pour l'accès aux marchés extérieurs et la promotion commune du développement des énergies renouvelables en Algérie et à l'international. A travers un investissement gigantesque avoisinant les 500 milliards d'euros, Desertec vise à créer d'ici 40 ans un vaste réseau d'installations éoliennes et solaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.