Les relations entre les deux voisins viennent de connaître une embellie jamais connue depuis au moins 42 ans. Pour nombre d'observateurs, cette embellie entre les deux pays revient surtout à la mobilisation de l'internationale islamiste qui veille au «parachèvement» des révolutions en cours. Avec l'insécurité ambiante en Libye, beaucoup se demandaient si la visite de Moncef Marzouki en Libye allait tenir ses promesses. En tout cas, le président provisoire tunisien s'est montré, à cette occasion, fort ambitieux s'agissant de la redynamisation du projet de l'Union du Maghreb arabe. Marzouki a révélé ainsi à Tripoli que ses prochaines visites seront pour l'Algérie et le Maroc afin de poursuivre ce noble objectif. Hasard du calendrier, le lendemain, le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci estimait, pour sa part, que le «printemps arabe» pouvait constituer une occasion historique pour promouvoir cet espace qui appartient d'abord aux peuples de la région. Marzouki a même indiqué que sa visite en Libye s'inscrivait dans le cadre de la mise en place du premier jalon d'une nouvelle forme de relations fondées sur un échange positif dans les différents domaines, particulièrement économique, politique, social et sécuritaire. Il faut savoir que pour aider leur pays voisin en proie à d'énormes difficultés économiques, les nouvelles autorités libyennes viennent d'annoncer le recrutement de 150 000 travailleurs tunisiens (qualifiés ou non) appelés à reconstruire une partie de l'infrastructure libyenne détruite lors des combats et des raids de l'Otan. Et ce n'est qu'un début ! Le président du conseil d'administration de la Chambre du commerce, de l'industrie et de l'agriculture de Benghazi, Salah Mabrouk Laâbidi, avait déclaré, il y a quelques jours, que la priorité pour recruter une main-d'oeuvre étrangère sera accordée à la Tunisie, un pays qui, selon lui, « a fortement soutenu la révolution libyenne». Plusieurs accords de coopération sont en cours de préparation par des hommes d'affaires tunisiens et libyens ainsi que des officiels des deux pays. Un accord a été conclu en marge de la visite de Marzouki qui vise à développer et faciliter la coopération dans les domaines du commerce et de l'investissement entre les deux pays voisins. Il s'agit également de mettre en place les moyens de communication efficients pour favoriser les échanges commerciaux, promouvoir l'investissement et encourager la réalisation de projets communs. L'accord recommande aussi un échange des bulletins, statistiques et données économiques entre les deux parties en vue de présenter les indicateurs de l'évolution économique et les opportunités d'investissement dans les deux pays, en plus de l'échange de visites et la participation aux foires internationales. Enfin, à l'issue de sa visite en Libye, Marzouki a donné une conférence de presse que les Tunisiens n'ont pu suivre que grâce aux images de la chaine satellitaire qatarie Al Jazeera qui en a obtenu l'exclusivité. Malgré la proximité et les liens qui unissent les deux pays, la télévision tunisienne n'a pu transmettre en direct les images du nouveau président. Un ratage qui n'est pas au goût de tout le monde en Tunisie. Loin s'en faut !